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Chirac-Jospin : il va falloir les faire battre en retraite !

lundi 25 mars 2002

Il y a des promesses qui ressemblent plutôt à des menaces. La partie des programmes électoraux de Jospin-Chirac concer-nant les retraites n’est pas pour rassurer : les deux candidats, en parfait accord, préparent là-dessus une attaque massive. Leur premier objectif, c’est d’augmenter l’âge de départ : au nom de « l’équité public-privé » selon Chirac, ils veulent aligner la durée de cotisation des salariés du public sur ceux du privé, soit une augmentation de 37,5 ans à 40 ans. L’égalité par le bas, donc : il n’est pas question de commencer par ramener le privé au niveau du public, comme c’était le cas avant Balladur !

Mais les duettistes au pouvoir ne s’arrêtent pas là. Comme ils l’ont avoué dans une récente déclaration des chefs d’Etats euro-péens, ils visent une « augmentation progressive d’environ 5 ans de l’âge moyen de départ à la retraite d’ici 2010 ». Cette fois, ce n’est plus au nom de l’égalité, mais de « la liberté de choix pour l’âge de cessation d’activité » (Jospin). En clair : ceux qui vou-dront s’arrêter à 60 ans devront se contenter d’une retraite déri-soire ; les autres devront trimer jusqu’à 65 ou 70 ans.

Troisième angle d’attaque : l’introduction des fonds de pen-sion (« à la française », précise Chirac, sous le nom « d’épargne salariale » selon Jospin). Il s’agit de développer la retraite par capitalisation, donc un système à deux vitesses : une retraite de base de misère pour tous et, pour ceux qui en auront les moyens, un complément fourni par des fonds privés qu’il aura fallu en-graisser en cotisant toute sa vie. Si toutefois les gros actionnaires de ces fonds ne sont pas partis entre-temps avec la caisse : la récente affaire de la faillite d’Enron, dans laquelle des milliers de travailleurs américains ont vu leur retraite partir en fumée, en dit long sur les charmes de ce système.

Ces projets sur les retraites annoncent la couleur : les travail-leurs n’ont rien à attendre du vainqueur du duel Chirac-Jospin, quel qu’il soit. Et ce ne sont pas les déclarations ridicules d’un Jospin sur le fait qu’il n’y aura plus de SDF en 2007, mais qui n’interdit même pas les expulsions, qui feront illusion, pas plus que les promesses de baisse des impôts (pour les riches) d’un Chirac. Non, décidément, voter pour l’un de ces deux-là, ce serait voter contre notre camp.

La meilleure façon de leur dire que nous travailleurs ne sommes pas dupes, c’est le vote pour Arlette Laguiller. « Vote inutile », disent les différents partis de la gauche plurielle, du Parti socialiste au Parti communiste. Inutile pour eux, c’est cer-tain. Mais en quoi cette gauche gouvernementale a-t-elle été utile aux travailleurs, depuis cinq ans qu’elle est au pouvoir ? On n’a eu que trop le temps de le constater : généralisation de la flexibilité et dégradation des conditions de travail avec la loi dite des 35 heures, privatisations massives, complaisance vis-à-vis des plans de licenciements !

Bien sûr, ce n’est pas par le bulletin de vote que nous changerons les choses. Mais si de nombreuses voix se portent sur la candidature d’Arlette Laguiller, cela permettra non seulement à la colère du monde du travail de s’exprimer, mais aussi à tous ceux qui ne veulent pas se laisser faire, ni par le patronat, ni par un gouvernement quel qu’il soit, de se compter. Et plus nous serons nombreux à faire ce geste, plus ce sera un encouragement pour les luttes à venir, nécessaires.

Récemment, à la question d’un journaliste lui demandant pourquoi comme Premier ministre il n’avait pas appliqué son plan sur les retraites, Jospin a répondu qu’il n’avait pas voulu se retrouver dans la situation de Juppé en 1995, face à un mouve-ment de grève de dizaines de milliers de travailleurs. C’est bien de ça qu’ils ont peur. Et bien, ne les rassurons pas ; il faut préparer un nouveau « tous ensemble ». Et dans cette perspective, le vote pour Arlette LAGUILLER peut être le plus utile : il contribuera à préparer le seul tour qui comptera vraiment, le troisième tour social.