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Urgences hospitalières

Urgences de Lyon : rebelote !

Mis en ligne le 4 juin 2019 Convergences Entreprises

Le mouvement national des urgences a touché Lyon dès le 29 avril, avec la grève des urgences de l’hôpital de la Croix-Rousse, suivies par les urgences pédiatriques de l’hôpital Femme-Mère-Enfant (HFME), puis par Lyon Sud et enfin l’hôpital Édouard-Herriot (HEH). Il n’y a pas de fumée sans feu : l’an passé, les soignants des urgences de l’agglomération lyonnaise avaient déjà mené une grève de plusieurs mois. Une lutte qui avait porté des fruits, mais laissé un goût d’inachevé, car les quelques avancées obtenues n’ont fait que pallier, momentanément et de façon insuffisante, la difficulté des conditions de travail. Vu le contexte national de grève dans les services d’urgences, il était difficile de ne pas remettre le couvert bien que la grève n’ait pas encore retrouvé le dynamisme de l’an passé.

De janvier à mai 2018, quatre mois de lutte

Partie de l’hôpital Lyon Sud, elle s’était étendue aux autres hôpitaux des Hospices civils de Lyon (HCL), notamment Édouard-Herriot, Croix-Rousse, mais aussi à l’hôpital privé à but non lucratif Saint-Luc-saint-Joseph, et aux urgences psychiatriques du Vinatier (à Bron, l’une des communes de l’est lyonnais).

Un combat difficile en raison des assignations, mais rythmé par des actions fortes comme un « Die-in » devant l’Hôtel de ville de Lyon pour symboliser la mort de l’hôpital public. Grâce à leur ténacité, les grévistes ont obtenu des postes, comme à Édouard-Herriot où l’embauche de brancardiers a permis de soulager le personnel soignant [1]. À l’hôpital de la Croix-Rousse (au nord de Lyon), la grève avait duré jusqu’à l’automne, tout le service étant assigné et la direction renvoyant à plus tard les négociations, de semaine en semaine puis de mois en mois. Le personnel a finalement obtenu la création d’un poste d’infirmière nécessaire mais évidemment insuffisant, car le ratio soignants/patients est déjà inférieur à celui des autres services d’urgences de l’agglomération, eux-mêmes débordés ! Mais cette embauche s’est révélée n’être qu’une avance sur la nouvelle organisation des urgences, qui doivent bientôt ouvrir 24 heures sur 24. Une pilule difficile à avaler pour les grévistes !

Bien qu’elle ait permis d’arracher quelques postes, la grève de 2018 a donc aussi témoigné des limites d’un mouvement local qui peut permettre, pour un moment plus ou moins long, de soulager les services, mais qui ne résout pas les problèmes liés à l’austérité budgétaire et à la dégradation de l’offre de soins publique.

Un capital d’expérience… à réinvestir en 2019 !

Ce qu’ont apporté ces quatre mois (voire plus) de grève il y a un an, c’est aussi un capital d’expérience. Les grévistes avaient ainsi réussi dès le début à se coordonner et unir leurs forces pour être plus forts. Ils ont tenté de s’adresser aux autres services, se mettre en lien avec d’autres hôpitaux en lutte mais aussi avec les autres secteurs en lutte (Ehpad, cheminots, étudiants).

La grève actuelle pose le problème d’une façon différente, puisque d’ores et déjà le mouvement se coordonne à l’échelle nationale. Cependant, l’expérience de l’année passée se fait sentir et pourrait être remise à profit, les liens entre hôpitaux lyonnais existant déjà.

Les débuts de la grève actuelle

À la Croix-Rousse (où les urgences sont fermées la nuit), au premier jour de la grève, la direction a oublié d’assigner les grévistes. Qu’à cela ne tienne, les grévistes ont décidé un débrayage de quatre heures, ne venant pas à leur prise de poste mais seulement à midi. Pas d’ouverture des urgences lundi matin, les patients ont dû être redirigés vers d’autres hôpitaux. Une entrée fracassante dans la grève qui a fait parler les grévistes des urgences jusqu’à Paris.

À l’hôpital Femme-Mère-Enfant (HFME), pour l’instant seules les infirmières sont en grève. Dénonçant des conditions d’accueil déplorables des enfants, elles demandent des effectifs supplémentaires et une prime de 300 euros, s’inscrivant elles aussi dès le départ dans le mouvement national. Assignées, elles tentent de s’attaquer à l’image que veulent développer les Hospices civils de Lyon (HCL) pour être « attractifs » en détournant les images et les slogans de leur campagne de pub. Sur la page Facebook « Grève des urgences pédiatriques de Lyon, HFME  », la photo d’une infirmière souriante comporte ainsi cette légende : « Julie aime son travail, elle ne s’est fait insulter que 3 fois aujourd’hui ». Une mise en exergue de la réalité des conditions de travail à l’hôpital et du décalage avec le discours officiel des directions, appréciée par les grévistes de Lyon et d’ailleurs.

À Lyon Sud, reprenant les habitudes de l’an passé, les grévistes et la CGT ont distribué à l’entrée de l’hôpital un tract à destination de tout le personnel. Ils ont eu la surprise de voir arriver la police leur demandant d’arrêter sous prétexte de gêne à la circulation, avec menace d’être emmenés au poste. La direction ne semble pas sereine.

Visant à rassembler les différentes urgences en grève, un rassemblement a été organisé le 27 mai devant la direction générale des HCL. Quelques dizaines de personnes, pas encore assez, mais qui représentaient du moins divers hôpitaux, notamment Lyon Sud et Édouard-Herriot, où les grévistes ont pris, en 2018, l’habitude de se coordonner – et l’HFME, hôpital pédiatrique resté en dehors de la grève précédente. Une délégation a été reçue mais, sans surprise, la direction générale s’est contentée d’un discours plus ou moins méprisant sans avancées concrètes, renvoyant comme l’année passée les grévistes vers leurs directions locales. Les grévistes ne sont pas dupes ; la grève continue. Une première initiative qui devrait en inspirer d’autres, alors que deux syndicats de blouses blanches, FO et Sud, appellent à manifester avec les Gilets jaunes ce samedi 1er juin.

28 mai 2019, Correspondants

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