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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 122, novembre 2018

SNCF Gare d’Austerlitz à Paris

Non à la fermeture des guichets. Des trains et des humains pour les usagers

13 novembre 2018 Convergences Entreprises

11 octobre : jour d’ouverture à la réservation des billets pour la période des vacances de fin d’année. Normalement une journée de forte affluence en gare d’Austerlitz, où les voyageurs prennent leur mal en patience dans une file d’attente pleine à craquer et où les quelques vendeurs tentent de faire leur travail au mieux malgré le manque d’effectifs et les réductions d’horaires des guichets.

Mais pas cette année, car la grève décidée par les vendeurs du secteur est massive. Tous les guichets et toutes les boutiques sont fermés pour la journée, à l’exception d’une seule. Les grévistes profitent de l’espace de vente désert pour y tenir une assemblée générale, discuter de la mobilisation à construire, commencer à s’organiser.

Les raisons de la colère ?

L’annonce par la direction, quelques jours plus tôt, au cours d’une réunion des délégués du personnel, d’un véritable plan social : fermeture des huit boutiques rattachées à la gare d’Austerlitz et de la plupart des guichets de la gare ; au total, au moins 80 postes menacés à l’horizon 2020.

Chacun est prié de faire son CV et de se débrouiller pour retrouver un poste. Mais où ? Car les suppressions de postes sont massives et aucune gare n’est épargnée. Situation abjecte, surtout pour certains vendeurs qui ont déjà dû changer de poste ces dernières années à cause de fermetures de guichets ou de boutiques, décidées par la direction. Pire encore, beaucoup de ces postes sont tenus par des cheminotes, certaines élevant seules des enfants. La fermeture des boutiques signifierait la disparition de rares postes en horaires de journée, compatibles avec une vie de famille.

Secondes victimes de ces fermetures : les usagers

À Austerlitz, certains viennent de loin pour acheter leurs billets car la direction de la SNCF a déjà fermé une grosse partie des guichets en banlieue. On ne dénombre plus aujourd’hui que 31 points de vente pour toute l’Île-de-France (dix millions d’habitants). Ils sont pourtant nécessaires pour beaucoup, une partie de la population n’ayant pas accès à Internet ou ne maîtrisant pas suffisamment le français pour utiliser les Bornes Libre Service. Sans compter que certaines tarifications ne peuvent se faire qu’aux guichets, le paiement par Chèque-Vacances par exemple. Encore une fois, ce sont les plus vulnérables qui sont voués à payer le plus cher la casse d’un service public.

Voilà pourquoi les vendeurs d’Austerlitz étaient nombreux en grève ce 11 octobre

Nombreux aussi à interpeller leur direction locale. Une cinquantaine d’agents, dont quelques militants syndicaux d’autres services, et deux membres d’associations d’usagers venus les soutenir, ont pu s’exprimer face à ceux qui mettent en œuvre ce plan social. Aucune réponse sérieuse n’a été apportée de la part de ces dirigeants zélés, peu habitués à voir leur routine de casseurs de l’emploi perturbée. Cette fois-ci, les lignes supprimées dans les tableaux de la direction avaient un visage, et une voix ! Une belle démonstration de force et de solidarité pour ces cheminots souvent isolés au quotidien, chacun derrière son guichet, chacun dans sa boutique. Tous ont pris conscience que les seules garanties qu’ils pourront obtenir en termes de maintien de l’emploi sont celles qu’ils arracheront collectivement.

Avertissement avec suites

L’assemblée générale qui s’est tenue dans la foulée a permis de discuter des suites de cette journée d’action : rédaction d’une pétition à destination des usagers (depuis l’annonce des suppressions de postes, bon nombre d’entre eux ont témoigné leur soutien, en particulier dans les boutiques où ils ont leurs habitudes) et prochaine journée de grève le 6 novembre, jour d’ouverture à la réservation des billets pour les vacances d’hiver. L’idée est de faire du 6 novembre une journée de mobilisation dans plusieurs gares touchées par ces suppressions de postes. Un peu partout sur le territoire, les réactions existent parmi les usagers et les cheminots, même si elles sont éparses. Tout ne sera pas simple mais cette première journée de mobilisation très réussie dans un secteur de la SNCF, qui ne fait pas partie des plus combatifs traditionnellement, a permis de dégager des perspectives, de recréer des liens de solidarité entre cheminots.

31 octobre 2018, Lucien Astier

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