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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 60, novembre-décembre 2008

USA : Barack Obama est élu et le changement… à venir !

Mis en ligne le 2 décembre 2008 Convergences Monde

La victoire de Barack Obama a été célébrée dans de nombreux quartiers populaires partout aux USA. Les gens criaient depuis leur fenêtre, descendaient dans les rues en tapant sur des casseroles et en scandant le nom d’Obama. Dans la plupart des grandes villes, la fête a duré toute la nuit. Au matin, les journaux ont été vite épuisés, chacun voulant conserver des exemplaires devenus objets de collection. Et il semble que l’ivresse doive continuer jusqu’à sa prise de poste en janvier et probablement au-delà.

La raison de ces réjouissances est le fait qu’un Noir américain a été élu Président des USA. Le racisme est encore extrêmement présent et violent dans la société américaine. C’est une bataille quotidienne dans la vie des Noirs et des membres des minorités. Et l’élection d’Obama est une victoire partielle contre ce racisme. Beaucoup d’électeurs âgés ont voté pour la première fois simplement pour pouvoir voter pour un Noir. Beaucoup de ceux qui ont voté pour Obama ont vécu et participé au mouvement pour les Droits civiques dans les années 1960, des luttes dans lesquelles Noirs et Blancs ont risqué leur vie pour combattre un racisme profondément installé aux USA. Pour ceux-là, cette période reste celle de l’expérience de la brutalité quotidienne, des lynchages, attentats, assassinats, incendies de maisons, attaques par des chiens. Qu’au cours de la même vie, ils aient pu élire le premier président Noir américain, c’est quelque chose que beaucoup pensaient impossible. Le choc a fait couler bien des larmes de joie et suscité un sentiment de fierté et de satisfaction dans une large part de la population.

Mais la victoire d’Obama est aussi le résultat de l’exaspération vis-à-vis de l’administration Bush. Durant les huit dernières années, la population a dû subir le poids de deux guerres qui ont épuisé le budget fédéral créant un déficit record et réduisant les services publics dans presque tous les secteurs. Le chômage n’a cessé de grimper, même avant la crise économique récente. Les libertés civiques, protégeant les individus de l’intrusion du gouvernement dans leurs vies privées, ont reculé. Et maintenant nous traversons la pire crise financière depuis la grande dépression. L’administration Bush apparaît comme responsable de tous ces problèmes rencontrés par les USA.

Comment l’élu du peuple et des bourgeois…

La campagne d’Obama s’est habilement faite derrière ce slogan, le « changement ». Pour beaucoup, voter Obama c’était voter contre la guerre en Irak, ou pour plus d’emplois, ou pour une meilleure couverture santé, ou pour plus d’énergies renouvelables, ou pour l’amélioration du système éducatif.

Alors que la campagne d’Obama était basée sur les espoirs et les aspirations populaires à une amélioration, celle de McCain a vainement tenté de se fonder sur la peur et l’intimidation. Tout ce qu’il a pu offrir, c’était de craindre une présidence de Barack Obama, la politique fiscale d’Obama, ses projets de politique étrangère, etc. Cette stratégie s’est retournée contre lui. Comme il n’a pas été capable de convaincre qu’il offrait quoi que ce soit de nouveau, il n’a pas pu apparaître comme différent de Bush, et les gens ont d’autant moins voté pour lui.

Dans le même temps pourtant, les classes dirigeantes des USA choisissaient aussi Obama contre McCain. Étant donnés les échecs des guerres en Irak et en Afghanistan et l’état catastrophique de l’économie, la bourgeoisie a préféré une nouvelle administration aux affaires, en particulier si celle-ci peut donner l’impression d’offrir quelque chose de nouveau à la population. Dans presque tous les secteurs de l’économie, le patronat a versé plus d’argent à la campagne d’Obama qu’à celle de McCain. C’est même le cas des industries qui donnaient traditionnellement plus au Parti républicain comme l’armement. Du coup, la campagne d’Obama a été la campagne la plus chère de l’histoire des USA. Il a écrasé McCain en recevant presque le double de ce qu’a reçu son adversaire, en levant entre 640 et 850 millions de dollars alors que McCain en a recueilli autour de 350 millions.

…pourra-t-il satisfaire les deux ?

On comprend qu’avec Obama beaucoup de gens espèrent que les choses vont s’améliorer, tant la réalité de la vie de la plupart est terrible. Plus de 1,2 million d’emplois ont été perdus depuis janvier 2008. Ce mois-ci, plusieurs grands magasins ont annoncé leur banqueroute, et encore plus de banqueroutes sont à prévoir, ce qui signifiera encore plus de licenciements. Il y a aussi les millions de familles qui ne peuvent pas payer leurs traites, et les expulsions à venir dans les mois qui viennent. Durant les dernières années, les travailleurs ont dû s’endetter massivement sur leurs cartes de crédit ne serait-ce que pour pouvoir vivre. Mais maintenant, les compagnies de carte de crédit restreignent les conditions d’utilisation de ces cartes, et modifient les termes de paiement. Le résultat en est que des millions de gens ne pourront plus s’appuyer sur le crédit pour régler leurs dépenses quotidiennes.

Pourtant Obama a déjà commencé à révéler une image plus claire de ce qu’on pourra attendre de son administration. Dès avant l’élection, il avait voté en soutien du plan de sauvetage des banques de 700 milliards, dont les résultats n’ont en rien allégé le poids de la crise pour les travailleurs. Il est revenu sur sa position de retirer les troupes d’Irak, et a dit qu’il voulait attendre de s’entretenir avec l’état-major militaire. Il a aussi promis d’augmenter le nombre de soldats en Afghanistan. Et récemment, il a commencé à former une équipe économique, pour lui fournir des plans pour gérer la crise, qui inclut les principaux conseillers économiques de l’administration Clinton et le milliardaire Warren Buffet.

Il est probable que l’administration Obama essaiera de faire quelques gestes, à la fois pour se distinguer des Républicains, et pour donner quand même une impression de changement. Ainsi il a promis d’augmenter les impôts des plus hauts revenus. Il a aussi promis de fermer le centre de détention de Guantanamo Bay à Cuba. Ce serait relativement facile à faire et pourrait servir comme symbole d’opposition à l’administration Bush. Il a aussi plaidé pour des investissements dans les énergies alternatives. Il s’agirait sans doute de puiser dans les fonds du gouvernement pour donner aux entreprises de gaz naturel, ou d’énergie éolienne voire solaire. Son administration pourrait même essayer de se servir de ces industries pour relancer l’économie et l’emploi et modérer les effets de la crise. Pourtant, alors que la crise économique s’approfondit, et que le gouvernement s’enfonce dans la dette, sa capacité à impulser des changements acceptables pour les riches et qui apaiseraient les travailleurs semble bien faible.

Face à toutes les attaques que les travailleurs ont subies dans la période récente, il n’y a pas eu de riposte majeure. Et il n’y a en ce moment aucune organisation, les syndicats ou la gauche, qui chercherait à commencer à mobiliser la population. À part l’organisation d’une petite manifestation de quelques centaines de personnes en septembre contre le plan de sauvetage des banques, les syndicats sont restés silencieux. Et, pour l’instant en tout cas, la population est encore grisée par l’élection et attend de voir quelles promesses Obama va tenir. Elle ne s’intéresse donc guère aux critiques qui peuvent être faites de sa politique ou des limites à ce qu’il peut apporter. Les principaux changements que la population désire ne tomberont pourtant pas d’en haut. Ils ne pourront être obtenus sans lutte. Et ce n’est qu’une question de temps avant que la population n’en puisse plus d’attendre.

San Francisco,15 novembre 2008

Craig VINCENT


Nouvelles interdictions du mariage homosexuel

Ce 4 novembre, en Californie, une proposition de loi a été votée par les électeurs. Cette proposition modifie la constitution de l’État de telle sorte que le mariage peut seulement se faire entre un homme et une femme. Les États de l’Arkansas et de la Floride ont aussi adopté une pareille législation. Et il y a à présent trente États qui interdisent le mariage homosexuel. Il ne s’agit pas simplement du droit de se marier, mais des avantages économiques et légaux que cela procure.

La campagne pour cette proposition de loi a reçu un financement de 36 millions de dollars. Le principal donateur a été l’Église des Mormons avec 22 millions. D’autres organisations religieuses comme les Chevaliers de Colombus et l’Église catholique ont donné autour de 1 million de dollars chacune. La proposition est passée avec 52 % des voix.

Beaucoup, avant le vote, expliquaient que la forte participation et le vote pour Obama allaient entraîner le refus de la proposition. C’était une erreur. L’un des facteurs décisifs a été la puissance des communautés religieuses noires. On estime que 70 % des Noirs ont voté pour. Obama lui-même a délivré un message contradictoire, affirmant que d’après ses convictions religieuses, le mariage devait être « entre un homme et une femme » mais que personne ne devait voir ses droits niés. Une position d’équilibriste qui annonce peut-être bien des désillusions, même pour ceux qui espèrent du nouveau Président des changements sinon sociaux du moins sociétaux.

Berkeley, 10 novembre 2008

Victor FRANKS

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