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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 47, septembre-octobre 2006 > DOSSIER : La Russie de Poutine : le prix de la restauration (...)

Tchétchénie : à qui profite le crime ?

26 septembre 2006 Convergences Monde

C’est en grande partie pour des raisons électorales que Poutine, devenu Premier ministre et candidat à la succession d’Eltsine, a relancé, en octobre 1999, la guerre en Tchétchénie. Des attentats à Moscou, quelques jours plus tôt, attribués immédiatement par la police à des Caucasiens, tombaient à pic. Poutine pouvait espérer ainsi cultiver son image d’homme fort, détourner le mécontentement en flattant les sentiments nationalistes, s’attacher tous les clans qui, dans l’armée ou dans la police, déploraient le dépérissement de la puissance de la Russie... et de leur carrière.

L’enjeu économique, qui avait prévalu au début de la sécession tant dans les calculs des chefs nationalistes tchétchènes que dans ceux de la Russie, le pétrole, était, au moins dans l’immédiat, devenu bien moindre : les destructions de la première guerre, celle menée par Eltsine de décembre 1994 à août 1996, avaient en grande partie mis hors d’usage les raffineries et autres installations pétrolières du territoire. Depuis 2002, d’ailleurs, le principal oléoduc qui traversait le pays, de Bakou à Novorossisk a été dérouté via le Daghestan voisin.

Mais la guerre continue à faire ses morts et ses ruines : Grozny détruite, villages rasés, 150 000 morts ou 200 000, sur une population aux chiffrages aussi incertains (entre 650 000 et un million) à cause du grand nombre d’exilés que la guerre provoque.

Elle sert au gouvernement russe à faire planer une menace sur tous les peuples des républiques ou territoires du sud de la Fédération de Russie, où l’ordre est toujours précaire et les aspirations nationalistes présentes. Et elle profite à certains, pas seulement politiquement mais financièrement. Notamment dans l’armée russe à qui l’occupation offre un quasi-monopole sur les activités mafieuses : racket [1], détournement de fonds voués à la reconstruction, trafics de drogue, d’armes (vendues à l’adversaire...), de pétrole siphonné sur l’oléoduc qu’elle est censée protéger !

Et elle pèse lourd sur l’ensemble de la société russe.

Par les victimes, soldats tués ou mutilés, comme par les attentats en représailles qu’elle provoque (dont une partie sont peut-être l’œuvre directe du FSB, la police secrète). Heureusement que ce jeu criminel de Poutine est perturbé par les protestations de mères de soldats et des familles des victimes de Beslan où l’intervention des forces russes a été directement responsable de l’ampleur du massacre.

Par la montée de la xénophobie envers les non-Slaves. La police multiplie les contrôles « au faciès », rackette et agresse les gens originaires du Sud, à la peau basanée et aux cheveux foncés. Ceux-ci sont confrontés au refus d’inscription de leurs enfants à l’école.

Et cette guerre donne libre court au développement de groupes qui multiplient les ratonnades et les assassinats racistes et construisent des bandes qui demain se retourneront contre la classe ouvrière dans son ensemble. Loin de les mettre hors d’état de nuire, Poutine ne semble pas gêné de les voir défiler avec des bannières à croix gammées et des T-shirt à son effigie.

M. P.


[1Les familles doivent payer pour récupérer les corps de leurs proches victimes de la répression.

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