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Guéguerre de concurrence, mais vraie guerre contre les peuples

lundi 14 mai 2018

La grenouille se croyait aussi grosse que le bœuf. Macron se flattait d’avoir tempéré Donald Trump en lui proposant une demi-mesure : réviser l’accord sur le nucléaire iranien, négocié par Obama, plutôt que de le déchirer purement et simplement… Échec ! Mardi dernier, le 8 mai, Trump a annoncé le retrait des États-Unis et la reprise des sanctions économiques contre l’Iran. Dans la foulée, le président américain y va de ses coups de pression pour que ses alliés d’Europe occidentale s’alignent sur sa politique. Et la guerre dans laquelle les interventions militaires des grandes puissances ont plongé depuis plus de 15 ans le Moyen-Orient monte encore d’un cran.

Dès le lendemain, Israël, se sentant les mains libres, a mené des frappes aériennes en Syrie contre des cibles présentées comme iraniennes. Nétanyahou, le Premier ministre israélien, mise sur la guerre pour détourner l’attention de la population israélienne de problèmes sociaux de plus en plus lourds et d’affaires de corruption.

Tout comme la prétendue menace que ferait peser sur la grande Amérique une éventuelle future arme nucléaire iranienne n’est qu’un prétexte de Trump pour justifier ses guerres. C’est du contrôle de la première région pétrolière du monde, le Moyen-Orient, qu’il s’agit. Et la population iranienne va une fois de plus être victime de tous ces jeux et retournements d’alliances entre grandes puissances et dictatures locales.

Elle a déjà subi de longues années d’un embargo imposé par les États-Unis et leurs alliés, dont la France, sous prétexte de mesures de rétorsion contre le régime islamiste après la chute, en 1979, de la dictature du Shah, amie de USA. Ce sont les plus pauvres qui ont subi l’inflation et les pénuries alimentaires, pas les dirigeants de la République islamique. L’accord sur le nucléaire entré en vigueur en janvier 2016, la fin progressive des sanctions économiques et la reprise des échanges commerciaux avec les pays d’Europe, ont suscité des espoirs parmi la population iranienne. Au moins celui d’un peu moins de chômage. Les manifestations contre le pouvoir en décembre et janvier derniers ont d’ailleurs été l’expression d’une première déception des travailleurs. Les bénéfices de la nouvelle situation économique n’étaient pas allés jusqu’à eux : toujours les prix élevés, le chômage et les fortes inégalités sociales. Mais à peine la porte entrouverte, elle est aussitôt refermée.

En Iran, en Syrie ou au Yémen, les populations civiles souffrent aussi de la rapacité des grandes puissances et de leurs rivalités. L’Arabie saoudite, grande alliée des Américains et dont Macron a reçu récemment en grande pompe le souverain à Paris, est une dictature tout aussi rétrograde que le régime iranien. Elle mène déjà à sa façon la guerre à l’Iran en ravageant un autre pays, le Yémen, où l’Iran soutient la rébellion houthiste.

Alors les modestes protestations des dirigeants européens, Macron en tête, contre la décision de Trump n’ont rien d’humanitaire. Il y a quelques semaines, Macron bombait le torse parce que son aviation avait envoyé, de concert avec Trump, des missiles sur la Syrie. La seule chose qui le gêne est que, pour les entreprises françaises, la décision des États-Unis est une douche froide. Depuis l’accord de 2015 sur le nucléaire, la France est redevenue un des principaux investisseurs étrangers en Iran. Des entreprises comme PSA, Renault, Total, Vinci et bien d’autres en ont profité. Les voilà aujourd’hui menacées par Trump de représailles économiques si elles n’appliquent pas, elles aussi, le boycott. Ne pleurons pas pour elles : elles pourront toujours continuer à vendre des armes, des Rafale, des vedettes à l’Égypte, l’Arabie Saoudite ou d’autres.

Rappelons-nous surtout que ce sont les mêmes qui là-bas se remplissent les poches sur le dos et le sang des peuples, et pour le compte desquels, ici, Macron et sa clique organisent la guerre sociale.

Mots-clés Donald Trump , Emmanuel Macron , Iran , Monde , Moyen Orient , USA