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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 14, mars-avril 2001

Lu - Danone : Riboud n’a pas encore gagné

Mis en ligne le 1er avril 2001 Convergences Entreprises

Annoncée dans le journal Le Monde, démentie dans la foulée, puis confirmée par Frank Riboud, le PDG de Danone lui-même, la nouvelle de la fermeture de dix sites dans la branche « biscuit », a été ressentie par les salariés du groupe comme un coup de massue inattendu. Non pas que les travailleurs aient cultivé des illusions sur ces Riboud, présentés comme des patrons respectant « une politique sociale » moins agressive que celle des autres sociétés. L’idée que les Riboud seraient des patrons « plus humains », préoccupés du sort des travailleurs est un bobard relayé par la presse qui ne passe pas auprès des salariés du groupe. La réalité, ici comme ailleurs, c’est l’exploitation, les bas salaires, les licenciements, la flexibilité, la précarité, les conditions de travail indignes.

Ce qui a le plus frappé les salariés de Danone, c’est le caractère soudain, brutal de la décision et son ampleur. Rien n’avait laissé supposer que Danone mettrait à l’ordre du jour un projet aussi désastreux pour la vie des milliers de salariés. Leur surprise était d’autant plus grande que la santé financière du groupe est florissante : celui-ci venait de réaliser un bénéfice net de 4,5 milliards de francs pour l’année 1999 qui, selon les chiffres disponibles à ce moment-là, serait dépassé en 2000.

Le moment de stupeur a très vite fait place à la colère et à la conscience de la nécessité de s’organiser pour contrer le projet de la direction. Des intersyndicales se sont formées dans toutes les usines Lu-Danone, et certaines se sont données comme objectif de coordonner aussi bien les initiatives locales que celles prises au niveau de l’ensemble du groupe.

La riposte

Dès le 18 janvier un bon millier d’ouvriers, d’employés, d’agents de maîtrise et des cadres, venus des sites de la région parisienne et des provinces, manifestaient devant le siège de Danone à Paris. Une semaine plus tard avec les autres travailleurs qui montraient massivement leur colère contre les projets du MEDEF, les Danone de Paris, Château-Thierry, Besançon, Bordeaux, Toulouse, etc. ont largement participé. Ce fut encore le cas lors de la journée du 1er février.

Le 15 février, à l’appel de l’intersyndicale LU, dans tous les sites des débrayages ont à nouveau eu lieu, suivis de rassemblements au cours desquels les salariés se sont fixés l’organisation d’une nouvelle manifestation, à Paris, devant le siège de Danone le 1er mars. Ce jour-là effectivement, une fois encore environ un millier de salariés des différentes usines et dépôts des biscuits LU, venus de tout le pays se sont retrouvés devant le siège du groupe Danone puis les Ministères du Travail et de l’Agriculture. Le 10 mars une nouvelle manifestation à Château-Thierry a rassemblé un bon millier de travailleurs de l’usine de la ville, accompagnés de leur famille, amis, voisins, auxquels s’étaient joints des dizaines d’autres venues de Ris-Orangis, de Vervins et de Jussy. Toutes ces actions se doublent d’un ralentissement certain de l’activité. Dans la seule usine de Ris-Orangis on enregistrait fin février une perte de cent trente tonnes de production – pour une moyenne de deux mille tonnes par mois. Et la proposition de la direction d’une prime d’incitation au travail de 400 F n’a obtenu que rires et sarcasmes.

L’épreuve de force décisive attend pourtant encore les LU, lorsque Riboud précisera le vrai contenu du plan social pour lequel il s’est contenté jusqu’à présent de préparer le terrain. Et ce qui comptera alors c’est la capacité d’y répondre, tous unis à l’échelle du groupe, en déjouant les manœuvres de division entre usines ou salariés que la direction ne manquera pas de tenter. C’est alors que l’on vérifiera que les relations nouées à l’échelle du pays, voire l’Europe, l’ont été assez solidement, pour organiser efficacement la riposte, et que le contrôle des travailleurs sur leur mouvement est réel afin d’empêcher tous les coups bas de ceux qui se disent aujourd’hui de leur côté.

Le 10 Mars 2001, Stéphane Julian

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