Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 52, juillet-août 2007 > Sarkozy pour cinq ans ? Des fausses résistances… à la vraie riposte

Sarkozy pour cinq ans ? Des fausses résistances… à la vraie riposte

Travailler plus… pour au bout du compte gagner moins !

Mis en ligne le 29 juin 2007 Convergences Politique

Après avoir arrosé la campagne présidentielle de sa promesse de « travailler plus pour gagner plus », Sarkozy passe à l’acte. La loi annoncée se résume à une majoration des heures supplémentaires de 25 % jusqu’à la 43e puis de 50 % au-delà, la réduction des charges salariales et patronales sur ces heures, et l’exonération de l’impôt sur le revenu pour le salaire supplémentaire.

Pas grand-chose de nouveau pour les salariés :

  • La majoration du salaire est la même qu’avant. Certes, Sarkozy fait sauter la limitation à 10 % de la majoration pour les entreprises de moins de 20 salariés, mais c’était prévu de toute façon. Cette limitation, introduite pour le passage aux 35 heures, aurait dû disparaître fin 2002, si elle n’avait été prolongée jusqu’à fin 2008 par la droite revenue au pouvoir.
  • La réduction de la cotisation à la sécurité sociale sur les heures supplémentaires peut donner l’illusion qu’on va gagner plus. Mais les cotisations sociales sont du salaire indirect qui revient aux travailleurs sous forme de prestations de santé. À terme, ces exonérations ne sont en rien bénéfiques aux travailleurs.
  • L’exonération d’impôt sur le revenu, si elle passe le Conseil constitutionnel, ne profitera pas à ceux qui souffrent le plus d’un bas salaire, puisque précisément ils ne paient pas d’impôt sur le revenu.

Une façon de pérenniser le blocage des salaires de base

La loi de Sarkozy n’apporte rien aux travailleurs. Au contraire, puisqu’ils perdent les cotisations patronales pour la sécurité sociale. L’État est censé rembourser, ce qu’il ne fait pas toujours, mais alors ce sont les impôts payés par tous qui devront augmenter (en particulier par l’augmentation de la TVA), au moment où ceux des riches sont réduits. Quant à arrondir les fins de mois avec des heures supplémentaires, là encore il ne faut pas se tromper. Accepter de travailler plus pour gagner plus, c’est accepter que le salaire de base ne soit pas augmenté. En ciblant sur les heures supplémentaires « pour gagner plus », Sarkozy entérine le quasi blocage des salaires pratiqué par le patronat depuis 25 ans.

Mais il n’est même pas sûr que tous les patrons fassent faire davantage d’heures. Dans le discours de Sarkozy, c’est le salarié qui choisit. En réalité, dans la loi comme dans la pratique, c’est le patron qui décide, en fonction du carnet de commandes. Les salariés, eux, n’ont pas le droit de refuser. Actuellement, la plupart des patrons n’utilisent pas entièrement les 220 heures par an qu’ils ont le droit d’imposer à leurs salariés. C’est que l’activité économique ne le nécessite pas. La plupart se contenteront d’empocher les exonérations pour les heures déjà existantes. Car les patrons n’ont pas attendu pour utiliser les heures supplémentaires dont ils ont besoin. La durée hebdomadaire moyenne supposée des salariés à temps complet est de 36 heures, et non de 35. Et un salarié à temps complet sur dix travaille plus de 39 heures par semaine. Il s’agit là des heures contractuelles. Mais d’autres sont rajoutées par les patrons, dont une partie n’est pas payée. Quand les statisticiens enquêtent directement auprès des salariés, ceux-ci déclarent en moyenne 39 heures par semaine. Et il y a encore un salarié à temps complet sur dix qui travaille au forfait et dont aucune heure supplémentaire n’est comptée.

Et les heures sup non payées ?

Même les policiers ont dénoncé le non paiement des heures supplémentaires que Sarkozy leur a imposées en tant que ministre de l’Intérieur. Les hôpitaux doivent à leurs agents une ardoise totale de 700 millions d’euros en heures supplémentaires non payées. Mais le plus souvent, dans la fonction publique, les dépassements d’horaire ne sont pas décomptés. En mai, un postier des Hauts-de-Seine a été licencié pour avoir refusé de travailler davantage, gratuitement. Sarkozy voudrait intégrer le secteur public à sa loi, mais que l’État paie déjà sa dette !

Seuls les patrons profiteront de l’aubaine

Dans certains secteurs, le patronat se saisira sans doute de la mesure pour accepter plus de commandes ou pour réduire le personnel. Il profitera de l’aubaine d’avoir une ristourne sur ses charges. Les travailleurs le paieront par un travail plus long et usant pour la santé, une pression à la baisse sur les salaires, tandis que le chômage ne se résorbera pas.

Selon le credo sarkozyste, les heures supplémentaires auraient un effet multiplicateur sur l’emploi. L’envie de travailler créerait l’emploi ! On se demande alors pourquoi le travail à temps partiel n’a fait que se développer ces quinze dernières années, passant de 11 % des salariés en 1990 à 18 % aujourd’hui. Quatre millions de salariés dont le gros ne demanderait qu’à travailler plus. Ils sont même 21 % dans le tertiaire [1]. Mais quelle est cette fable selon laquelle les patrons attendraient impatiemment l’exonération des « heures sup » pour créer trois millions d’emplois ? Si Sarkozy pense vraiment qu’un surcroît de pouvoir d’achat des travailleurs serait bénéfique pour l’activité économique, quoi de plus simple que d’augmenter le Smic, les salaires et les minima sociaux ?

Mais non. Le gouvernement s’apprête à verser plusieurs milliards au patronat contre rien.

Maurice SPIRZ


[1Travailleurs concernés aussi par la loi, sur leurs heures « complémentaires », accomplies au-delà de la durée prévue dans le contrat, qui ne seront pas majorées mais seront défiscalisées et détaxées dans la limite de 10 % des heures prévues dans leur contrat. Quasi tout bénéfice pour les seuls patrons.

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article