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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 44, mars-avril 2006 > DOSSIER : L’immigration, cible des démagogues

DOSSIER : L’immigration, cible des démagogues

Mensonges et réalités

Mis en ligne le 11 mars 2006 Convergences Politique

Les mensonges des politiciens concernant l’immigration sont monnaie courante, et pas seulement à l’extrême droite. Quelques chiffres, notamment ceux de l’Insee (Institut national des statistiques) permettent de rétablir la vérité.

  • 150 000. C’est le nombre d’immigrés qui entrent chaque année en France. À comparer avec les 450 000 en Espagne et 650 000 en Allemagne. La France est loin d’être un pays d’immigration massive.
  • 2,4. C’est le nombre d’enfants par femme immigrée. Un chiffre qui ne correspond pas au cliché sur les familles nombreuses, d’autant qu’il baisse rapidement.
  • 25%. C’est le taux de chômage des immigrés originaires du Maghreb ou d’Afrique noire. Soit 2,5 fois plus que dans le reste de la population.
  • 5,3%. C’est le pourcentage d’immigrés en CDD dans le privé, soit 1,5 fois plus que dans le reste de la population.
  • 8,5%. C’est le pourcentage d’immigrés qui subissent le temps partiel imposé. Presque 2 fois plus que dans le reste de la population.
  • 27%. C’est le pourcentage de pauvres parmi les immigrés originaires du Maghreb ou d’Afrique noire. Soit 4,5 fois plus que dans le reste de la population.

Plus touchés par le chômage, plus précaires, plus pauvres, les immigrés sont relativement plus nombreux à bénéficier de prestations sociales comme l’APL ou les allocations familiales. Mais les immigrés vont moins souvent voir le médecin. Et, parce que beaucoup rentrent au pays, parce que leur espérance de vie est plus faible, ils bénéficient beaucoup moins de la retraite. Finalement, après « redistribution », c’est-à-dire versement des cotisations pour les plus démunis, paiement des impôts pour les plus aisés, l’écart des revenus disponibles entre immigrés et non-immigrés reste de 20 %.

Les raisons de ces écarts

Même à niveau d’études égal, l’écart entre les salaires des immigrés et des Français est en moyenne de 10 %. Une discrimination qui subsiste d’ailleurs pour la « deuxième génération ». Scandaleux et inacceptable, bien sûr. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Si l’on compare les revenus des ouvriers immigrés aux revenus des autres ouvriers, l’écart n’est plus que de 3 %. C’est donc avant tout leur condition sociale qui explique le sort qui leur est réservé : 78 % des immigrés sont ouvriers ou employés, contre 54 % des natifs.

Sans-papiers : la pire condition pour l’immigré

Les travailleurs clandestins sont devenus aujourd’hui indispensables à certains secteurs comme le bâtiment, l’agriculture ou la restauration. La menace d’une dénonciation à la préfecture, l’absence de la protection minimale offerte par le droit du travail permettent souvent aux patrons de les exploiter à outrance. Les salaires sont bas, les conditions élémentaires de sécurité ne sont pas respectées, et il arrive souvent que, à la fin d’un chantier, les ouvriers ne soient tout simplement pas payés. C’est pour entretenir la peur que tous les gouvernements, de gauche comme de droite, remplissent les charters. Pas réellement pour expulser tous les clandestins, leur exploitation est bien trop lucrative.

L’immigration : à double tranchant pour le patronat

Le fossé de préjugés racistes ou xénophobes tend à isoler les travailleurs immigrés. Ils ne viennent pourtant pas « manger le pain des français », de plus en plus souvent même ce sont eux qui le fabriquent ! Les ouvriers que les trusts de l’automobile sont allés chercher en Afrique dans les années 1960 ont tenu les postes les plus durs, subi en avant-première les augmentations de cadence et la flexibilité. Comme remerciement, ils ont été les premières victimes des licenciements massifs qui durent depuis 25 ans dans l’industrie.

L’immigration n’est pas un problème pour la bourgeoisie. Il ne devrait pas plus en être un pour le mouvement ouvrier. C’est en combattant le racisme et les discriminations au travail, en luttant pour la régularisation de tous les sans-papiers, que le mouvement ouvrier peut obtenir le précieux renfort des nombreux travailleurs immigrés. Et il a tout à y gagner.

Raphaël PRESTON

Sources :

Les immigrés en France, Insee références, Édition 2005

Mobilité intergénérationnelle et persistance des inégalités, Ined document de travail 130, 2005.

Des conditions de vie difficiles et beaucoup plus précaires, Le Monde, supplément économie du 15 Novembre 2005.

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