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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 115, novembre 2017

PSA Poissy

Un serrage de vis… qui pourrait déboucher sur un retour de manivelle

Mis en ligne le 7 novembre 2017 Convergences Entreprises

En 2017, l’offensive de la direction de PSA Poissy a passé un nouveau cap. De 2017 à 2018, la production doit baisser de 30 %, voire plus. En avril 2018, la cadence passera de 55 à 38 véhicules par heure. Pour la direction, dans cette usine de 5 000 salariés, il y en aurait des centaines en trop. Il s’agit donc pour elle de les pousser vers la sortie à coup de pressions et d’humiliations.

Sa nouvelle cible : les toilettes !

Depuis septembre, la direction interdit d’aller aux WC en dehors des temps de pause. En cas d’urgence il faut faire signer un bon de circulation à son supérieur, ensuite le chef note sur un tableau en bord de ligne le score des déplacements aux WC par équipe. Les retards de quelques secondes ou les écarts de conduite (genre pause fumeur) sont soumis à sanctions. Par ailleurs, les salariés en restrictions médicales (autour de 400 sur le site) sont mis sur des postes plus difficiles. Et les sanctions tombent vite, par exemple deux jours de mise à pied pour un ouvrier qui a tenté de se suicider devant ses collègues : selon la direction, il a eu le tort de les détourner de leur travail.

Les réactions ne se sont pas faites attendre : début septembre, une quinzaine d’ouvriers du Ferrage ont débrayé en équipe de nuit pendant plus de deux heures. Après le briefing d’intimidation qui annonçait les restrictions sur les toilettes, des chefs se sont permis de parader et de se moquer des ouvriers. Ça a déclenché un débrayage, les chefs auraient mieux fait de se taire. Le hiérarchique du secteur de jour a dû revenir à l’usine en urgence. Une occasion pour les ouvriers de dire ce qu’ils pensaient des chefs qui glandent toute la nuit, se font des bouffes interminables, et refusent d’aider les ouvriers en difficulté. Quelques jours plus tard, 80 ouvriers ont défilé au Montage pour le droit d’aller au WC.

La direction contre ceux qu’elle appelle les « radicalisés »

Ces derniers temps, la direction s’est acharnée sur la CGT, en parallèle des habituelles mises à pied qui pleuvent sur les syndiqués (61 jours de mise à pied en un an pour une quinzaine de militants CGT). Les faux témoignages des cadres vont bon train et les sanctions se multiplient. Il y a eu en janvier le licenciement révoltant d’un CGTiste, en juillet la condamnation du secrétaire du syndicat CGT Farid Borsali à six mois de prison avec sursis et 2 600 euros d’amende pour violence imaginaire, en novembre neuf autres militants CGT passeront au tribunal pour une séquestration fictive de 17 minutes (en réalité un banal entretien avec un chef pour défendre un salarié en restriction médicale, ce qui leur a valu de faire neuf heures de garde à vue chacun) [1].

Attaques 7 jours sur 7, 24 heures sur 24

Cette année la grande majorité des samedis matin et dimanches soir ont été travaillés. Pour la plupart ce sont des samedis obligatoires et gratuits (avec un système de compteur de modulation géré par le patron, qui permet de ne plus payer les heures sup). Jusqu’en septembre, les dimanches soir étaient encore au « volontariat » (rebaptisé « forçariat » par les ouvriers) et payés intégralement. Depuis septembre, les dimanches soir sont obligatoires et une portion est devenue gratuite avec le système de compteur de modulation.

La direction prépare en ce moment le démembrement de l’équipe de nuit pour en faire une nouvelle qui lui conviendrait mieux (comme le prévoit le dernier accord de groupe pour la compétitivité : temps partiel à 28h30 sur 5 jours avec -20 % du salaire, c’est-à-dire une perte de 350 à 400 euros). Aucune date n’a été clairement annoncée, laissant planer la menace. Pour l’instant elle a juste officialisé la suspension de l’équipe de nuit pendant 3 semaines en novembre. Les salariés n’ont été mis au courant de leur passage en équipe du matin ou équipe d’après-midi que 15 jours avant. Un délai qui pose des problèmes de réorganisation radicale de vie privée (transport et garde d’enfant…), le but de la manœuvre est d’écœurer les ouvriers de nuit. Fin novembre ils devront signer un avenant renouvelable trois mois à leur contrat de travail pour revenir en nuit, ce qui les prépare un de ces jours à passer au contrat à 28 h 30.

Face à ces attaques, les ouvriers ont répondu par plusieurs débrayages ponctuels Depuis septembre : 60 caristes ont débrayé un dimanche soir contre la gratuité du travail le dimanche. Tout récemment une trentaine de salariés de l’emboutissage ont fait 45 minutes de grève pour obtenir avec succès que le prochain samedi travaillé soit payé.

Les réactions ouvrières existent, mais elles sont pour l’instant éparpillées et limitées. Mais les occasions de révolte contagieuse s’accumulent. De quoi être particulièrement sur la brèche.

26 octobre 2017, Hersh RAY


Un vent de révolte souffle chez les intérimaires du Groupe PSA

Il y a près de 8 000 travailleurs intérimaires dans toutes les usines PSA en France. Partout, les intérimaires ont les plus bas salaires et tiennent les postes les plus durs. Pour beaucoup, ça ne peut plus durer.

À PSA Rennes les arrêts de production, dus à des pannes, à des défauts de fournisseurs ou simplement à l’incompétence de la direction, entraînent des retraits sur les fiches de paye des intérimaires.

Au Montage de PSA Rennes, jeudi 19 octobre, 70 intérimaires (et une dizaine de CDI) ont fait grève avec une vingtaine de CDI pour revendiquer une augmentation des salaires. Ils ont réussi à faire arrêter le Montage. Une pétition à leur initiative a rapidement rassemblé plus de 200 signatures. Ils ont défilé dans l’usine pour s’adresser à leurs collègues. Dès le lendemain, ils ont recommencé leur grève, avec l’aide d’ouvriers en CDI, se sont réunis en assemblée générale, se sont adressés aux équipes successives et ont reconduit la grève le lendemain. La veille de la grève, PSA, inquiet, leur avait déjà cédé une meilleure reconnaissance de leurs qualifications (pour certains, cela fera 30 euros bruts de plus par mois). Ils auront dans 6 mois une valorisation que les CDI n’obtiennent en général qu’en 8 ans.

Comme dans toutes les usines du groupe, la direction de PSA et les boîtes d’intérim tripatouillent les fiches de paye à leur guise (retard de paiement, heures sup non payées, etc.). Les intérimaires ont mille fois raison de s’organiser pour faire connaître à tous les pratiques de voyous de leurs patrons et de PSA.

H. R.


[1Un rassemblement de soutien à lieu à Versailles devant le tribunal correctionnel de Versailles le 16 novembre prochain pour leur comparution.

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