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Après la manifestation réussie du 23 septembre

La mobilisation ne gagnera pas à l’Assemblée, mais dans la grève !

jeudi 5 octobre 2017

Même si le chiffre de 150 000 participants est très largement gonflé, la manifestation de la France insoumise du 23 septembre a été une réussite, avec deux fois plus de monde que le 21 dans les rues de Paris. Deux chiffres difficilement comparables, certes, puisque, pour le 23, la France insoumise avait fait monter ses partisans de province. En tout cas, bien qu’organisée par Mélenchon seul – avec tous les calculs politiciens pour apparaître comme l’opposant public n°1 – elle est apparue à bien des travailleurs, des militants syndicaux, des jeunes, comme une nouvelle échéance dans la mobilisation contre la loi travail, non contradictoire avec les journées syndicales. Bien sûr, l’organisation de deux événements à deux jours d’écart a sans doute contribué à affaiblir la journée du 21 : certains se sont peut-être réservés pour le 23 sans avoir donc à faire grève. Mais beaucoup ont participé aux deux. Et si la réussite du 23 peut contribuer à regonfler le moral des militants qui s’y sont rendus, tant mieux.

« Résistance » ou « grève générale » ?

Le revers de la médaille est que, bien que les drapeaux français étaient moins omniprésents, les rassemblements de la France insoumise continuent de propager les illusions électorales et républicaines. À côté des pancartes sur la casse du code du travail, la réduction des APL ou le mépris social de Macron, d’autres déploraient un déni de démocratie, à commencer par la pancarte officielle « contre le coup d’État social ». Comme si les lois discutées et amendées au Parlement étaient plus favorables aux travailleurs. À moins qu’elles soient imposées par la lutte. Et comme si l’utilisation d’ordonnances était une nouveauté dans cette république bourgeoise.

Dans son meeting, place de la République, Mélenchon a préféré donner du « peuple français » plutôt que de proposer des objectifs pour la classe ouvrière. Il dénonce la « subversion de l’ordre public social républicain » par les ordonnances et s’est fait le défenseur d’un capitalisme bien français, reprochant la « vente de la France par appartement », c’est-à-dire des « industries de pointe de la patrie » (comme si c’est la « patrie » qui en tirait les dividendes !) à des groupes étrangers. Tout un langage républicard et patriotard destiné à canaliser la colère ouvrière. Loin d’en appeler à la grève générale (le mot d’ordre est « résistance », qui a l’avantage de ne rien dire des formes de la lutte), Mélenchon s’est carrément vanté d’être celui qui « porte la paix dans les relations sociales ».

« C’est pas au Parlement qu’on obtiendra satisfaction »

Fort de son succès, Mélenchon se pose en rassembleur de la gauche. Il s’affirme même prêt à se ranger derrière les organisations syndicales… pour une manifestation de soutien à ses députés lors du passage des ordonnances au Parlement ! Joli tour de passe-passe pour se poser en leader de la mobilisation et la ramener vers les institutions. Au moins, la conclusion du discours de République était claire : « au bout de la rue, souvent, il y a les élections ».

En l’absence d’un plan de bataille du côté des syndicats, Mélenchon apparaît comme celui qui propose un calendrier, avec ses « casserolades » samedi 30 septembre et une manifestation à un million sur les Champs-Élysées lors du passage à l’Assemblée. Mais il ne faudra pas compter sur lui pour construire la seule mobilisation capable de faire reculer le gouvernement : celle des grèves qui convergeraient, d’un véritable mouvement d’ensemble du monde du travail.

Les dizaines de milliers de manifestants qui sont descendus dans la rue le 12 et le 21 à l’appel des syndicats, le 23 à l’appel de Mélenchon montrent que nombreux sont ceux qui, en cette rentrée sociale sont décidés à ne pas laisser passer la nouvelle offensive patronale orchestrée par Macron. Mais pour que les travailleurs puissent gagner contre les multiples attaques en cours, le rôle des révolutionnaires est de contester la direction politique de la lutte à Mélenchon, pour qu’au bout de la rue se trouvent des perspectives et non des impasses.

24 septembre 2017, Maurice SPIRZ

Mots-clés Jean-Luc Mélenchon , La France insoumise , Politique