L’inflation a atteint un niveau si catastrophique au Venezuela que les billets imprimés quelques mois plus tôt ne valent plus rien. Les enfants s’amusent à jouer au marchand avec. Depuis 2008, la valeur du bolivar, la monnaie du pays, par rapport au dollar a perdu quatorze zéros. Le PIB a chuté de 70 % depuis 2013 et 94 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le salaire minimum est de l’ordre de deux dollars dans un pays où abondent les richesses pétrolières.
Face à cette situation, le gouvernement, après avoir annoncé la création du « bolivar fort » puis du « bolivar souverain », vient d’annoncer le lancement du « bolivar digital ». C’est-à-dire que toute transaction se réglera désormais par monnaie virtuelle, car réimprimer des billets à chaque dévaluation devenait impossible. On aurait tort de croire qu’une telle situation ne peut survenir qu’au Venezuela en raison de sa situation particulière, notamment des mesures prises par le gouvernement des États-Unis. Le Liban vit une crise du même genre. Et n’oublions pas que l’Allemagne, dans les années vingt, a connu aussi une inflation qui obligeait les entreprises à payer leurs salariés au jour le jour pour qu’ils aient de quoi acheter à manger. Le fonctionnement du capitalisme est si aberrant que ses crises peuvent jeter des populations entières dans la misère, y compris dans les pays qui semblent riches.
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