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DOSSIER : Congrès de fondation du NPA : Parti révolutionnaire ou parti de la gauche de la gauche ?

Lutte ouvrière face au NPA : rejet et tentations

Mis en ligne le 10 janvier 2009 Convergences Politique

Le congrès de Lutte ouvrière qui s’est tenu en décembre 2008 a conclu à propos de l’entreprise NPA de la LCR (et à l’unanimité, la Fraction l’Étincelle ayant été préalablement exclue) : « Ce qui est sûr, c’est que nous n’avons rien à faire dans un tel projet. » La conclusion est nette et sans bavure, les arguments qui l’amènent plus sinueux.

Faux parce que pas trotskyste !

Le premier d’entre eux, souligne que « la démarche de la LCR ne consiste pas à essayer de se renforcer en tant qu’organisation se réclamant du communisme révolutionnaire. Elle annonce qu’elle veut attirer au sein de ce NPA potentiel, sur un programme encore indéterminé, la nébuleuse des associatifs, des syndicalistes plus ou moins critiques par rapport à leurs confédérations, des écologistes de tous genres, etc. » LO invoque également des choix et prises de position passées de l’organisation cousine : la campagne en faveur de Pierre Juquin aux présidentielles de 1988 (dont effectivement la LCR se vante comme de prémisses à la construction du NPA), les références à Guevara plutôt qu’à Trotsky et Lénine d’Olivier Besancenot, un vieux dossier de Rouge de l’an 2000 contenant quelques perles contre les révolutionnaires russes de 1917. Certes.

Mais comment se pose le problème d’un parti aujourd’hui ? Comment le pose la LCR ? Comment des révolutionnaires communistes trotskystes et prolétariens pourraient-ils et devraient-ils le poser ? Là curieusement, davantage d’arguments qui iraient dans le sens d’une participation au processus… s’il s’agissait d’un franc PSU !

Juste si gauche de la gauche ?

La résolution du dernier congrès de Lutte ouvrière affirme qu’ « après tout, si la Ligue gagnait son pari, s’il se formait un regroupement de tous ceux qui contestent tel ou tel aspect de la société capitaliste à la gauche d’un Parti socialiste ouvertement au service de l’ordre capitaliste, à la manière de ce que le PSU a pu représenter pendant les années de la guerre d’Algérie et autour de 1968, cela serait plutôt positif pour la vie politique française » . Passons sur cet être mal défini d’un point de vue de classe que serait « la vie politique française » . Constatons que LO jugerait donc « positif » un genre de regroupement mi-révolutionnaire mi-réformiste, reprochant même à la LCR de ne pas se fixer un tel but ni d’avoir les moyens de l’atteindre ! Une contradiction mais une constante… Dès l’appel à la création du NPA, à l’été 2007, Arlette Laguiller déclarait au Journal du Dimanche  : « Si la direction de ce nouveau parti doit graviter autour de la LCR, ce sera non, on n’ira pas. Mais si un grand parti à la gauche de la gauche se fait, de façon ouverte, avec tous les camarades, pourquoi pas ? » .

Clarté politique ou gyrophare ?

Alors que reproche LO à la LCR au juste ? De chercher à rassembler dans un « fourre-tout », ou de ne pas en être capable ? Les deux, semble-t-il !

Pour montrer combien laxiste est le NPA sur ses adhésions, LO ironise sur ce jeune révolté mais peu politisé, cité par Alain Krivine, qui demande « c’est qui, ce Marx dont tout le monde parle ? » . La curiosité n’étant pas un vilain défaut, autant se réjouir que des jeunes posent de telles questions ! Rappelons que la démarche consistant à appeler à un parti plus large que l’une des petites organisations d’extrême gauche actuelles ne fut pas dans le passé le seul fait de la LCR. Sans remonter aux efforts de regroupement de LO dans l’immédiat après 68, LO a appelé encore à la « création d’un grand parti se plaçant résolument, et uniquement, sur le terrain de la défense politique des exploités » après le succès d’Arlette Laguiller à la présidentielle de 1995. Formule n’incluant volontairement pas les termes de « révolutionnaire », « communiste » ou « prolétarien »… ce qui ne voulait évidemment pas dire que les initiateurs du projet, loin de là, abandonnaient leur programme et perspectives.

Alors pourquoi aujourd’hui cette dévalorisation a priori de ceux que le NPA peut attirer, sous prétexte qu’ils ne seraient – au mépris de la réalité – que des réformistes endurcis, en mal d’une gauche plus présentable ?

Nous avons déjà dit notre conviction qu’il serait de la responsabilité de LO de prendre part à la démarche enclenchée par la LCR de construction d’un parti des travailleurs. Et ainsi d’influer sur son cours, plutôt que d’en rester à une attitude d’observateur et distributeur de bons ou mauvais points. Dans le contexte politique et social actuel, la situation est plus propice, la nécessité plus pressante pour les révolutionnaires d’appeler un monde du travail écœuré et révolté à créer un parti de défense inconditionnelle de ses intérêts.

Cousin, cousine… ou quelle cuisine ?

Plutôt que d’ironiser sur l’incapacité de la LCR à atteindre son but tout en lui présageant la fin sans gloire du PSU (comprenne qui pourra !), il serait effectivement indispensable que LO utilise son potentiel politique et militant à mener une politique en direction de la LCR, l’organisation politique la plus proche, à apporter ses convictions et ses expériences à la création commune d’un parti et à son implantation dans la classe ouvrière – ce qui ne signifie aucun reniement de programme et de priorités militantes. Le nouveau parti en question ne serait encore qu’un rassemblement de courants politiques organisés, comme le sera le futur NPA ? Eh oui. Comme LO fut capable de l’imaginer, quand elle s’est proposée d’en mettre elle-même un sur pied.

La LCR a, il est vrai, une attitude symétrique. La « Résolution générale sur la situation politique et sociale » proposée pour le congrès de fondation du NPA émet quelques jugements sur les alliés possibles : espoirs du côté de l’Alternative libertaire, des Collectifs unitaires anti-libéraux, des associations de chômeurs ou du Droit au logement, de ce qui reste du mouvement Altermon­dialiste, mais jugement sans appel pour LO : « Après avoir fait le choix de l’alliance avec le PS au 1 er tour des municipales, Lutte ouvrière persiste dans son refus de s’associer à la construction d’un nouveau parti anticapitaliste au nom de désaccords stratégiques. Cette organisation a fait le choix de poursuivre une politique d’auto construction ». Passons sur le fait que la LCR a fait des choix similaires d’alliance avec la gauche institutionnelle dans quelques villes au premier tour et les a érigés en principe (mais sans succès) partout pour le second tour… S’il s’agit d’avancer un programme pour organiser la riposte à la politique anti-ouvrière, sur qui d’autre compter sinon sur l’autre principale organisation d’extrême gauche, la plus implantée dans la classe ouvrière ?

La résolution du congrès de LO raille l’aspiration du milieu qui entoure la LCR (et l’entoure évidemment aussi, reconnaît-elle), à « l’ unité »… « une valeur d’autant plus porteuse que le niveau de conscience politique est bas » . Bien vite dit. Les aspirations à l’unité dans la classe ouvrière française des années 1934 et 1935, ou d’autres périodes de montée sociale, n’exprimaient certainement pas un niveau de conscience bas ! Pour la simple raison qu’aspirer à l’unité dans la lutte, c’est aspirer à quelque chose ! Comment ensuite les bureaucraties politiques et syndicales utilisent cette aspiration, pour quel front populaire anti-ouvrier, c’est une autre affaire.

Rappelons qu’il y a à peine 10 ans, en 1999, LO écrivait à la LCR : « Nous pouvons, en somme, nous comporter, sur le plan politique comme sur le plan matériel, comme deux fractions d’un même parti, même si la proclamation d’un parti communiste n’aurait pas grand sens sans l’apport d’une nouvelle génération de militants, venant du monde du travail et de la jeunesse, assez nombreuse pour que nous soyons capables d’investir de larges secteurs d’où nous sommes aujourd’hui absents. C’est cet apport qui pourrait transformer l’union de deux organisations de taille restreinte en un parti capable de peser réellement sur la vie politique » .

Comme nous ne suspectons pas LO de n’avoir répondu qu’à un besoin conjoncturel d’alliance électorale pour les européennes de 1999, nous posons à nouveau la question : qu’y aurait-il de changé, depuis dix ans, qui rende vain, a priori et avant tout inventaire militant, tout effort pour franchir une étape en direction d’un parti pour les travailleurs ? Quoi de changé si ce n’est un peu plus d’urgence face à la crise ?

Olivier BELIN

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