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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 122, novembre 2018

Un ministre qui sait lire, écrire et compter… sur l’armée

Mis en ligne le 13 novembre 2018 Convergences Politique

Jean-Michel Blanquer aime à le répéter… c’est « un nostalgique de l’école d’autrefois qui apprenait à lire, écrire et compter  ». Ces dernières semaines, sa nostalgie semble l’avoir emporté jusqu’à l’époque glorieuse de Napoléon Ier où les lycées étaient des institutions militaires ! En effet, suite à la vidéo choquante montrant une enseignante d’un lycée de Créteil braquée en classe par l’un de ses élèves, le ministre s’est fendu de quelques brillantes propositions pédagogiques : il propose par exemple, de pair avec son collègue de l’Intérieur, de faire entrer policiers et gendarmes dans les établissements scolaires des « quartiers les plus difficiles  ».

En attendant, les « poly-exclus  » seront en bout de course attendus dans des « structures dédiées  » encadrées « par de jeunes retraités de l’armée  ». En clair, ils seront expédiés dans des « maisons de correction »… militaires. Il est douteux que ce soit dans ce genre d’établissement que les élèves difficiles puissent apprendre à lire, écrire et compter, comme le prétend Blanquer.

On peut toujours se demander si le ministère, après avoir supprimé des milliers de postes d’enseignants ou de surveillants ces dernières années (1 800 encore annoncés cette année), pense réellement que quelques policiers et gendarmes isolés dans les lycées surpeuplés des quartiers populaires pourront aider à réduire les violences scolaires. À moins que cela fasse partie des campagnes de recrutement de l’armée de terre ? En tout cas, cette mesure, qui est en phase d’expérimentation au lycée Utrillo de Stains, se heurte déjà à la résistance… des enseignants ! Ceux-ci refusent de reconnaître comme « proviseur adjoint » l’officier de gendarmerie qu’on entend leur imposer. 

3 novembre 2018, Étienne Bridel


« L’école publique ne sera jamais l’antichambre du commissariat »

Extraits de la déclaration du personnel du lycée Utrillo de Stains (Seine-Saint-Denis) [1]

« Dans notre établissement de 1 250 élèves et étudiants, à la rentrée, manquaient deux CPE sur quatre et plusieurs enseignants (de sciences économiques et sociales, de mathématiques, de vente, d’anglais). Nous ne pouvons plus dispenser de cours de théâtre ou d’histoire des arts aux classes de seconde. […] À cette même rentrée, nous apprenions pourtant la création d’un poste sur mesure : celui de proviseur adjoint chargé de la sécurité. […] Ce poste, jamais demandé ni par les personnels ni par les parents d’élèves, sera occupé, nous dit-on, par un chef d’escadron dans la gendarmerie en détachement. Ce dernier […] est habilité à prendre sans concours des fonctions de proviseur adjoint. […] Comment un gendarme pourra-t-il enrayer ces violences ? […] Quelles solutions pédagogiques apportera-t-il aux élèves, aux professeurs ? Quelles seront ses missions précises ? Quels liens entretiendra-t-il avec la préfecture ? Qu’adviendra-t-il, enfin, de nos élèves en situation irrégulière ? Nous ne reconnaissons pas l’autorité de ce nouveau proviseur adjoint comme nous ne reconnaîtrons jamais, dans l’enceinte d’une école, l’autorité d’un gendarme sur un enseignant, sur un CPE, sur un assistant d’éducation ou sur un élève. »

Les personnels militants du lycée Maurice-Utrillo, Stains


[1Se reporter à leur communiqué de presse : https://creteil.snes.edu/Communique-de-presse-des-personnels-du-lycee-Maurice-Utrillo-Stains-93.html On trouvera le texte complet de leur déclaration sur le site du Bondyblog : https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/lecole-publique-ne-sera-jamais-lantichambre-du-commissariat/ Et également sur le site de Mediapart : https://blogs.mediapart.fr/yvan-najiels/blog/301018/pas-de-policiers-dans-les-ecoles

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Numéro 122, novembre 2018

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