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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 73, janvier-février 2011 > Tunisie, Algérie

Tunisie, Algérie

Orange et Jasmin

Mis en ligne le 29 janvier 2011 Convergences Monde

La Tunisie a beau être le pays de l’orange et du jasmin, pour Orange, Aubade, Téléperformance, Alstom et quelques autres, elle a surtout l’odeur de flouze. Mais avec les évènements actuels, pour les patrons français comme pour les notables tunisiens, ça sent le roussi.

Mauvaise saison pour Air Liquide qui venait juste d’ouvrir en décembre dans ses usines tunisiennes une nouvelle unité de production d’oxygène et azote liquide d’un coût de 10 millions d’euros et une autre de gaz spéciaux de haute pureté destinés aux Laboratoires et Analyses de la zone Maghreb et Egypte. Inquiétude pour Valéo qui emploie près de 4 800 salariés dans ses trois usines et venait juste d’annoncer, le 3 janvier, la constitution d’une nouvelle société, Valéo Tunisie, spécialisée dans la fabrication, pour l’exportation de matériels et équipements de commutation électrique et de capteurs pour l’industrie automobile. Et Alstom avait signé il y a à peine quelques mois, en juillet dernier, un contrat de 58 millions pour la prolongation et la maintenance du réseau de tram de Tunis.

Alstom faisait déjà partie, comme Airbus, des principaux bénéficiaires des contrats signés lors de la visite de Sarkozy à son ami Ben Ali en avril 2008 : un contrat de 360 millions pour la construction d’une centrale thermique, pour le premier, une commande de 19 avions pour le second, pour la livraison desquels le groupe s’inquiète aujourd’hui.

EADS, Faurecia (filiale de PSA), Zodiac, Sagem, les banques BNP ou Société Générale, les compagnies d’assurances comme Groupama qui a 35 % dans la principale compagnie d’assurance tunisienne, les chaînes de supermarché Carrefour, Monoprix (toutes deux en collaboration avec des hommes d’affaires… de la famille Ben Ali) profitent des franchises accordées par le gouvernement et des bas salaires : un Smic à 120 € pour 40 heures ou 140 € pour 48 heures par semaine.. Sans oublier bien sûr le Club Méditerranée. Tourisme, entreprises textiles et centres d’appels sont les principales activités du pays : près de 7 millions de touristes par an, 190 000 ouvriers dans le textile, 130 centres d’appel délocalisés en Tunisie, dont les seuls centres d’appels français emploient 12 000 personnes à des salaires défiant toute concurrence (dont 4 000 pour le groupe Teleperformance).

Avec 1 250 entreprises en Tunisie, exploitant plus de 100 000 salariés, la France est le premier fournisseur et le premier client de la Tunisie (client donc souvent de ses propres entreprises installées là-bas). On comprend l’affection du président français (ou plutôt des présidents successifs) pour son homologue tunisien, et les fleurs que les deux camarades socialistes Strauss-Kahn et Ben Ali s’envoyaient : le président du FMI fait l’éloge de « l’économie tunisienne qui va bien, malgré la crise » et serait « bon exemple à suivre pour beaucoup de pays », le président tunisien le décore en échange de la rosette de Grand officier de l’ordre de la République. Accolade devant les caméras de télévision. Coupez.

Ils n’avaient pas prévu les déboires d’aujourd’hui. Qui commencent déjà avec ceux de France Telecom. Le groupe avait créé en Tunisie sa filiale Orange Tunisie en association… avec Marwan Mabrouk, l’un des gendres de Ben Ali. Filiale qui, encore le 16 décembre dernier, inaugurait son tout nouveau centre de développement des applications mobiles en présence du ministre des technologies de Ben Ali. Interpellé par les syndicats de France-Télécom sur l’avenir d’Orange-Tunisie, dont le gendre détient 51 %, la compagnie française 49 %, le directeur Stratégie et Innovation de France Télécom a répondu, mardi 18 janvier, que, contrairement aux rumeurs, « Marwan Mabrouk est en Tunisie et il n’a jamais fui »… mais gageons qu’il se planque. Ce grand stratège ne voit donc aucun problème sauf, reconnaît-il, quelques « incertitudes juridiques ». Orange amère !

O.B.

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