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Des livres

Sur les anarchistes espagnols

Mis en ligne le 15 juin 2011 Convergences Culture


Le bref été de l’anarchie, la vie et la mort de Buenaventura Durruti

Hans Magnus Enzensberger

Parution en poche, septembre 2010, collection L’Imaginaire, Gallimard, 420 pages, 10 €.


Depuis plusieurs années il était difficile de se procurer en français un livre sur Buenaventura Durruti, figure marquante du mouvement ouvrier anarchiste espagnol, tué en 1936 en défendant Madrid contre les troupes franquistes. On ne peut donc que se réjouir de la réédition de l’ouvrage que lui a consacré l’historien allemand Enzensberger.

À la différence d’Abel Paz, militant anarchiste espagnol qui vécut longtemps en exil à Paris et dont le « Durruti » [Buenaventura Durruti 1896-1936 – Ed. de Paris, 2000] fait autorité, Enzensberger n’écrit pas une biographie au vrai sens du terme. Il juxtapose une multitude de témoignages recueillis auprès de sa famille et de sa compagne, d’autres militants de la CNT-FAI, des combattants de la fameuse « colonne Durruti », des avocats qui l’assistèrent lors de ses différents procès, de coupures de presse, d’extraits de mémoires, de souvenirs et d’articles de journaux. Chaque chapitre de sa vie est précédé d’une « glose », c’est à dire d’un texte de quelques pages qui donne des indications sur la période traitée et qui permet aux lecteurs de s’y retrouver. Le tout conduit à découvrir un Durruti au travers les yeux de celles et de ceux qui l’ont connu et qui ont combattu avec lui. Cela donne un côté très vivant à l’ouvrage.

Il y a cependant un défaut majeur à cette méthode. Dans la mesure où Enzensberger se refuse à commenter les témoignages qu’il cite, le lecteur n’a aucun moyen de vérifier la véracité des propos. Cela n’a guère d’importance la plupart du temps sauf... lorsqu’ils émanent de staliniens patentés, spécialistes de la falsification historique, soit soviétiques, comme l’écrivain Ilya Ehrenbourg ou le journaliste Mikhaïl Kolcov, un temps rédacteur en chef de la « Pravda », soit espagnols comme Enrique Lister ou Dolores Ibarruri (La Pasionaria).

Abel Paz avait bien montré comment les staliniens, qui n’eurent cesse de combattre Durruti de son vivant, tentèrent de le récupérer une fois mort en inventant de toutes pièces une prétendue sympathie qu’il aurait éprouvée sur le tard à l’égard de Staline et du Parti communiste espagnol, voire en créant même un fantomatique conseiller militaire soviétique qui l’aurait secondé sur les fronts aragonais et madrilène. Ce que reprennent les témoignages cités. Dommage qu’Enzensberger reste muet à ce propos et ne dénonce pas cette malhonnêteté.

Jean LIEVIN

Toujours sur la vie d’anarchistes espagnols, un « roman graphique »


L’art de voler

Antonio Altarriba et Kim

Denoël Graphic, 215 pages, 23 €.


Antonio Altarriba porte le même nom que son père, né en 1910 dans un petit village près de Saragosse. 10 ans après la mort de ce dernier, il se glisse dans sa peau pour écrire sa biographie. Antonio (le père) fuit son village et la misère pour la ville et ses lumières. Mais lorsqu’il y arrive, la République vient d’être proclamée, et Antonio fait son éducation politique. Aussi, quand au début du putsch de Franco, la ville bascule de son côté, Antonio, enrôlé de force, déserte et passe dans le camp des miliciens de la CNT. Il fuit la défaite pour trouver de l’autre côté des Pyrénées la seconde guerre mondiale. La victoire des Alliés, loin de sonner le glas du franquisme, achève de démoraliser Antonio, qui rentre au pays, refait sa vie, mais se rend compte qu’il tient toujours à ses idées. Jusque dans la maison de retraite, où il passe les 15 dernières années de sa vie, il se bat pour préserver sa dignité d’homme libre.

Antonio (le fils) livre ici sa première bande dessinée, ou plutôt son premier « roman graphique », un synonyme de « BD à texte ». Un texte que le dessin de Kim fait mieux qu’illustrer. On comprend dans la postface que les circonstances de la mort du père ont joué un rôle déterminant dans la décision du fils d’écrire ce livre. Heureusement, elles n’ont pas éclipsé son histoire.

Mathieu PARANT

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Numéro 76, juin-juillet 2011