Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 114, septembre-octobre 2017

Ordonnances, les cheminots sont concernés !

Mis en ligne le 5 octobre 2017 Convergences Entreprises

La journée du 12 avait été peu préparée syndicalement à la SNCF : peu d’AG, les syndicats CGT et parfois Sud ne les avaient pas souhaitées sous le prétexte de ne pas faire une démonstration de faiblesse. Il y a eu néanmoins des rendez-vous de départ en manif, avec entre 70 à 80 présents… et ensuite une grande satisfaction de voir du monde dans les cortèges. La journée avait donc été une bonne surprise, avec 20 % de grévistes au niveau national, ce qui n’était pas négligeable pour une journée d’action. Et les manifestations ont largement regonflé. La journée suivante, du 21 septembre, a probablement été mieux préparée. Des gares jouaient à guichets fermés et des rassemblements ont marqué la journée dans différents secteurs, même si probablement moins de cheminots se sont déplacés en manifestation.

Ce qui a mis de l’huile sur le feu

Un grand nombre d’attaques locales et sectorielles ont nourri le climat de mécontentement : une avalanche de réorganisations, partout, entraîne à la fois colère et découragement. Colère face à des situations locales invivables liées généralement aux sous-effectifs :

  • aux ventes où les queues d’usagers s’allongent tandis que des agents pètent les plombs ;
  • au contrôle que la direction promet vraisemblablement à la disparition, pour laisser les conducteurs seuls dans des trains aux prises aux incidents d’ordres divers ;
  • dans les postes d’aiguillage, voués à des regroupements en grands centres régionaux, avec autant de suppressions de petits postes à la clé.

Mais ces situations donnent aussi des envies de démissionner, de claquer la porte, de faire tout sauf ce boulot qui se dégrade. Ce à quoi s’ajoutent les provocations récentes contre les régimes spéciaux, contre les facilités de circulation (gratuité du transport pour les cheminots), pour l’ouverture à la concurrence et une restriction plus poussée encore du droit de grève (« service minimum »).

Revendications locales, ordonnances, comment ça s’articule ?

Si le mécontentement est là, indéniablement, l’articulation est délicate entre les revendications « catégorielles » et la nécessité de faire converger les mécontentements dans un mouvement d’ensemble.

Beaucoup de collègues pensent encore qu’ils ne sont pas concernés par le Code du travail et les ordonnances, ce que des directions syndicales ont vite fait de laisser croire, suggérant que les cheminots devraient attendre la vraie bataille, en janvier, au printemps ou à l’été 2018, contre la remise en cause de leur régime spécial de retraite.

D’abord il n’en est rien, le gros des cheminots relève du droit privé, les licenciements existent pour eux : une grande partie de l’activité syndicale quotidienne consiste d’ailleurs à défendre des collègues menacés de licenciement ! Si certains cheminots dits « au statut » bénéficient de quelque protection, de plus en plus sont en CDI plus classique, voire en intérim, en CDD et autres contrats précaires. Mais tous relèvent de l’Inspection du Travail et des prud’hommes. Sans compter tous les travailleurs et travailleuses des entreprises sous-traitantes et filiales de la SNCF qui se comptent par centaines. Une des faiblesses du printemps 2016, discutent des cheminots, a probablement été de n’avoir pas réussi à inclure dans la mobilisation les personnels d’autres entreprises travaillant sur les mêmes sites : il faudrait se mettre à parler des « travailleurs du rail », en incluant tous ceux des entreprises qui contribuent à faire rouler des trains, et pas seulement des cheminots SNCF.

Autre débat : des cheminots disent encore qu’ils ne vont pas « faire grève pour les autres », avec en mémoire le mouvement contre la loi travail où des cheminots ont pu faire 18 jours de grève d’affilée, voire plus, tandis que la plupart des travailleurs d’autres secteurs n’étaient appelés qu’aux seules journées syndicales éparses.

Danger de l’éparpillement

Il s’agit donc de faire le lien entre les grandes attaques politiques au niveau national et ce que subissent les collègues tous les jours dans les chantiers : restructurations, pressions, postes supprimés, arrêts maladie, démissions de plus en plus courantes, métiers promis à la disparition aux ventes ou aux contrôles. De faire le lien entre ces situations et celles de tous les autres travailleurs, car pour tous, les problèmes sont avant tout de salaires et d’effectifs. Déjà pourtant, parce que les fonctionnaires auraient leurs problèmes, les routiers les leurs, des fédérations syndicales envisagent des journées d’action séparées pour les semaines à venir.

Cela inquiète.

Si la CGT a été à l’initiative, en cette rentrée, de journées interprofessionnelles qui ont fait de Macron le premier président tellement détesté qu’il a suscité la mobilisation quelques mois à peine après son intronisation, comment ne pas se contenter de journées saute-mouton, comment ne pas seulement renouveler 2016 ? Comment déjouer une stratégie syndicale d’éparpillement de la colère, qui menace ?

Ce sont des sujets vivement discutés.

Correspondant(e)s

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 114, septembre-octobre 2017