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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 46, juillet-août 2006

Un livre : Chômage, des secrets bien gardés

Mis en ligne le 28 juin 2006 Convergences Culture

de Fabienne Brutus

Chômage, des secrets bien gardés

Éd. Jean-Claude Gawsewitch, 18,90 €


À l’annonce de la baisse du chômage, son « poil d’agent ANPE se hérisse », écrit cette employée, qui vient de publier un livre en forme de réquisitoire contre l’ANPE. Où elle met en pièces systématiquement toute la propagande gouvernementale.

Tout d’abord, les chiffres : les annonces du gouvernement, reprises sans réserve par la plupart des médias, font état d’un chômage passé officiellement au dessous de 10 % de la population active. Complètement faux rétorque Fabienne Brutus. Qui dénombre elle, 5 millions de chômeurs, soit 19 % de la population active. Arguments à l’appui, elle passe en revue toutes les manières de faire sortir les chômeurs des comptes. L’épuration statistique sous toutes ses facettes !

Elle égratigne ensuite le mythe des prétendues 300 000 offres refusées par des demandeurs d’emploi, avant de dénoncer les conditions de travail des conseillers de l’agence - 15 % des salariés de l’ANPE sont des précaires - qui, pour beaucoup, souffrent du travail de flicage qu’on leur fait faire. « Aucun conseiller ne suggère à ses enfants de travailler au même endroit que lui, cette attitude doit bien cacher quelque chose ! », remarque-t-elle amèrement. Détaillant une de ses journées, elle brosse un portrait touchant des chômeurs qui passent à l’agence, décrivant sa colère et son impuissance devant les consignes destinées à les rayer des statistiques. Ainsi, conseille-t-elle à voix basse - car les agents de l’ANPE sont surveillés - à un bénévole qui a créé une association de taire son bénévolat, interdit aux indemnisés ! Elle enrage de devoir refuser à tel autre une formation qui aurait pourtant été utile, parce que les fonds ont été coupés.

Pour Fabienne Brutus il devient « impossible de suivre une formation lorsqu’on est chômeur, pourquoi ? Parce que les stages sont créés et financés en fonction des besoins du patronat. Seules subsistent les formations menant aux métiers dits en tension. » La profession d’infirmier est ainsi quasiment inaccessible à un chômeur car la préparation au concours n’est pas prise en charge. En passant, elle tord le cou au « droit individuel à la formation », tant vanté par le gouvernement et présenté comme une avancée sociale. Il permet de s’absenter de son entreprise durant... vingt heures par an !

Tous les aspects de l’Agence sont ainsi passés au crible.

Les conseillers ont des consignes claires : l’ANPE doit recaser, coûte que coûte. Qu’importe si les emplois sont précaires, voire fictifs. « On est dans une logique d’abattage pour mettre de bons chiffres dans des cases. »

Les économies de bouts de chandelle sont monnaie courante : « Il est arrivé que le photocopieur soit retiré, au motif d’un budget papier trop élevé. Après avoir dépensé 2,4 millions d’euros pour changer le logo, il faut savoir faire des économies », constate-t-elle !

Les cabinets de placement privés, parés de toutes les vertus par le gouvernement, sont remis à leur juste place, parasites s’engraissant sur le dos des chômeurs.

Un petit livre mais qui, par tout ce qu’il dénonce à l’aide d’arguments chiffrés, est précieux.

Laurence VINON

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