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Nettoyage : les sous-traitants de la SNCF en grève pour leurs emplois à Marseille et Aix-en-Provence

18 février 2022 Article Entreprises

On les repère à leurs gilets bleus « SNCF propreté ». À y regarder de plus près, un petit écusson précise sur les chasubles : « Laser pour SNCF ». Laser, c’est l’entreprise qui les emploie en ce moment, mais ils en ont vu passer des employeurs, entre chaque appel d’offre, tous les cinq ans. Un acquis inscrit dans l’annexe 7 de la convention collective du nettoyage, qui prévoit que les travailleurs baladés de sous-traitant en sous-traitant soient tout de même systématiquement repris par le nouvel employeur, avec leur ancienneté.

Depuis mercredi dernier, les trente-et-un agents du nettoyage de la gare Saint-Charles à Marseille se relayent sur le piquet de grève au milieu du quai A. Dans la gare, les poubelles débordent de déchets en tout genre. « D’habitude on est invisibles, mais depuis qu’on a arrêté de travailler, ça se voit ! » Ce n’est pas contre Laser qu’ils sont en colère, mais contre la SNCF.

En effet, à la gare d’Aix TGV, le marché du nettoyage vient d’être renouvelé, et attribué, par la SNCF, à une association d’insertion. Or, l’association n’étant pas rattachée à la Fédération des entreprises de la propreté, elle n’est pas tenue de se soumettre à la convention et son annexe 7. Résultat : une douzaine de salariés, en CDI et CDD, vont rester sur le carreau. « Il y a des collègues qui travaillaient là-bas depuis plus de vingt ans. Et là quoi ? On va leur proposer d’aller travailler à Montpellier, et s’ils ne veulent pas abandonner leur vie, leur famille à Aix, c’est la porte ? » « La SNCF, ils sont contents qu’on ait leur logo sur le dos quand il s’agit de renseigner les voyageurs à longueur de journée, mais quand il s’agit de respecter leurs engagements sur nos emplois, ils sont-où ? »

La crainte des salariés, c’est aussi bien sûr que ce contournement de la convention se généralise, car les entreprises y trouveraient bien leur compte : « nous aussi on est entrés au smic, mais on a gravi des échelons avec le temps. Tu imagines les économies sur la masse salariale ? » Alors, à la gare Saint-Charles, ils ont pris les devants. Le prochain appel d’offres ne devrait avoir lieu que dans quatre ans, mais ils exigent des garanties : « on demande juste le maintien de nos emplois ! » Le délégué de la CAT Nettoyage, syndicat auquel sont affiliés l’ensemble des grévistes, fait le lien avec la réforme ferroviaire de 2018, qui se traduit par une offensive de la SNCF pour tirer les coûts vers le bas, à tous les niveaux.

Ce mercredi 16 février, les agents du nettoyage de la gare d’Aix TGV sont entrés aussi dans la bagarre. « On ne devrait pas avoir le droit de jouer comme ça avec notre vie », assure l’une d’entre eux après l’assemblée générale. Quelques voyageurs s’arrêtent pour glisser un mot de soutien. Des cheminots aussi, qui font le parallèle avec la situation qui les attend avec l’ouverture à la concurrence du transport régional de voyageur.

La stratégie de l’extension de la grève semble avoir porté ses fruits : voilà que la direction de la SNCF est sortie de son mutisme et vient de promettre une table ronde… Jeudi matin, les salariés ont suspendu leur mouvement, mais restent sur le qui-vive, prêts à se remettre en grève à tout moment.

Le 17 février 2022, correspondants

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