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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 123, décembre 2018

« Nouvelle AP-HP », mais vieille politique d’économies

8 décembre 2018 Convergences Entreprises

À l’AP-HP (Assistance Publique, Hôpitaux de Paris), il y avait autrefois les hôpitaux qui prenaient en charge les patients. A partir de 2009, ces établissements ont été regroupés en 12 groupes hospitaliers. Désormais, la « nouvelle AP-HP » va se mettre en place : le regroupement de plusieurs groupes hospitaliers entre eux. Ainsi, le groupement AP-HP 5 regroupera le groupe hospitalier Paris Centre avec le groupe hospitalier Paris Ouest et celui de Necker-Enfants malades, mastodonte finalisé le 31 décembre 2019.

Devant les inquiétudes du personnel, la direction se veut rassurante. Un dépliant a été envoyé à chaque membre du personnel. La nouvelle AP-HP, ce ne serait pas pour démanteler l’AP-HP, pas pour l’affaiblir, pas pour moins de missions, pas pour faire plus d’économies, etc. Mais alors pour quoi ?

Une « nouvelle APHP », pour quoi faire ?

Un des objectifs de la direction est de faire des économies, en particulier sur la masse salariale, qui représente 70 % des dépenses à l’AP-HP. Les comptes de l’AP-HP, d’après elle, resteront dans le rouge en 2019. La seule solution, dit-elle : « le retour à l’équilibre financier passera principalement par une stricte « maîtrise des charges de personnel », qui n’augmenteront pas jusqu’en 2023 ».

Cette « maîtrise » s’est déjà traduite cette année 2018 par la suppression nette de 405 postes en équivalents temps plein (ETP). En 2019, elle entraînera une diminution de 779 ETP des effectifs non médicaux, dont 240 ETP dans les services de soins, sans compter les économies prévues « grâce à une réduction de l’intérim ». Cette suppression de postes s’accompagne d’un quasi blocage des salaires depuis des années comme dans toutes les fonctions publiques.

Supprimer des postes… et augmenter l’activité !

Il s’agit de développer l’activité (sans embaucher), surtout en ce qui concerne la prise en charge des patients en hôpitaux de jour et en « ambulatoire ». C’est la même politique dans tous les hôpitaux. Ainsi, en France, depuis 2013, 13 600 lits d’hospitalisation complète ont été fermés tandis que 3 500 places en hospitalisation partielle ont été créées dans le même temps. On ferme des lits... et en cas de canicule ou d’épidémie, ce sera la catastrophe !

La transformation de l’AP-HP sur la période 2019-2023 devrait lui permettre de générer 725 millions d’euros d’efficience, joli mot pour parler d’économies sans le dire. Sur ces 725 millions, 48 % se feront par une réduction des « charges » dont 75 % sur les dépenses de personnel.

Le jargon du management industriel est à l’honneur : « stabilité de la masse salariale », « économies », « équilibre financier »… Comme si la santé était une entreprise....

Un air de déjà vu....

On avait goûté à la même politique avec les premières créations de groupes hospitaliers depuis 2009. Dans de nombreux hôpitaux, des services ont été regroupés, que ce soient des services prenant en charge directement les patients ou des services de logistique... Ces regroupements de service sont affublés du joli nom de mutualisations pour éviter de dire suppressions de postes. Ainsi, il y avait auparavant quatre hôpitaux qui prenaient en charge les greffes de foie. Il n’y en a plus que trois : le service de l’hôpital Henri Mondor ayant été fermé et ses activités transférées sur l’hôpital Paul Brousse.

Moins d’emplois, mais plus d’emplois précaires

La direction avait fait des promesses aux syndicats de lutter contre la précarité. Or le nombre de salariés en CDD représenterait 10 % des effectifs et certains sont là depuis des années. Cette promesse avait été faite pour tenter de faire passer la suppression des jours de RTT quand des milliers d’hospitaliers étaient en grève et dans la rue pour revendiquer leur maintien.

Le temps pour les hospitaliers de l’AP-HP, s’annonce orageux dans les années qui viennent. Même chose d’ailleurs pour les patients à qui, à peine arrivés, on demande souvent d’envisager la sortie ! La colère sera bonne conseillère.

30 novembre 2018, Paul Galler

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