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Ordonnances

Pas si sûr de lui !

lundi 3 juillet 2017

Faciliter les licenciements, limiter les délais de recours aux Prud’hommes, plafonner les indemnités accordées au salarié, institutionnaliser l’arbitraire patronal et ainsi de suite… Sans surprise, le projet autorisant le gouvernement à procéder par ordonnances est clairement dirigé contre les travailleurs. En revanche, le fait même que Macron recoure aux ordonnances, tout comme sa comédie du dialogue social, montre qu’il n’est pas sûr de son coup. Car se rêver en Roi Soleil discourant depuis Versailles ne suffit pas pour réussir à imposer les coups bas qu’il nous destine.

Macron veut donc poursuivre l’œuvre entamée depuis 40 ans par les gouvernements qui se sont succédé et qui, tous, ont empilé les mesures dérogatoires au code du travail favorables aux patrons… Car cela a commencé en 1977 sous Raymond Barre, avec de prétendus « stages » pour les jeunes payés de fait en dessous du SMIC, première « dérégulation » du travail. Un an plus tard, forts de ces premiers coups portés, les patrons licenciaient les travailleurs par dizaines de milliers, dans la sidérurgie et ses sous-traitants… Depuis, les attaques n’ont fait que s’amplifier, sous les gouvernements de droite comme de gauche. Sous Hollande comme sous les autres, avec Macron comme ministre de l’Économie.

Macron a obtenu sa majorité à l’Assemblée avec seulement 16,6 % des électeurs inscrits, dans un scrutin où il n’y a eu que 38,4 % de suffrages exprimés. Mais il se fiche que lui et ses députés aient été « mal élus » : au pouvoir, il compte imposer sa politique à tout le monde, en s’appuyant s’il le faut sur les flics et les juges… Comme l’ont fait Hollande et Valls, tout impopulaires qu’ils aient été.

Pourquoi les ordonnances ? Pour aller vite, dit-il. Par crainte des réactions, surtout, de ceux qui ont refusé de voter pour lui (près de 70 % parmi les salariés).

Le mensonge du « dialogue social »

S’il n’y avait que les dirigeants des confédérations syndicales, le gouvernement n’aurait pas à se faire trop de souci. CGC, UNSA ou CFDT ont, ces dernières années, habitué tout le monde à signer presque tout ce qu’on leur présente. Courtisé par le gouvernement, FO a déjà renoncé par avance à toute mobilisation.

La CGT est le seul syndicat à parler de mobilisation et à fixer une échéance pour le 12 septembre. Reste tout de même que la CGT accepte de cautionner le simulacre de concertation du gouvernement comme la décision de rencontrer les syndicats un par un. On est ainsi bien loin de renvoyer au gouvernement un message de combat…

Le gouvernement ne craint donc pas particulièrement les confédérations syndicales. Ce qu’il veut, c’est s’assurer la collaboration de leurs appareils dirigeants dans l’espoir de nous endormir et de nous priver de moyens de riposte.

Nous pouvons créer la surprise

Les mesures anti-ouvrières que préparent le gouvernement et le patronat sont évidentes. Mais ils ne peuvent pas mettre un flic et un juge derrière chaque travailleur. Et nous pouvons devenir leur pire cauchemar.

Ce qui nous manque, c’est de coordonner nos luttes, de nous convaincre de notre force… et de l’utiliser. Toutes ces dernières années ont été ponctuées de manifestations nombreuses, mais sans déboucher sur de vraies grèves, de celles qui se coordonnent et se généralisent ; de celles qui changent la situation politique et contraignent le gouvernement comme le patronat à céder de peur de tout perdre.

Elles ont au moins montré que la colère était là, et nombreux sont ceux qui ne veulent pas laisser passer tous ces reculs sociaux. Il faudra donc construire les conditions de nos succès, sans compter sur les dirigeants syndicaux qui jouent une autre partition. En ne comptant donc que sur nous-mêmes, sur nos capacités à nous coordonner, à faire converger nos revendications et nos luttes, et à donner des suites réelles aux simples journées d’action. C’est la seule chance de gagner.

Mots-clés Emmanuel Macron , Politique