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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 138, avril 2021

Livreurs nantais en lutte

Mis en ligne le 3 mai 2021 Convergences Entreprises

Après avoir longtemps insisté pour rencontrer la mairie (mais surtout grâce à des pressions internes avec lesquelles les livreurs conscients ont su admirablement composer, car la majorité municipale n’est pas à l’aise), cette dernière s’est enfin décidée à rencontrer le 8 avril la délégation élue des « Livreurs nantais en lutte ». Mais l’espoir des livreurs et de la petite dizaine de femmes parmi eux, n’a été que de courte durée.

Les livreurs sont mobilisés contre l’exploitation par les plateformes, mais aussi contre l’arrêté municipal (en application depuis le 8 mars) aggravant terriblement la précarité de leur situation en interdisant l’accès des zones piétonnes aux scooters thermiques. Après l’application de cet arrêté sans aucune concertation, ni avec les restaurateurs ni les livreurs, les Livreurs nantais en lutte n’avaient pas de grandes attentes sur ces négociations. Néanmoins, le très mince espoir de rencontrer une mairie prête à discuter est vite retombé  : ont été envoyés, pour discuter avec les livreurs, MM. Thibaut Guiné et Baptiste Le Coz, deux serviteurs de l’autorité municipale sans aucun pouvoir de décision. Avaient-ils des propositions à faire aux livreurs dont le quotidien est devenu un calvaire  ? Non, absolument aucune. Alors même que la ville est sous couvre-feu à partir de 19 heures, la mairie n’a pas voulu céder sur la revendication d’ouverture d’un créneau horaire pour les livraisons entre 19 et 22 heures, qui permettrait aux livreurs de respirer un peu.

Une hypocrisie qui ne dupe pas les livreurs

Mais les livreurs ne sont pas dupes et ils et elles ont bien conscience de l’hypocrisie des arguments avancés par la mairie. Une question de sécurité  ? Les scooters électriques, pourtant beaucoup plus dangereux car on ne les entend pas, sont autorisés. Une question d’environnement  ? Les livreurs ont parfaitement conscience des enjeux écologiques. Pour nombre d’entre eux, migrants en France, leurs familles restées au pays sont d’ailleurs les premières touchées par les sécheresses, et en outre l’interdiction des scooters thermiques pour l’achat de scooters électriques neufs (dont la production est polluante) n’aura aucune conséquence sur ce fait-là. La mairie dite «  socialiste  » cherche seulement à s’acheter une vitrine écolo-bobo sur le dos des travailleurs les plus précaires n’ayant que ce revenu pour nourrir leur famille, opposant ainsi la lutte pour la défense de la vie sur Terre à celle de l’intérêt des travailleurs. Une honte sans nom. La mairie leur avait promis un retour rapide après étude de leurs revendications. Les deux courriers des livreurs sont restés jusqu’ici lettre morte.

La lutte continue et se durcit

Sans mauvaise surprise, les livreurs restent donc sur leur faim, mais ne se laissent pas abattre. Ils et elles ont su aussitôt trouver le soutien de pas moins de dix organisations politiques et syndicales (UCL, Féministes révolutionnaires Nantes, Solidaires 44, CGT 44, Nantes en Commun, Lutte ouvrière, NPA, Ensemble  !, La France insoumise Nantes, et la Scala) qui ont signé un communiqué le 12 avril pour affirmer leur soutien à la lutte des livreurs contre les plateformes, dénoncer l’arrêté municipal ainsi que l’attitude hypocrite de la mairie lors des pseudo-négociations du 8 avril. Le collectif des Livreurs nantais en lutte a tenu une conférence de presse le 15 avril et a invité ses soutiens à venir s’exprimer publiquement. La presse est venue nombreuse et l’événement a été une réussite.

Grâce à leurs soutiens, les Livreurs nantais en lutte espèrent pouvoir trouver les fonds pour attaquer juridiquement la légalité de l’arrêté municipal qui les empêche d’exercer leur travail alors qu’il n’y a eu aucune concertation préalable, ni délai de transition accordé  ; mais aussi attaquer les plateformes de livraison de repas pour travail dissimulé afin d’obtenir une salarisation de l’ensemble des coursiers sur le territoire français. En participant à des manifestations avec des travailleurs de ce pays, des liens et des solidarités se développent, comme pour le premier mai mais aussi des meetings politiques, leurs prises de parole mettent en lumière ces travailleurs invisibles. Les dernières condamnations des plateformes dans les tribunaux de différents pays d’Europe (Grande-Bretagne, Italie, Espagne, Pays-Bas…) leur donnent l’espoir de trouver justice pour leur condition.

Lors de deux dernières réunions du comité, les cartes de souscription pour les frais judiciaires ont été présentées : la liste a vite été remplie, avec les noms des militants de la lutte, les billets de cinq et dix euros se sont accumulés, le prix d’un jour de travail pour ces forçats de la livraison.

21 avril 2021 – correspondants

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