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Editorial

Paix européenne et guerre impérialiste

dimanche 14 novembre 2004

La paix, enfin, sur tout un continent qui ne l’avait jamais connue ! A l’heure où la construction de l’Union européenne est peut-être sur le point de faire un pas supplémentaire (et où en France il faut persuader le bon peuple de l’importance pour son avenir du référendum prochain) le thème est décliné sur tous les tons. Même ce 11 novembre aura rarement eu une tonalité aussi pacifiste pour rappeler l’immense boucherie qui, il y a près d’un siècle, a ensanglanté ce continent... et quelques autres, car l’Europe était alors partagée entre Etats qui eux-mêmes se partageaient le monde.

Oui, l’Europe est en paix. Pas depuis très longtemps d’ailleurs, si on veut bien ne pas oublier les guerres yougoslaves de la dernière décennies du siècle dernier. Et les chantres de l’impérialisme peuvent célébrer cette gigantesque entreprise de plusieurs grandes puissances mettant leurs ressources en commun pour établir une hyperpuissance économique mondiale sans qu’aucun coup de feu soit tiré.

Devenus pacifistes vraiment les impérialistes européens ? Adonnés uniquement à la compétition économique pour le plus grand développement de l’Europe et du monde ? Il faut pour le croire ne pas vouloir regarder plus loin que le bout de notre frontière.

Plus que jamais au contraire ce qui se passe dans le monde montre que le capitalisme c’est la guerre, que la domination économique est inextricablement mêlée à la domination militaire, qu’il n’y a pas d’exploitation sans troupes en armes pour l’imposer à ceux qui regimbent.

En fait il n’y a guère de puissance impérialiste, petite ou grande, qui ne soit actuellement en guerre, ouverte ou clandestine, pour défendre les intérêts de ses capitalistes. Les Américains en Irak et en Afghanistan où ils ont entraînés, avec la Grande-Bretagne et l’Italie, une partie des autres Etats européens. La France en Afrique et en particulier en Côte d’Ivoire. Israël en Palestine. La Russie en Tchétchénie. La Chine au Tibet ou sur ses confins.

Bien sûr alliances, mésalliances, disputes et réconciliations se succèdent. Comme d’habitude le guerrier inflexible dans la défense de son propre domaine, est partisan de la paix pour le champ du voisin. La France de Chirac étant l’exemple de l’hypocrisie qui règne en maître en cette matière, condamnant l’aventure états-unienne en Irak pour renforcer son corps expéditionnaire en Afrique.

Oui, le capitalisme porte toujours la guerre comme la nuée l’orage. Sinon la guerre des impérialistes entre eux comme hier, du moins la guerre des impérialistes au reste du monde aujourd’hui. Et demain...

Certes, que ce soit en Irak, en Palestine ou en Côte d’Ivoire les grandes puissances n’imposent pas si facilement leur domination. Heureusement, les opprimés n’acceptent pas l’oppression sans rendre des coups. Au point de pouvoir imposer un retrait des troupes américaines d’Irak, françaises d’Afrique, israéliennes de Cisjordanie ? C’est à souhaiter car rien n’est pire que la victoire des oppresseurs.

Pourtant une défaite de nos impérialismes ne serait pas une victoire des opprimés. Pour la bonne raison que ceux - fanatiques religieux, chefs de guerre, anciens ou futurs dictateurs - qui organisent aujourd’hui la résistance aux entreprises impérialistes n’aspirent qu’à devenir ou redevenir des oppresseurs des peuples dont ils se prétendent les représentants.

Une situation qui date d’un certain temps déjà, due à l’absence de tout mouvement ouvrier politique d’envergure, le seul qui pourrait représenter réellement les intérêts des opprimés. La construction du parti communiste révolutionnaire international, et d’abord ici, dans les pays impérialistes, est bien plus urgente que jamais.

14 novembre 2004

Mots-clés Europe , Impérialisme , Politique