Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 91, janvier-février 2014

Patrons de l’agro-alimentaire, de la Bretagne au Limousin… : Madrange : un capitaliste en cache un autre !

14 janvier 2014 Convergences Entreprises

Depuis 2009, les effectifs des usines Madrange à Limoges, spécialisées dans le jambon et la charcuterie, se sont réduits de 300 salariés à travers deux plans de licenciements successifs. Les usines, d’origine familiale, ont été vendues en 2011 au groupe FTL (Financière Turenne Lafayette) qui possède, entre autres, Prédault, William Saurin, Garbit. L’actionnaire majoritaire du groupe est Monique Piffaut, 135e fortune de France à hauteur de 375 millions d’euros. Elle s’est déjà fait du lard, et un joli pactole qu’elle compte arrondir sur le dos des travailleurs de Madrange. Cela n’a pas tardé !

Les promesses d’investissements pour relancer l’activité, faites lors du rachat de Madrange, sont certes en partie tenues. Mais l’investissement se réalise dans l’accroissement de la productivité au détriment de l’emploi pour le personnel. Il est prévu un quasi-doublement de la production de jambon en tranches par l’installation d’une nouvelle ligne de tranchage du jambon entièrement automatisée. Pas pour libérer l’ouvrier du travail à la chaîne mais pour accroître la productivité tout en supprimant des postes. En attendant ces gains de productivité, la nouvelle direction veut supprimer les ateliers de désossage du cochon pour travailler avec du jambon « 5D » (découenné, dégraissé, désossé, dénervé et dépiécé) qu’elle fera venir d’Allemagne et d’Espagne. Pour la direction, c’est l’économie d’1,2 million d’euros par an. Pour les travailleurs, c’est 160 emplois supprimés, intérims compris. Ce désossage, voué à disparaître, est effectué par des ouvriers d’entreprises sous traitantes, 135 « tâcherons » qui, pour beaucoup, travaillent dans l’usine depuis des dizaines d’années.

Côté travailleurs, c’est un mélange de colère, de désarroi et aussi d’incompréhension, même si nombre d’entre eux n’avaient aucune illusion sur le rachat par FTL. Beaucoup d’ouvriers de Madrange ont conscience qu’aujourd’hui la direction s’attaque aux sous-traitants et que demain ce sera leur tour. Côté syndical, c’est naturellement la protestation verbale mais aucune tentative n’est faite pour essayer de regrouper les salariés contre les licenciements : tant avec les sous-traitants qu’avec deux autres entreprises du groupe ex-Madrange qui connaissent aussi une fournée de licenciements. L’une, GEO-Madrange a un plan de suppressions d’emplois de 63 salariés sur 150 à Ablis dans les Yvelines, l’autre de 50 salariés à Albi dans le Tarn. Sans parler d’une possible liaison avec les travailleurs de l’agro-alimentaire en Bretagne touchés par la restructuration du secteur. Mais demander aux organisations syndicales d’avoir une politique offensive, en cette période de fêtes, ce serait croire au Père Noël !

22 décembre 2013, René SENS



Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article