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SNCF : en Auvergne-Rhône-Alpes, la lutte des mécanos paie !

19 décembre 2021 Article Entreprises

Annonce du recrutement d’une école de 62 mécanos : la direction de DDL CITI en charge des liaisons de moyennes distances autour de Lyon et Saint-Étienne n’avait jamais été contrainte à céder un tel contingent de nouvelles recrues à terme. Mais, face à la mobilisation massive des conducteurs (dits encore « mécanos »), il a bien fallu lâcher du lest !

Les raisons de la colère

La colère s’est cristallisée autour de l’annonce des journées de service pour l’année 2022. L’augmentation de 10 minutes de leur amplitude moyenne et la hausse du nombre d’évolutions à la charge des conducteurs [1] venaient s’ajouter aux conditions de travail en constante dégradation ces dernières années. À la SNCF comme partout, les patrons appliquent la même méthode pour accroitre l’exploitation des travailleurs : faire plus avec des effectifs réduits. Ainsi peut s’expliquer la suppression depuis l’an dernier de la « réserve  : les conducteurs en gare chargés de remplacer au pied levé un collègue ne pouvant assurer la circulation de son train. La suppression de cette réserve s’inscrit dans une logique plus générale de fonctionnement à flux tendu qui a pour résultat de dégrader les conditions de travail et de vie des conducteurs. Les journées de services sont parfois communiquées la veille pour le lendemain ! De même, le sous-effectif chez les conducteurs de manœuvre aboutit à une augmentation du nombre d’évolutions à la charge des conducteurs de lignes. La combine de la direction était claire : tout en augmentant la charge de travail, dresser les uns contre les autres les conducteurs de lignes et de manœuvre, les premiers accusant les seconds de ne pas assumer leur part de travail et vice versa.

Conducteurs de lignes et de manœuvres : tous ensemble !

Fort heureusement, des deux côtés, on ne s’est pas laissé prendre au piège. Les journées de services peuvent habituellement faire l’objet de discussions en commission de roulement : une instance de dialogue social où les représentants syndicaux peuvent proposer des améliorations des journées conçues par la direction, le tout à moyens constants évidemment ! Mais, cette année, les chefs ont dit non à toutes les améliorations, mêmes marginales, proposées par les syndicats. Cette attitude a renforcé les mécanos dans l’idée que, de toute manière, les journées de services concoctées par l’entreprise ne pourraient être supportables qu’à raison d’embauches de conducteurs de lignes et de manœuvre.

C’est sur ce mot d’ordre que la CGT, Sud, et l’Unsa ont accepté d’appeler à une journée de grève pour le 13 décembre. Espérant éviter le conflit, la direction avait immédiatement cédé le retour de la réserve le lundi et le vendredi et la reprise de six évolutions aux conducteurs de lignes. Pas de quoi calmer la colère des mécanos qui se sont massivement mis en grève : 70 % à Perrache et 90 % à Saint-Étienne, coulant à eux seuls 14 % de la circulation sur l’ensemble du réseau TER Auvergne-Rhône-Alpes (Aura).

La direction recule

Après pareille démonstration, la direction, qui avait juré qu’il lui serait impossible d’aller au-delà des propositions avancées avant le 13, est revenue avec la promesse de mise en stage de 62 conducteurs répartis entre lignes et manœuvres et du retour des équipes de réserves du lundi au vendredi. Première victoire pour les cheminots. Voilà longtemps qu’on n’avait pas vu pareil recul de la boîte ! Au printemps dernier, une longue grève de 59 minutes en début et en fin de service n’avait permis d’obtenir aucune avancée significative. Au coup de sang des mécanos, s’est ajouté le contexte national : ce 13 décembre de grève à Perrache avait l’allure d’un tour de chauffe alors que la CGT, SUD et l’Unsa appelaient à une grève sur les salaires les 17, 18 et 19 décembre sur l’axe Sud-Est, en Île-de-France et dans d’autres régions. Et en dehors de la SNCF, les luttes pour les salaires se multiplient : chez Leroy Merlin où quinze jours de grève ont permis d’arracher une augmentation de 65 euros par mois, chez Arkema où les travailleurs des treize sites de production de l’entreprise chimique en France sont en grève pour les mêmes raisons.

Entre-temps bien sûr, les directions syndicales ont torpillé une grève qui s’annonçait réussie. En levant leur préavis sur le TGV sud-est, ils ont isolé les secteurs les plus combatifs qui n’étaient pas prêts à faire une croix sur ces journées de mobilisation.

Il n’empêche, vendredi 17 décembre, ils étaient encore 40 % en grève à Perrache et 60 % à Saint-Étienne pour maintenir la pression et obtenir des garanties sur les annonces faites par la direction. La mobilisation a permis d’arracher de nouvelles améliorations des journées de service pour 2022 et des précisions sur le calendrier des embauches, dont l’annonce du recrutement d’une école de douze conducteurs de manœuvre dès février.

Le sentiment qui demeure est la fierté d’avoir tenu la dragée haute à la direction, d’avoir mis un coup d’arrêt à la dégradation des conditions de travail en lui imposant un recul sans précédent. La démonstration a d’autant plus de valeur que les mécanos de ces lignes sont souvent des jeunes, aux traditions de lutte réputées moins ancrées que dans d’autres secteurs… Une image qui devrait rapidement changer !

Correspondant local


[1On distingue les conducteurs de lignes qui assurent la circulation des trains avec voyageurs des conducteurs manœuvres qui assurent les évolutions c’est-à-dire la circulation des trains entre les gares de départs ou d’arrivée et les dépôts. La formation et les règles de sécurité ne sont pas les mêmes.

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