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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 111, février-mars 2017

Barcelone

« Nous voulons les accueillir ! »

Mis en ligne le 12 mars 2017 Convergences Monde

« Chez nous, c’est chez vous », « Assez d’excuses, nous voulons les accueillir, maintenant » : samedi 18 février, 160 000 manifestants selon la police, 500 000 selon les organisateurs, ont foulé les rues de Barcelone pour demander l’accueil des réfugiés et exiger que le gouvernement espagnol respecte les engagements qu’il avait pris auprès de l’Union Européenne. En 2015, en effet, le gouvernement de Mariano Rajoy (Parti populaire, droite), avait fini par accepter d’accueillir 17 000 candidats à l’asile de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan ou d’Érythrée. Deux ans plus tard, l’Espagne en a accueilli moins d’un millier, et dans des conditions plutôt précaires. La manifestation finissait symboliquement sur le port, pour rappeler qu’en 2016, plus de 5 000 migrants ont péri en Méditerranée en tentant de rejoindre les côtes européennes pour fuir la guerre ou la misère.

Dans une Union européenne qui n’en finit pas de dresser des barrières contre l’arrivée des migrants, l’Espagne est, avec la France, le pays qui a accepté d’en accueillir le moins... 1 000 migrants, à l’échelle du pays de 46 millions d’habitants qu’est l’Espagne, c’est comme... 2 places au stade de foot Camp Nou du Barça ! Les engagements de la France du ‘socialiste’ Hollande étaient tout aussi honteux – 20 000 pour un pays de 65 millions d’habitants, et encore en deux ans, et il faut voir dans quelles conditions misérables.

Le succès de l’initiative lancée il y a quelques mois par la plateforme Casa nostra casa vostra [Chez nous c’est chez vous, en catalan] est un encouragement pour celles et ceux qui refusent le sort réservé aux migrants en Europe et dans le monde. Il montre le soutien populaire dont bénéficient les associations de défense des réfugiés et des immigrés qui œuvrent depuis des années en Espagne pour la fermeture des CIE (Centres d’internement des étrangers, équivalent des centres de rétention français), contre les expulsions, ou contre les méthodes policières qui ont conduit à des drames comme celui de la plage de Tarajal en février 2014, quand 16 migrants étaient morts noyés sous les balles anti-émeutes et les gaz lacrymogènes de la police de Ceuta (l’enclave espagnole côtière au nord-est du Maroc).

Lancée en mai 2016, la campagne Casa nostra casa vostra n’en est pas à sa première initiative

Au début du mois, 4 500 supporters du Barça brandissaient un panneau bleu ciel au début de la rencontre Barça-Atlético Madrid, rappelant l’engagement unanime du Parlement catalan en mai 2016 d’accueillir 4 500 migrants en Catalogne... Un accord de papier, loin d’être mis en œuvre. Pour les organisateurs, la petite tache bleue au milieu de l’immense Camp Nou devait symboliser l’infime proportion du nombre de réfugiés à accueillir dans une Catalogne riche de 7,5 millions d’habitants. Samedi 11 février, le Palau Sant Jordi, le stade olympique de Barcelone, faisait également salle comble pour un concert de soutien aux réfugiés où se sont retrouvés les artistes têtes d’affiches Joan Manuel Serrat, Lluis Llach, Paco Ibañez, Fermin Muguruza et une soixantaine d’autres formations (orchestres, castellers...).

Dans la foulée, quelques personnalités politiques ont également pris parti pour l’accueil des réfugiés, à l’image d’Ada Colau, maire de Barcelone (en coalition avec Podemos) et activiste du droit au logement, ou de la députée catalane de la CUP (indépendantistes radicaux) Gabriela Serra.

Fin 2015, le conseil municipal de Barcelone avait lancé un réseau de municipalités pro-migrants et fait déclarer la capitale catalane « ville refuge », en renforçant les services existants d’accueil des migrants, et en destinant 10,5 millions d’euros de l’excédent du budget 2015 aux associations d’aide aux réfugiés.

Même si les déclarations de Ada Colau ou de Gabriela Serra visent aussi à se démarquer à bon compte du gouvernement de Madrid ou de l’aile dite conservatrice des indépendantistes dont fait partie le Président de la Generalitat, dans la période actuelle de montée des nationalismes et de repli sur soi, les manifestations de solidarité comme celle de Barcelone sont une bouffée d’air frais et un exemple que l’on aimerait voir se multiplier partout et surtout suivi d’effets.

24 février 2017, Sabine BELTRAND

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