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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 114, septembre-octobre 2017

Mobilisation des enseignants lors d’une rentrée impossible

Mis en ligne le 5 octobre 2017 Convergences Politique

Au moment où Emmanuel Macron voudrait supprimer encore 120 000 postes de fonctionnaires, dans bien des écoles, collèges ou lycées, la rentrée 2017 est déjà impossible. Dans les écoles, les « classes de CP à 12 » promises par le Président sont un mythe. Contre des conditions de rentrée inacceptables, les enseignants ont réagi par la grève et autres mobilisations un peu partout : en Région parisienne, dans le Nord, le Calvados, à Bordeaux, à Marseille, dans la banlieue lyonnaise ou encore à Grenoble.

Manques de moyens et de personnel

La situation est encore aggravée cette année par la suppression de milliers de « contrats aidés ». Et l’augmentation du nombre d’élèves, sans augmentation des moyens, empêche les établissements scolaires de fonctionner, tant du point de vue du matériel (capacité des locaux, salles de classes, conditions d’hygiène et de sécurité) que de l’encadrement : classes surchargées, manque d’enseignants, suppressions de postes de vie scolaire (assistants d’éducation, CPE…), de personnels de cantine ou d’entretien, d’agents administratifs, etc.

Dans la région parisienne, deux lycées, celui de la Plaine Saint-Denis (inauguré pourtant par la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse) et le lycée Joliot-Curie de Nanterre, étaient carrément au chômage technique dès la rentrée à cause de travaux dans les bâtiments, pas de téléphone, pas de réseau informatique, pas de clés de salle, etc. Ailleurs les conflits se multiplient contre les chefs d’établissement devenus de véritables contremaîtres. Les enseignants du lycée Suger de Saint-Denis (93), par exemple, se mobilisent contre la mutation arbitraire d’un de leurs collègues à l’autre bout de l’académie, de fait pour sanctionner le rôle qu’il avait joué dans les luttes de l’an passé.

Avec un baby-boom dont le pic devrait être atteint dans les années 2020, les établissements ont à absorber cette année, à l’échelle nationale, 30 500 élèves de plus, après les 48 500 élèves supplémentaires accueillis en 2016. Mais rien n’a été prévu pour y faire face, ni par le ministère, ni par les régions. Au lycée Jean Zay d’Aulnay-sous-Bois (93), alors que la capacité d’accueil est de 1 320 élèves, ils sont aujourd’hui 1 450 : une augmentation de 24 % en trois ans ; au même moment les effectifs des agents techniques ont diminué de 30 %. Le personnel chargé de la cantine ne peut plus tenir et les arrêts maladie se multiplient. Autre exemple : le lycée Voltaire de Paris a été conçu pour 1 200 élèves, il en contient aujourd’hui 1 800 (dont 500 de plus, en quatre ans !).

Pour la seule région Île-de-France, Agnès Evren, vice-présidente (LR) du Conseil régional avoue elle-même : « Si on ne fait rien, il manquera 10 700 places d’ici à 2022, sans parler de l’enjeu patrimonial, puisqu’un lycée sur trois est vétuste ».

Les établissements mobilisés tentent de se coordonner

Une petite coordination des établissements mobilisés a été mise sur pied dans la région parisienne, à l’initiative des collègues en lutte déjà l’année dernière pour la sauvegarde de l’éducation prioritaire (autour du collectif Touche pas à ma ZEP). Elle met en relation aujourd’hui des établissements de Seine-Saint-Denis (ceux du Bourget, de la Courneuve, du Blanc-Mesnil, de Stains, de Saint-Denis, de Villepinte, d’Aulnay-sous-Bois, de Pantin ou de Bobigny), avec d’autres du Val-d’Oise (Sarcelles notamment), des Hauts-de-Seine (Nanterre ou Colombes), du Val-de-Marne (Champigny) et de Paris. Mais d’autres sont aussi mobilisés dans le 91 à Corbeil, ou la Seine-et-Marne (Chelles ou Mitry-Mory).

Un rassemblement devant le ministère a été organisé le 6 septembre, regroupant plus de 150 personnes, enseignants, parents d’élèves, lycéens, de huit établissements différents. Le lendemain, quatre établissements (de Sarcelles, de Stains, du Blanc-Mesnil et d’Aulnay) se sont retrouvés devant le siège de la Région, à Paris, pour réclamer des moyens et du personnel technique, afin de garantir que les élèves puissent… manger. Aux cris de « On ne remplit pas les têtes sans remplir les assiettes ! », « Blanquer [1] de veau, Macron fumé ! ». Ils ont finalement été reçus. Cyniques, les représentants de la Région ont voulu leur faire avaler qu’ils étaient en fait « sur-dotés », les agents étant recrutés non pas au nombre d’élèves mais à la superficie des établissements… laquelle reste la même malgré le nombre croissant d’élèves !

Bien des agents techniques se sentent menacés par les représailles et les méthodes mafieuses de leurs employeurs de la Région ou des chefs d’établissement, ce qui n’a pas empêché une partie d’entre eux de se mettre en grève aux côtés de leurs collègues enseignants (au lycée Gustave Eiffel de Gagny par exemple ou à Stains en Seine-Saint-Denis). Mardi 12, jour de la manifestation nationale contre les ordonnances Macron, les enseignants mobilisés se sont retrouvés à plusieurs centaines en grève et dans un cortège qui a regroupé des délégations de dizaines d’établissements à la manifestation parisienne. Rebelote le 21 septembre.

Les responsables de la Région n’ont plus osé parler de sureffectifs et ont attribué des agents contractuels dans les établissements les plus mobilisés. Le rectorat de Créteil a concédé des postes de conseillers d’éducation à certains établissements et certains contrats aidés ont été renouvelés jusqu’à septembre prochain. Mais la lutte continue et le nombre d’établissements mobilisés qui se coordonnent ne cesse d’augmenter : ce que veulent les enseignants et les agents, ce sont des embauches en emplois fixes (postes de titulaires). Les rendez-vous de manifestations ne manqueront pas dans les jours qui viennent. Avec le soutien des parents d’élèves.

24 septembre 2017, Leo BASERLI


[1Nouveau ministre de l’Éducation nationale

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