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Esclavage en Libye

Les responsabilités du gouvernement français

Visiblement agacé par certaines questions d’étudiants burkinabés lors de sa tournée africaine, Macron a lancé : « Ce ne sont pas des Français qui sont en train de faire les passeurs en Libye. Ce sont des Africains. » Certes, il ne manque pas sur place de profiteurs de la situation : des passeurs exploitent la détresse des migrants pour leur extorquer de l’argent ou pour faire commerce d’êtres humains – les images de réfugiés vendus aux enchères comme esclaves pour quelques centaines d’euros, diffusées sur CNN le 14 novembre, ont fait le tour du monde. Ces êtres sont immondes. Mais que dire alors de ceux qui tirent les ficelles ?

Car ces trafics d’esclaves se passent dans des camps tenus par des miliciens que les États européens, France en tête, financent pour empêcher les migrants de rejoindre l’Europe. Et cela continue, qu’on sache ! « Crime contre l’humanité » a dit Macron. Bien sûr. Mais les criminels ne sont-ils pas aussi les commanditaires ?

Les porte-flingue… et leurs parrains

Face à l’afflux de migrants depuis 2010, les pays européens se sont hérissés de centaines de kilomètres de barbelés. La France n’est pas en reste. Mais cela ne tarit pas le flot de ceux qui fuient la misère, la guerre, le plus souvent les deux. Ceux qui nous gouvernent n’envisagent pas un instant de mettre à disposition des migrants une toute petite partie des immenses richesses que recèlent nos pays : la France s’était contentée de promettre d’accueillir avant fin 2017 30 000 réfugiés (sur plusieurs millions) et n’en a accueilli que le dixième.

Faut-il rappeler que les flics de Calais avaient l’ordre d’empêcher qu’on donne de l’eau aux bébés ? Et que les habitants de la Vallée de la Roya près de Menton, qui ont aidé des mineurs isolés étrangers, sont traînés devant la justice ? Mais pourquoi les gouvernants européens seraient-ils pris de compassion pour les migrants alors qu’ils consacrent leur temps, chacun dans son pays, à pondre des lois pour jeter des familles entières dans le besoin ?

Ce que veulent les dirigeants européens, c’est dissuader les candidats à l’émigration. Pour cela, il faut que le parcours d’un migrant devienne un enfer pire que celui qu’il a quitté, pire que les enlèvements et les meurtres de Boko Haram au Nigeria, pire que les bombes et les gaz d’Assad en Syrie. Et, surtout, il faut que ça se sache. Pour que les autres renoncent à quitter leur misère pour ne pas plonger dans une horreur plus grande encore, aux mains de mafias qui, en Libye ou ailleurs, détroussent, rançonnent, violent, torturent, vendent, tuent.

L’enfer libyen : une situation prévisible

Depuis que, sous Sarkozy, les avions français ont bombardé la Libye et chassé Kadhafi, le pays est aux mains de milices qui terrorisent et rançonnent la population. Demander à la Libye qu’elle retienne les migrants revenait à confier de facto à ces milices la gestion des camps de rétention, des camps immondes régulièrement dénoncés dans la presse et héritiers des camps tout aussi immondes qui existaient déjà sous Kadhafi.

Les garde-côtes libyens, dont la brutalité n’a rien à envier à celle des miliciens, sont officiellement financés par l’Union européenne. Les militaires européens de l’opération Sophia leur signalent les embarcations de migrants. Ceux qui sont ainsi arraisonnés sont livrés aux mafias qui gèrent les camps. Les dirigeants européens ne peuvent pas ignorer comment s’y prennent les brutes sanguinaires qu’ils ont embauchées.

Il ne s’agit donc pas de simple complicité pour avoir fermé les yeux sur les basses œuvres de leurs sbires. Les gouvernants des pays riches d’Europe savaient comment ceux-ci allaient opérer et c’est la raison pour laquelle ils les ont choisis. Ils les ont lâchés sur les migrants africains comme on lâche les chiens. Des chiens à l’image du cynisme et de l’inhumanité de leurs maîtres.

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