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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 17, septembre-octobre 2001

Nettoyage SNCF : De l’importance de l’organisation des grévistes eux-mêmes

Mis en ligne le 22 septembre 2001 Convergences Entreprises

Il aura fallu 38 jours de grève pour que CHALLANCIN et la SNCF décident, début juillet 2001, de céder face aux nettoyeurs des 24 gares parisiennes de la ligne C. Ceux-ci ont gagné entre autres le retrait des licenciements de quatre délégués, la requalification à durée indéterminée de dix contrats, un taux horaire de base du chantier augmenté de plus de trois francs et une prime de reprise de 4000 F. Et aussi plus de respect.

Il aura fallu ne pas se laisser impressionner par un tribunal qui déclare la grève non licite en s’appuyant sur les déclarations des patrons affirmant faussement avoir réglé les revendications. Il aura fallu que peu après l’Inspection du Travail fasse le constat de contrats bidons ou des infractions de CHALLANCIN qui, par exemple, ne fait pas passer les visites médicales obligatoires. Il aura fallu que les grévistes fassent une ultime pression sur la SNCF, le véritable patron, en occupant les locaux d’une direction régionale à Montparnasse.

Mais il aura surtout fallu une volonté et une détermination de tous les instants pour s’opposer aux provocations des patrons qui organisaient des tentatives de nettoyage avec parfois la présence, voire l’appui de la police.

Heureusement une bonne partie de ces travailleurs avaient déjà l’expérience de grèves précédentes et d’une organisation en comité de grève dont ils ont fait profiter ceux qui sont arrivés plus récemment sur le chantier.

Ainsi, dès le démarrage de la grève, ils ont élu parmi eux ceux qui ont pratiquement organisé la grève sous le contrôle de l’Assemblée Générale quotidienne des grévistes. Le comité était composé de ceux qui avaient la confiance de tous les grévistes. Présents quasiment 24h/24 pour assurer les activités de la grève, préparer des actions en directions des cheminots, participer à la rédaction et à la distribution des tracts, organiser des équipes de surveillance, préparer et intervenir face à la direction et face à la SNCF, les membres du comité de grève ont pu, en s’appuyant sur l’ensemble des grévistes dont ils avaient la confiance parce qu’ils étaient sous leur contrôle, faire échec aux mauvais coups de la SNCF et CHALLANCIN. Chaque gréviste avait en permanence la possibilité de comprendre et maîtriser la situation pour décider en connaissance de cause. Que le patron envoie une équipe de nettoyage et cela déclenchait une intervention rapide des grévistes alertés, de jour comme de nuit. Faire une intervention lors de réunions du comité d’entreprise SNCF pour interpeller la direction, par exemple, devenait possible avec une préparation et des comptes rendus systématiques pour ceux qui ne pouvaient être présents.

C’est aussi ce qui a permis de trancher entre les syndicats lorsque ces derniers se sont affrontés ou certains ont tenté de représenter les grévistes ou d’organiser des actions sans leur accord. Bien des grévistes ne se sont pas laissés entraîner dans les polémiques, qui naissent si souvent au cours des grèves longues.

La grève reconduite chaque jour, pendant 38 jours, reposait sur cette détermination et cette organisation. C’est ce qu’ont dû affronter CHALLANCIN et la SNCF sans pouvoir diviser les travailleurs.

1er septembre 2001, Bertrand LEPAGE

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