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On ira tous au paradis… et à la manif ?

20 septembre 2007

Dans L’Humanité de ce lundi la direction du PCF se dit ravie de son week-end : « La Fête de l’Humanité s’était fixé cette année un premier objectif : donner le signal de la riposte, et si possible la plus unitaire possible contre la politique Sarkozy. C’est fait. »

Sarkozy n’a donc qu’à bien se tenir, grâce au PCF, centre et ferment unitaire de toutes les forces de la gauche… puisque Marie-George Buffet, en dialoguant, en débat public, avec Olivier Besancenot, François Hollande et la verte Cécile Duflot, leur a fait accepter sa proposition d’une réunion d’un collectif « Ripostes de la gauche » ce mardi, place du Colonel Fabien.

Alors, une chance pour les luttes que cette réunion de (presque) toute la gauche ? Soit, puisque les travailleurs ont évidemment besoin que des initiatives soient prises, le plus largement possible, pour se mobiliser. Mais pour défendre quoi au juste ?

L’unité de la gauche…

Les ténors du PS, il y a peu, se sont lancés dans une surenchère endiablée à droite. C’est à qui réclame de la façon la plus virulente de « rompre avec l’angélisme sur l’immigration » (Valls), de mettre « plus de flexibilité dans le marché du travail » (Delanoë), de « réhabiliter l’entreprise » et de favoriser à tout prix la compétitivité (tous !).

A la Fête de l’Humanité, devant un public plus rouge que celui des congrès socialistes, François Hollande, sans oublier les élections, a bien parlé de luttes, et d’unité : « Si on veut gagner les luttes – car il faut des luttes – et les élections – car il faut des élections-, ce sera tous ensemble. (…) Alors la première condition, si on veut être forts, utiles, c’est d’être unis, non pas sur un projet qui n’existe pas aujourd’hui mais pour mettre un coup d’arrêt à ce qui se passe. Voilà l’engagement que je suis venu prendre devant vous. Et on a besoin de toutes les formations de la gauche, y compris de la gauche de la gauche. » Mais sur les régimes spéciaux, par exemple, point d’engagements. Olivier Besancenot lui demandant si oui ou non toute la gauche se retrouverait pour prendre « une initiative pour dire : ne touchez pas aux régimes spéciaux parce que derrière c’est tout le système qui est visé », l’anguille socialiste a éludé en affirmant qu’ « uniquement débattre des régimes spéciaux de retraite serait tomber dans le piège que nous tend Sarkozy ». Et dans un effort pour doubler (en parole) tous les autres y compris Besancenot sur la gauche, de citer en vrac… tous les autres sujets sur lesquels il conviendrait en effet d’organiser la riposte à l’offensive antipopulaire du gouvernement et du patronat, histoire sans doute de faire oublier que sur les régimes spéciaux son parti ne critique pas Sarkozy sur son objectif, mais sur sa « méthode » (comme la plupart des centrales syndicales d’ailleurs) !

Marie-George Buffet quant à elle n’a jamais perdu de vue dans les débats de la fête le fond du fond de son désir d’unité avec le PS : unissons la gauche dès le premier tour des futures municipales, que la droite tremble un peu, et surtout que le PS ne nous pique pas nos dernières mairies !

A voir pareil attelage, la riposte unitaire de la gauche va-t-elle vraiment faire trembler Sarkozy ?

… et celle des travailleurs

Pourtant le monde du travail, lui, a assurément besoin de se rassembler pour se défendre contre les réformes annoncées. Mais pour cela il a avant tout besoin d’objectifs et de revendications capables d’unifier ses luttes. Sur les retraites par exemple, alors que la tactique du gouvernement consiste à combattre les prétendus privilégiés des régimes spéciaux, et isoler cheminots, gaziers ou autres marins, avant de réformer en 2008 les retraites de tous les salariés, du privé comme du public, en faisant passer la durée de cotisation à 41, puis 42, 43 ans… Or comment défendre les retraites de tous contre cette nouvelle dégradation, si ce n’est en se défendant tous ensemble, y compris avec les fonctionnaires « en régime spécial », pour le retour à 37,5 ans de cotisation pour tous ? Et comment défendre les retraites, sinon en combattant aussi les licenciements, la précarisation, la généralisation des bas salaires (et les cadeaux au patronat !), qui vident les caisses de retraite et de sécurité sociale ?

Qui dira vraiment cela, en dehors des révolutionnaires ? Cela rend d’autant plus urgent qu’ils affirment ensemble leurs idées et s’adressent d’une seule voix en même temps qu’aux partis, syndicats ou associations à tous les militants qui veulent organiser, et mener à bon port, les luttes à venir.

Bernard RUDELLI

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