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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 89, septembre-octobre 2013

Une semaine de mobilisation dans tout le groupe PSA contre les accords compétitivité

Mis en ligne le 29 septembre 2013 Convergences Entreprises

Après une semaine forte en mobilisations diverses dans les différentes usines PSA contre les Accords compétitivité (pompeusement rebaptisés par la direction « Nouveau Contrat Social PSA »), 2 500 ouvriers débrayaient dans tout le groupe ce mercredi 18 septembre à l’appel de la CGT PSA. 600 à PSA Sochaux, 600 à Vesoul (sans compter les équipes de nuits sur ces deux sites), 470 à Poissy… Le reste à Mulhouse, Tremery, Valenciennes, Saint-Ouen et dans bien d’autres sites.

Recul de la direction

La fin de la semaine précédente – du 10 (journée de mobilisation nationale retraites, emplois, salaires) au 13 septembre – avait vu monter la colère. Les multiples débrayages dans tout le groupe, à Valenciennes, Sochaux, Poissy, Aulnay, mais surtout le débrayage à PSA Mulhouse de 850 ouvriers (du jamais vu sur ce site depuis 1989 !) à l’appel de la CFDT, CGT et CFTC le jour même des négociations (mercredi 11), avaient obligé la direction de PSA à faire marche arrière.

Renonçant à supprimer la prime de rentrée (187 €), la prime (PEG) pour les salariés de plus de 20 ans d’ancienneté et à baisser de 18 à 15 % la majoration de nuit, inquiète aussi de la contestation qui commençait, la direction a donc avancé la suite des réunions de négociation d’une semaine, au 18 septembre. La CGT appelait alors à des débrayages coordonnés dans toutes les usines du groupe ce même jour.

Retour sur une semaine chaude

Le 11 septembre à PSA Sochaux , lors d’une grand’messe organisée pour le lancement de la nouvelle 308 et présentation du fameux « Nouveau Contrat Social », le directeur du site Javier Varela Sobrado, se fait siffler et huer dans une salle de 4 000 salariés, certains brandissant des pancartes : « Varela, pas touche à ma paie, pas touche à mes droits ! ».

Jeudi 12, à PSA Vesoul , apprenant les premiers reculs de la direction, 300 salariés débrayent sans aucun préavis syndical, bloquant les entrées de leur établissement toute une matinée, forçant l’arrêt de l’usine.

Vendredi 13, à Sochaux , ils sont 370 à débrayer.

Le 13 encore, 250 ouvriers d’Aulnay se réunissent en Assemblée générale pour forcer la direction à tenir ses engagements (voir notre article sur Aulnay). Dans l’esprit de la direction, la fermeture d’Aulnay devait aussi avoir pour effet de faire pression sur les ouvriers des autres sites pour qu’ils acceptent ses quatre volontés, en particulier les accords de compétitivité. D’où l’importance d’un combat commun réunissant au même moment tous les ouvriers de PSA ensemble contre fermetures et accords répugnants.

Lundi 16, à PSA Tremery , près de 200 ouvriers arrêtent de travail, paralysant ainsi presque toute l’usine.

Le même jour, à PSA Poissy, des ouvriers du Montage débrayent, acclamés dans certains ateliers et bientôt rejoints par des ouvriers et ouvrières d’autres secteurs : en tout, 120 salariés débrayent pendant 2 heures pour des prises de paroles, discuter avec leurs collègues d’autres bâtiments et préparer le débrayage coordonné du 18.

Mais la direction maintient le pire.

  • La direction rabâche qu’il n’y aura pas de baisses de salaires, tout en voulant les geler jusqu’en 2016 pour tous les salariés du groupe. Elle promet un intéressement égal pour tous en 2015. Mais se garde bien de fixer le moindre montant. Si les salaires de base ne bougeront pas, le salaire réel lui s’effondrera : à coups de baisse de la majoration des heures sup et samedis travaillés, de fin d’APLD, de baisse de prime d’ancienneté, de réduction de l’ACCAC [1].
  • Alors qu’heures supplémentaires et samedis travaillés se multiplient dans tous les sites pour les uns, la direction voudrait baisser leur majoration de 45 à 25 %.
  • Alors que les journées de chômage partiel, se multiplient pour les autres (qui sont souvent les mêmes), l’indemnisation est déjà passée de 75 à 70 % du salaire brut : au lieu de perdre environ 8 € pour une journée, un ouvrier en perdra près de 13 € minimum (pour un salaire de base). Tout cela alors qu’État et Assedic maintiennent le même financement du chômage partiel (7,23 € de l’heure) et que PSA pourra donc tranquillement empocher la différence.
  • Sur sa lancée, la direction voudrait faire entrer toutes les heures supplémentaires, samedis travaillés compris, mais aussi les heures de chômage partiel dans un « compteur de modulation » annualisé (qui varie de – 5 jours à + 5 jours), de sorte que toutes les heures de la zone de modulation deviennent « collectives », et donc non payées. Pour deux samedis travaillés dans le mois, un salarié qui gagnait 1 600 € (80 € par jour) avait donc 152 € de plus sur sa paie à la fin du mois. Désormais c’est 152 € qui manqueront sur la paie. Il n’y aura plus de limites aux samedis gratuits, et la majoration de (désormais) 25 % ne sera payée (en fin de mois) que si l’on sort de la zone de modulation ou si le solde d’heure supplémentaire en fin d’année dépasse + 3 jours. Du coup, si on fait le calcul, les samedis qui étaient payés auparavant à 145 %, ne le seront plus dans ce cas là qu’à 25 % % (seule la majoration sera payée, pas la journée… qui ira dans le compteur). Les ouvriers paieront une bonne partie de leur chômage partiel par des heures sup gratuites, et l’autre partie ne sera indemnisée qu’à 70 % (au lieu de 75 %).
  • Le « Nouveau Contrat Social PSA », prévoit aussi les mutations forcées entre établissements, sous peine de licenciement, et pour tous, des « prêts de personnel » n’importe où en France « lorsque les caractéristiques de l’activité le nécessitent ».
  • La direction prévoit encore d’introduire l’« overtime » (les heures supplémentaires annoncées au dernier moment) dans les usines. Elle veut pouvoir disposer de 6 des 11 jours de RTT qui appartiennent aux salariés « en journée » (ceux qui ne sont pas en équipe) pour les mettre en congés forcés quand la production l’exigera. Les jours restant à leur disposition devront être pris avant la fin de l’année, sinon seront perdus.

« La force des travailleurs, c’est la grève ! »

Ceux qui se sont mobilisés ce mercredi 18 septembre l’ont fait malgré les menaces de la direction colportées par certains chefs : « Demain la CGT appelle à la grève alors que le groupe va très mal ». Dur à entendre alors que PSA vient d’augmenter cette année son fonds propre de 11 à 12 milliards. « Ceux qui vous appellent à débrayer sont ceux qui ont fait fermer Aulnay ». Comme si les accords compétitivité avaient empêché 350 nouvelles suppressions de postes en juin dernier là où ils sont déjà en vigueur : à PSA Sevelnord. Comme le rapporte le journal La Tribune du 10 septembre, Varin lui-même n’exclut d’ailleurs pas une nouvelle fermeture de lignes, voire de sites de production pour ajuster les capacités du groupe.

Mais les grévistes du 18 l’ont été aussi contre l’avis et parfois les efforts des certains syndicats, qui ont milité contre la mobilisation. Dans beaucoup de sites, des dizaines de syndiqués FO ont débrayé le 18 mais, dans certaines usines (à Poissy par exemple), ça a été malgré la menace d’exclusion de leur syndicat. À PSA Valenciennes, le syndicat FO a multiplié les provocations physiques contre les militants CGT, sous l’œil bienveillant de la direction prête à en faire porter la responsabilité sur ces derniers. Alors que, nationalement, FO n’a pourtant pas signé les accords de compétitivité, à PSA beaucoup de sections FO se sont faites les relais des menaces patronales. Si, à PSA Sochaux, la CFDT a appelé au 18 avec la CGT, à Mulhouse, la CFDT (qui avait pourtant appelé à débrayer le 11) a ramé contre, comme FO, sous prétexte qu’il fallait attendre les propositions de la direction et laisser faire la négociation, pourtant significativement infléchie le 11… par la mobilisation du site de Mulhouse.

Si, à l’heure où nous écrivons, la direction n’a encore cédé sur rien de plus, les ouvriers de PSA ont montré leur force et surtout n’ont pas dit leur dernier mot. Car il en faudra bien plus pour faire ravaler ses accords à la direction et lui faire tenir ses engagements à Aulnay. Mais, bien que la mobilisation de ce 18 septembre n’ait pas encore significativement dépassé les groupes militants les plus combattifs, la colère pourrait bien exploser à une bien plus large échelle, comme la semaine dernière à Mulhouse ou à Vesoul, dans tout le groupe PSA, voire au-delà, où les accords compétitivités menacent ou sont déjà en vigueur.

Le 19 septembre 2013

Léo BASERLI


[1APLD : indemnisation de l’Activité partielle de longue durée ACCAC (Assurance collective contre les aléas de carrière), devant se traduire par une compensation dégressive de la perte de prime en cas de changement d’horaire, notamment, pour ceux qui passent de l’équipe de nuit en équipe journée. La direction veut la voir passer de 36 à 18 mois.

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