Première victoire sur les salaires à Diehl Augé découpage (Besançon)
Mis en ligne le 13 mai 2008 Convergences Entreprises
Les prix de l’alimentation et de l’énergie s’envolent. Depuis le mois de février, il ne se passe pas de semaine sans que des travailleurs ne réagissent, pour l’instant encore entreprise par entreprise, par des débrayages ou des grèves de quelques jours qui réussissent souvent à arracher quelques augmentations. C’est ce qui s’est passé dernièrement dans une usine de la métallurgie à Besançon, qui est sans doute révélateur d’un climat plus général.
Ces dernières années, les 220 travailleurs de l’entreprise ont peu réagi aux diverses mesures des patrons successifs, subissant le gel des salaires, un plan social en 2005 (95 licenciements) et un allongement du temps de travail de 2h40 par semaine en 2007, compensé seulement pour moitié.
Depuis le début de l’année les discussions ne manquent pas, centrées sur l’envolée des prix et la nécessité que les salaires suivent. La première réaction a été pour beaucoup de demander individuellement des augmentations, avec à chaque fois un refus au prétexte que l’entreprise perdait toujours de l’argent. En janvier, les derniers embauchés (en 2001, 2002) dans un secteur de presses prennent l’initiative de provoquer une réunion de leur atelier avec le responsable de production pour demander 200 €. La discussion ne donne rien mais renforce l’idée qu’il faudrait se bagarrer.
Cette fois les ouvriers ne demandent plus d’augmentations individuelles mais s’adressent aux représentants du personnel pour savoir quand ont lieu les Négociations annuelles obligatoires (NAO). La volonté d’en découdre est perceptible.
Jeudi 27 mars, la direction accorde une heure d’information syndicale qui réunit 160 personnes. Deux résolutions sont votées : réclamer 200 € et débrayer pour tenir une AG à la sortie de la première réunion NAO. À cette réunion la discussion est brève, le patron se contentant de proposer 2 %. L’AG qui suit, bien que non autorisée par la direction, réunit le même nombre de travailleurs. Après avoir revoté les 200 €, de nombreuses voix s’élèvent pour préparer une grève mais d’autres proposent d’attendre encore la prochaine réunion avec le patron. La décision est prise de se revoir en AG dans les mêmes conditions le mardi 22 avril.
100 € nets pour les bas salaires
Le 22 avril, même nombre de travailleurs qu’aux précédentes AG et nouveau refus de la proposition du patron. La CGT propose de se retrouver le jeudi pour perturber un conseil d’administration et éventuellement le vendredi. Une bonne moitié des présents vote pour. Nous nous retrouvons entre 60 et 70 le jeudi matin, principalement des salariés de la production travaillant en équipe, à monter dans les locaux de la direction. L’après midi, solidarité avec l’équipe du matin, trente ouvriers débrayent deux heures. La direction se fâche et propose de réunir tout le monde en AG. Un directeur répète sa proposition devant la totalité du personnel, ce qui n’a pour effet que de mobiliser encore plus de monde le lendemain.
Le vendredi matin, c’est une centaine de salariés dont une vingtaine de l’équipe d’après midi qui se rassemblent et suivent les délégués. Après une heure de discussion, dont une interruption pour discuter entre grévistes d’une nouvelle proposition de la direction, le patron accepte de donner 100 € net pour les 100 plus bas salaires (de 1 400 à 2 050 brut), 1 % de la masse salariale partagée en parts égales pour les autres (soit environ 50 € brut), le jour de solidarité offert pour les femmes et les heures de débrayage payées.
À l’annonce du résultat des négociations, applaudissement général en AG. Nous avons le sentiment d’avoir obtenu ce que la majorité souhaitait dès le départ : un effort pour les plus bas salaires. Les yeux brillent de satisfaction et de fierté, de s’être retrouvés en lutte, solidaires, et d’avoir gagné pour les jeunes et sur les heures de grève. Au patron maintenant de se méfier s’il lui prenait l’idée de préparer un mauvais coup.
29 avril 2008
Michel GRANDRY
Mots-clés : Grève