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Palestine : Mahmoud Abbas pris pour cible

5 juillet 2021 Article Monde

« Abbas dégage », « Non à l’assassinat politique », « À bas l’Autorité d’Oslo » [1]. Ce sont quelques uns des slogans qu’ont scandés des milliers de manifestants qui se sont rassemblés samedi à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, pour demander la démission du Président Mahmoud Abbas.

Se trouvait en tête du cortège la famille de Nizar Banat, 43 ans, militant palestinien des droits humains, arrêté le 24 juin à l’aube par les forces de sécurité palestiniennes et décédé quelques heures plus tard après avoir été passé à tabac par une vingtaine de policiers. Elle réclame une enquête internationale et a accusé les forces de sécurité palestiniennes de l’avoir assassiné. Le médecin légiste chargé de son autopsie a fait état de traces de coups à la tête, à la poitrine, au cou, aux jambes et aux mains. L’Autorité palestinienne a promis une enquête mais pour l’instant aucun policier n’a été inquiété.

Dénonciateur infatigable de la corruption de l’Autorité palestinienne, Nizar Banat – qui avait fait circuler maintes vidéos sur les réseaux sociaux – avait été arrêté et emprisonné à plusieurs reprises, ce qui ne l’avait jamais empêché de continuer à se battre.

Une vague de manifestations

Diverses personnalités politiques, militants et représentants d’organisations humanitaires et de comités locaux se trouvaient dans le cortège qui n’a pas pu accéder au QG de l’Autorité palestinienne, toutes les routes d’accès ayant été bloquées par les forces de sécurité.

Depuis la mort de Banat les manifestations se sont succédé sur l’ensemble de la Cisjordanie. La répression policière violente et les centaines d’arrestations n’ont pas réussi à les freiner.

De son côté le Fatah a tenté d’organiser des contre-manifestations de soutien à Mahmoud Abbas et à l’Autorité palestinienne, notamment à Hébron, mais leur succès a été plus que limité.

Il faut rappeler Mahmoud Abbas, aujourd’hui âgé de 86 ans, a vu son mandat présidentiel expiré… en 2009. Depuis il se maintient au pouvoir en ayant cadenassé l’Autorité palestinienne, grâce à son parti le Fatah, annulé les élections à plusieurs reprises, et fait embastiller voire assassiner ses opposants. Il exerce des pouvoirs limités sur environ 40 % de la Cisjordanie, le reste étant occupé par Israël dont les forces de sécurité travaillent en étroite collaboration avec leurs homologues palestiniennes.

Une Autorité corrompue et haïe

Depuis longtemps maintenant l’Autorité palestinienne est haïe par une bonne partie de la population locale du fait notamment de sa corruption, de son affairisme, de son népotisme et de ses méthodes tyranniques. Mais la goutte qui a fait déborder le vase a été la position plus ou moins « neutre » qu’elle a adoptée en mai et juin derniers lorsque des milliers de Palestiniens affrontaient dans la rue l’armée et la police de l’État sioniste.

Et s’il est possible que grâce à la répression Abbas parvienne à rétablir « l’ordre », il n’en demeure pas moins que le fossé qui s’est approfondi entre lui et son peuple paraît désormais infranchissable.

Car si les Palestiniens ont un ennemi, Israël, ils ont aussi dans leurs propres dirigeants des adversaires de taille dont il leur faudra un jour ou l’autre se débarrasser.

J.L.


[1Allusion aux accords « de paix » d’Oslo signés en 1993 entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin

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