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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 137, mars 2021 > DOSSIER : Il y a 150 ans, la Commune

DOSSIER : Il y a 150 ans, la Commune

Un extrait des Mémoires d’un communard de Jean Allemane

Mis en ligne le 6 avril 2021 Convergences

Jean Allemane, dans son livre, Mémoires d’un communard, raconte le déroulement d’une perquisition dans la maison des sœurs de la rue Saint-Jacques qu’il a menée avec l’aide du comité des femmes socialistes. Voici l’extrait de son récit portant sur cette anecdote :

Mis en garde par certaines manœuvres de ces bonnes dames, j’avais prié quelques citoyennes du Comité socialiste de m’accompagner et placé des gardes nationaux aux portes avec ordre de ne laisser sortir personne. Ces précautions prises, nous pénétrâmes dans l’établissement qui appartenait à la Ville mais que, comme tant d’autres, on avait depuis longtemps livré aux congréganistes, lesquels en avaient fait un ouvroir […]

À l’entrée, nous trouvâmes une trentaine de jeunes personnes et quelques sœurs ; elles me parurent quelque peu inquiètes, presque apeurées. Je saluai et suivis la sœur économe, qui, déjà, gravissait les premières marches d’un escalier conduisant au dortoir, situé au premier étage. Au tournant de l’escalier je jetai un rapide regard sur la cour et je vis que les jeunes filles et les sœurs se dirigeaient hâtivement vers la sortie. Quoique soupçonnant une manœuvre délictueuse, je n’en fis rien paraître. Après le dortoir, ce fut le tour de l’atelier de couture, du réfectoire, de la pharmacie ; mais, comme je n’entendais aucun bruit et qu’un vague sourire errait sur les lèvres pâles de mon interlocutrice, je lui dis doucement : Ne pensez-vous pas, Madame, qu’il serait temps d’aller voir ce que sont devenues les jeunes filles ? Et je me dirigeai vers la cour. La sœur dut faire de même ; mais à peine étions-nous avancés de quelques pas que nous perçûmes un bruit de voix où se mêlaient des sanglots. Je me retournai vers la sœur économe : son visage était livide. Elle fit mine de vouloir revenir sur ses pas ; je la priai de n’en rien faire. Nous arrivâmes près de la porte principale, où se trouvaient deux vastes salles. Dans la salle du fond se voyait un entassement de linge de toute sorte ; de nombreuses orphelines, arrêtées et fouillées au passage par des citoyennes du Comité, pleuraient. La sœur économe, comprenant que je m’étais moqué de sa ruse, demeurait sans voix devant ce spectacle inattendu ; elle s’en fut, néanmoins, retrouver ses compagnes, confondues, rageant d’être prises en flagrant délit de vol.

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