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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 22, juillet-août 2002 > DOSSIER : Actualité du trotskisme

DOSSIER : Actualité du trotskisme

Reconstruire la IVe Internationale ?

Mis en ligne le 9 juillet 2002 Convergences Politique

La situation depuis maintenant plusieurs décennies est pour le moins paradoxale : jamais le capitalisme n’a été à ce point une réalité mondiale (comme la classe ouvrière elle-même au travers des migrations), et jamais le mouvement ouvrier au cours de son histoire n’a été aussi peu organisé à cette échelle. Or les luttes du prolétariat pour combattre le capitalisme – à plus forte raison pour l’abattre- ne sauraient se limiter au cadre des frontières nationales. D’où la nécessité d’un parti international du prolétariat, nécessité qui fut posée par le mouvement ouvrier dès sa naissance et qui n’est pas moindre aujourd’hui.

Un bilan nécessaire

Dans la construction d’un parti ouvrier communiste et révolutionnaire à l’échelle internationale nous ne partons pourtant pas de rien. En fondant la Quatrième internationale Léon Trotski affirmait une continuité politique, incarnée successivement par l’Association internationale des travailleurs de Marx et Engels, la Deuxième internationale jusqu’à la première guerre mondiale et l’Internationale communiste des années 1919-1923.

Aujourd’hui encore, le mouvement trotskiste a le mérite d’exister à l’échelle internationale, tout en conservant ces références politiques. Mais la Quatrième internationale en tant que telle n’existe plus : le mouvement trotskiste, divisé depuis maintenant plusieurs décennies (pratiquement depuis sa naissance qui n’a précédé que de fort peu la mort de Trotski lui-même) en de nombreuses tendances, est plutôt fait d’une myriade de petits groupes, souvent sans grande audience, mais toujours rivaux et parfois avec la fâcheuse tendance de se croire à eux seuls une véritable internationale.

Une des raisons incontestables de cette division et de cette relative impuissance est que la violence stalinienne est parvenue pendant toute une époque à couper les organisations trotskistes du mouvement ouvrier. La justesse ou la fausseté des différentes positions de groupes sans implantation dans la classe ouvrière, sans intervention réelle dans les événements politiques et donc sans bilan, sont restées invérifiables. Chacun a pu, et en grande partie peut encore, vaquer à ses affaires de son côté sans plus s’occuper des autres.

Mais ces circonstances objectives ne sont pas seules en cause. Les groupes issus de la Quatrième internationale sont aussi en partie responsables de cette situation, en s’y adaptant par l’abandon d’au moins une partie de leur propre programme. A partir de la deuxième guerre mondiale, la liste serait longue si on devait énumérer toutes les situations où les organisations trotskistes ont ainsi renoncé, selon nous, pour se rallier à la politique des sociaux-démocrates, des staliniens ou encore des nationalistes. Par exemple, à l’époque de la guerre d’Algérie, chacune des deux tendances à l’origine de la LCR et du PT aujourd’hui n’ont eu pour politique que de soutenir une des organisations nationalistes algériennes (FLN ou MNA d’ailleurs engagées dans une lutte fratricide) sans chercher à leur opposer une politique qui défende réellement les intérêts de la classe ouvrière. Cette tâche n’était certainement pas facile mais ce fut un choix politique d’y renoncer a priori.

Le problème majeur du courant trotskiste n’est donc pas qu’il soit divisé. Par delà la dispersion des organisations, il y a eu en réalité une convergence assez grande malheureusement pour aller dans le sens de l’opportunisme politique. Et aujourd’hui encore les hésitations, quand ce n’est pas le refus, de beaucoup à faire ce travail d’implantation dans la classe ouvrière (notamment parmi ses couches les plus exploitées), indispensable si l’on veut conserver une boussole politique sur un terrain de classe, peuvent inquiéter sur le sens des orientations futures.

Des passerelles indispensables

Quelles que soient ses faiblesses, le mouvement trotskiste existe dans presque tous les pays du monde : un capital humain et politique petit mais irremplaçable que le sectarisme (qui est également la culture politique la mieux partagée par les différents groupes) et la coupure souvent quasi absolue entre les tendances amène non seulement à négliger mais en fait à dilapider.

Pour y parer il faudrait que les tendances se comportent comme des fractions d’un même et futur parti, qu’elles soient capables de promouvoir un certain type de relations, ouvertes et fraternelles, même quand leurs activités différentes ou leurs politiques divergentes ne leur permettent pas des actions communes.

Bien entendu il y a loin entre le fait de renouer des contacts au niveau tant international que national afin de reconstituer un minimum de vie et d’échanges politiques – ce minimum qui n’aurait jamais dû être abandonné - et la création d’un parti mondial de la révolution, capable d’élaborer une politique pour ses différentes sections, ayant une direction centralisée et reconnue et donc la possibilité d’une action commune orientée et disciplinée. Mais aucune des soi-disant internationales n’étant susceptible aujourd’hui d’unifier le mouvement révolutionnaire sous sa houlette, la seule attitude correcte et efficace à long terme ne serait-elle pas de reconnaître cette réalité, de dresser un cadre dans lequel les différentes organisations pourraient prendre contact, discuter, confronter leurs politiques et leurs résultats, et chercher des voies par lesquelles apprendre à collaborer (Lutte ouvrière avait ainsi, mais il y a de cela bien des années, proposé des échanges de militants entre différentes tendances) ?

Cela aurait au moins l’avantage dans le court terme de faire bénéficier aux uns et aux autres d’une ouverture sur d’autres démarches, d’autres expériences, d’autres interventions et d’autres pays et ainsi d’accroître la compétence de tous à l’échelle de ce qui fait tout de même la force du mouvement trotskiste : le fait d’exister à l’échelle internationale. En attendant dans le long terme de permettre à tous de juger des différentes politiques proposées et menées et à celles qui feraient leurs preuves de s’imposer.

R.G.

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