Petits services et grandes affaires
Mis en ligne le 30 avril 2013 Convergences Politique
Les allers-retours continuels de Cahuzac entre l’État et le privé, qu’une classe politique qui joue à l’ingénue dénonce comme source de « conflits d’intérêts », sont une pratique tellement courante qu’elle a son petit nom : le pantouflage.
Jean Peyrelevade est passé de Matignon au Crédit Lyonnais, Jean-Charles Naouri des Finances à Rothschild puis à Casino, Louis Gallois de Matignon à EADS, Loïk Le Floch-Prigent du ministère de l’Industrie à Elf (dont un passage en prison !), Louis Schweitzer de Matignon à Renault. Plus récemment, un secrétaire général adjoint de l’Élysée est devenu président de Natixis, le directeur de cabinet de la ministre de l’économie a été promu président de France Telecom. Entre autres.
Rien de plus naturel que ces renvois d’ascenseurs entre ministres et grands bourgeois, gens du même monde, formés dans les mêmes grandes écoles, qui fréquentent les mêmes cercles parisiens et se marient entre eux.
Ces services entre amis révèlent seulement que les institutions républicaines sont depuis leur création taillées sur mesure pour servir la bourgeoisie. De l’administration fiscale à la justice, de la police qui matraque les ouvriers en lutte à l’armée qui envahit le Nord-Mali pour le compte d’Areva. Et même les services publics visent davantage à pourvoir le patronat en infrastructures nécessaires ou personnel qualifié qu’à assurer le bien-être général.
« Moraliser » tout cela ? Autant ravaler la façade de leur caverne de brigands.
Malika VOLPE
Mots-clés : Jérôme Cahuzac