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PSA Vesoul, contre la fin des 35 heures

« Pas de travail sans salaire ! »

jeudi 14 juin 2018

Une attaque de portée nationale

Mercredi 16 mai, la CGT a révélé par tract le projet de PSA concernant le site de Vesoul, un site de pièces détachées (3 000 salariés) dans le départemental rural de Haute-Saône. PSA veut remettre en cause les 35 heures pour un passage à 37 h 45. Pour le 15 juin, PSA veut une signature des syndicats locaux (FO et CTFC y sont déjà favorables, et pèsent à eux deux 71 %).

Pour faire passer ce nouvel accord, PSA s’appuie sur les toutes nouvelles ordonnances Macron qui permettent de négocier entreprise par entreprise la durée du temps de travail hebdomadaire. Le but de PSA est ensuite d’étendre l’accord sur l’ensemble de son groupe. Évidemment le patronat regarde avec intérêt cette première tentative.

PSA commence son expérience à Vesoul car les élections viennent de s’y dérouler en avril, le syndicat CGT y est peu développé, le site n’a pas de forte tradition de lutte, et le groupe y fait planer la menace de fermeture depuis un moment.

PSA avec cet accord promet 5 % de gain de productivité pour mieux résister à la concurrence. Le temps de travail augmenterait de 7,8 %, le salaire de 2,8 % seulement. Cela correspondrait à 33 minutes supplémentaires par jour payées 12 minutes (les 37 h 45 seraient payées 36). Le taux horaire baisserait automatiquement et donc aussi les primes qui lui sont liées. Il n’y aurait plus de majoration de 25 % après 35 heures mais après 37 h 45. En quatre ans, 800 postes ont été supprimés sur ce site, mais ça ne suffit pas pour PSA. L’accord prévoit la disparition de 150 postes chaque année pendant les trois ans de durée de son application, c’est-à-dire 450 postes. En cas de refus pour le salarié de passer à 37 h 45, PSA pourra le licencier pour cause réelle et sérieuse.

Des lois Macron idéales à PSA, car pour se débarrasser des 35 heures, PSA n’a pas à justifier de difficulté. D’ailleurs le groupe ne s’est jamais aussi bien porté : record de 2,35 milliards d’euros de bénéfices en 2017 et 3,63 millions de véhicules vendus en 2017 (+ 15,2 % en un an), rachat d’Opel, etc.

Un coup de colère… qui s’organise

Le lendemain de la parution du tract CGT, le jeudi 17 mai, en équipe d’après-midi, un débrayage spontané a commencé, initié par des ouvrières du secteur Ferrage Peinture de Vesoul. Il a été rejoint par le secteur de la Couture puis celui du Magasin Nord. En tout une centaine de salariés a débrayé plus de trois heures en défilant dans l’usine. Beaucoup n’avaient jamais fait grève. Le vendredi 18 mai, PSA a fait intervenir ses cadres pour briser ce début de mobilisation, mais une trentaine de salariés ont tenu à débrayer. Mardi 22 mai, après le week-end de Pentecôte, une centaine ont à nouveau débrayé sur deux équipes à l’appel de la CGT. Il y a eu participation à la manifestation de la Fonction publique à Vesoul avec des Cégétistes de PSA Sochaux. Ces débrayages de Vesoul, dont le cri de ralliement est « Pas de travail sans salaire ! », ont eu lieu avec la participation de CDI comme d’intérimaires. Une pétition a été lancée par la CGT sur les autres sites PSA dans le but de renforcer la contestation sur Vesoul, de prévenir les autres salariés des autres sites de la même menace qui pèse sur eux [1] et de tenter de faire un front commun.

Histoire de faire du cinéma avec ses syndicats béni-oui-oui, PSA a proposé, le 29 mai, 3,1 % d’augmentation de salaires (cela fait 37 h 45 payées 36 h 06, pas de majoration entre 35 et 37 h 45, majoration de 33 % entre 37 h 45 et 42 h, 50 % entre 42 et 50 h). Et 75 embauches en CDI en trois ans… tout en maintenant les 450 suppressions de postes. L’objectif ultime de PSA reste surtout de créer une brèche, pour aller plus loin vers la semaine de base 40 heures, voire plus.

L’enjeu de la lutte est de taille. Si les patrons, après PSA, remettent en cause les 35 heures, cela entrainera bien sûr une dégradation des conditions de travail des salariés mais cela sera aussi une terrible machine à fabriquer des chômeurs. Car pourquoi embaucher ou maintenir des emplois quand les patrons peuvent juste augmenter le temps de travail pour pas grand-chose. De fait, des centaines de milliers d’emplois sont en jeu dans la lutte qui vient de commencer à PSA Vesoul. Et c’est toute la classe ouvrière qui est concernée.

1er juin 2018, Hersh RAY


[1En avril, à PSA Poissy, comme dans d’autres usines, le temps de présence dans l’entreprise a été augmenté. Les pauses ont été rallongées pour pouvoir être travaillées en cas de besoin de la direction (ce système s’appelle l’overtime). Une semaine d’équipe du matin de 6 jours (ce qui arrive souvent), c’était avant 42 heures travaillées avec 44 h 06 minutes de présence à l’usine. Maintenant c’est 42 h à 42 h 50 travaillées (avec 46 h de présence à l’usine). Si le projet soumis à Vesoul de rallonger la séance de 33 minutes était appliqué à Poissy, ce serait 45 ou plus de 46 heures travaillées, avec plus de 49 heures de présence. Une vraie galère sachant qu’il faut rajouter plus de 12 heures de trajet hebdomadaire pour beaucoup d’ouvriers.

Mots-clés Entreprises , PSA
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