La stratégie de la direction de La Poste pour entraver une riposte générale aux réorganisations est assez simple : procéder bureau par bureau, ce qui rend difficile l’extension des grèves d’un bureau à l’autre. Mais, à Castanet-Tolosan, en périphérie toulousaine, les facteurs, se sont mis en grève le 8 avril pour dire non à la pause méridienne, à la réorganisation sacoche et à l’îlot. Sur une vingtaine de facteurs, une douzaine se sont mis en grève reconductible.
Ils ont tenu un piquet devant leur bureau et en ville pour s’adresser aux usagers. Ils ont aussi fait signer une pétition, organisé une caisse de grève et lancé un appel aux élus (qui ne se sont d’ailleurs pas trop mouillés). Ils se sont même rendus à la fête du NPA où ils ont pu échanger sur les perspectives de leur grève avec leur collègue postier Olivier Besancenot.
Enfin, plus important peut-être, ils ont essayé de s’adresser à leurs collègues des autres bureaux, qui vont subir des réorganisations dans peu de temps, pour tenter d’étendre la grève. Cela n’a pas eu les effets escomptés dans les bureaux toulousains, mais c’était en tout cas la voie à suivre pour faire peur à la direction. Lors de l’avant-dernière semaine, ils ont rejoint une soixantaine de collègues en grève des Hautes-Pyrénées devant la direction régionale et, lassés de l’absence de réponse, ont envahi le Comité technique. La réponse des cadres ? Pas un mot ni un regard, un mépris affiché... mais les jambes tremblaient sous les tables !
Ce silence face aux revendications, les grévistes s’y sont confrontés pendant toute la grève. Le directeur de Castanet n’a d’ailleurs pas hésité à se prendre une semaine de vacances alors que les grévistes entamaient leur quatrième semaine de grève. Mais, comme il a certainement demandé des infos tout du long, ça lui a sûrement pourri ses vacances...
Pour un si petit bureau, la détermination des grévistes est remarquable : ils n’ont rien voulu lâcher et sont restés en grève pendant 8 semaines ! La direction n’a pas arrêté de souffler le chaud et le froid, prétendant trouver une porte de sortie avant de remettre feuille blanche le lendemain. Cette « stratégie » de négociations quasi quotidiennes de la direction a, d’une certaine manière, réussi à bloquer les grévistes sur place. En effet, plus difficile d’être présent le matin devant les autres bureaux de leur plaque ou devant les bureaux de Toulouse qui vont bientôt subir des réorganisations. Se lier de bureau à bureau, avec l’idée de riposter ensemble aux prochaines attaques aurait fait bouger le rapport de force en faveur des grévistes, ne serait-ce qu’en inquiétant la direction.
La grève n’a pas été victorieuse. Mais les grévistes de Castanet ont le sentiment, justifié, d’avoir acquis une expérience de la lutte, des piquets, de la manière de s’adresser aux usagers et d’avoir noué de réels liens de solidarité entre eux – de même qu’ils ont réfléchi ensemble à la nécessité d’étendre les luttes, surtout pour les petits bureaux. Cette expérience-là, rien n’exclut qu’elle serve dans les mois qui viennent. Que la direction se le tienne pour dit !
Car, rien que dans la région, plusieurs grèves sont en cours : en Hautes-Pyrénées, dans le Gers, dans le Tarn-et-Garonne, ce sont des dizaines et des dizaines de facteurs qui font face aux mêmes réorganisations. De quoi avancer l’idée d’un mouvement d’ampleur, pour peu que les grévistes se coordonnent pour s’adresser à l’ensemble de leurs collègues, et que toutes ces luttes isolées se rejoignent dans un mouvement national pour contrecarrer ces attaques… nationales !
25 mai 2019, correspondantes
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