Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 45, mai-juin 2006

Tribune : La construction d’une direction alternative

Mis en ligne le 25 avril 2006 Convergences Monde

Convergences révolutionnaires entend contribuer aux débats de l’extrême gauche et ouvre ses colonnes aux groupes et militants communistes et révolutionnaires. Ci-dessous une tribune que nous ont fait parvenir les militants brésiliens du PSTU avec qui la Fraction de Lutte ouvrière entretient des échanges réguliers.

Un moment historique

Du 5 au 7 mai, aura à lieu à Sumaré, dans l’état de São Paulo, le Conat (Congrès National des Travailleurs) qui réunira des délégués élus par les syndicats, par le mouvement populaire et par les organisations de la jeunesse, afin de fonder une nouvelle centrale syndicale : la Conlutas (Coordination nationale de luttes). Depuis mars dernier, la préparation du Conat a connu une véritable effervescence et, dans l’ensemble du pays, ont eu lieu des centaines d’assemblées pour élire les délégués (dont le nombre pourrait s’élever à trois mille) et pour discuter des propositions à voter au Conat. Selon les critères retenus, chaque organisme sera représenté par 5 délégués plus un délégué pour 500 travailleurs de base.

La fin d’un cycle

Dans les années 80, un processus de luttes intenses (étudiantes, ouvrières et paysannes) a mis fin à la dictature militaire. Face aux politiques de capitulation des partis communistes brésiliens, ce sont des secteurs de la gauche de la bureaucratie syndicale (dont Lula était le leader), ou de l’Église, qui dirigent le processus de réorganisation. C’est dans ce contexte que sont créés la CUT (Centrale Unique des Travailleurs), le MST (Mouvement des Sans Terre) et le PT (Parti des Travailleurs).

Avec l’arrivée au pouvoir de Lula en 2003, ces organismes de lutte, deviennent alors les alliés directs d’un gouvernement bourgeois de collaboration de classe, qui mène une politique néo-libérale, puis se retrouve fragilisé par des scandales de corruption ; le Tribunal fédéral dénonce aujourd’hui une « véritable organisation criminelle », dirigée par le PT, avec le « mensalão », schéma de corruption généralisée qui consiste à acheter, avec les deniers des entreprises d’état, le soutien politique des autres partis.

Le surgissement de la Conlutas

Commence alors un nouveau cycle de réorganisation, surgi dans les luttes. En 2003, c’est la grève nationale des services publics contre la réforme des retraites implantée par Lula qui marque le début d’une série de ruptures de masse avec les organisations traditionnelles, notamment la CUT. Ce mouvement de résistance s’organise alors autour de la Conlutas, qui devient une alternative à la direction.

Avec la lutte contre la réforme syndicale et la réforme du code du travail, qui attaquent des conquêtes historiques (restriction des libertés syndicales, fin du congé maternité, du treizième mois, etc.), s’ouvre la phase de construction d’organismes alternatifs, qui débouche sur une rencontre nationale en mars 2004, réunissant 180 entités et oppositions du mouvement syndical.

D’autre étapes sont fondamentales dans la genèse de la Conlutas : le surgissement d’oppositions syndicales liées à la Conlutas qui disputent les directions de la CUT, obtiennent en moyenne 30% de votes et parfois déboutent les directions bureaucratiques ; la rébellion de base dirigée par l’Opposition à la CUT, lors de la grève nationale des travailleurs bancaires ; le plébiscite national de la Conlute (Coordination de Lutte des Étudiants) contre la réforme universitaire ; la manifestation contre la corruption et contre le gouvernement Lula, en août 2005, qui réunit douze mille personnes à Brasilia...

La politique du PSTU

La particularité du processus de réorganisation au Brésil réside dans le fait qu’un des composants, fondamental, de la direction du Conlutas est le PSTU (Partisocialiste des travailleurs unifié) qui, sans sectarisme, défend une politique révolutionnaire au Brésil. Le défi pour nous est de construire avec les autres forces du mouvement social un nouvel instrument de lutte qui défende l’indépendance de classe face aux patrons et gouvernements.

Conlutas reprend ainsi un programme de classe : la lutte contre l’impérialisme, contre les privatisations, pour le droit à l’emploi, au logement et à des salaires décents, pour la réforme agraire, la santé, l’éducation, l’internationalisme, le socialisme, etc.

La nouvelle organisation prétend regrouper en son sein, non seulement les syndicats, mais aussi les mouvements sociaux et populaires et les organisations de la jeunesse, unifiant ainsi tous les exploités. Nous proposons aussi une nouvelle structure de direction : pas de direction élue en Congrès, ni mandat fixe de dirigeants. La Coordination nationale de cette nouvelle organisation serait composée de représentants des organismes qui composent la Conlutas.

Il s’agit pour nous d’une expérience sans précédents, qui nous confère des responsabilités importantes par rapport à l’organisation des travailleurs et à la lutte de classe au Brésil. Le Conat, en ce sens, est une étape importante, le point de départ d’une recomposition du mouvement social au Brésil.

Du PSTU de São Paulo (Brésil)

17 avril 2006

Ricardo OLIVEIRA

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 45, mai-juin 2006

Mots-clés