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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 136, février 2021 > DOSSIER : G5 Sahel, les interminables guerres de la Françafrique

Les interminables guerres de la Françafrique

1er mars 2021 Convergences Monde

À la veille du sommet du G5 des 15 et 16 février à N’Djamena, le gouvernement laissait entendre que son objectif serait, en renforçant les troupes africaines de cette alliance, de réduire les effectifs des troupes françaises qui guerroient au Mali. La sanction est tombée : les unes ne prendront pas en partie le relais des autres. Macron a annoncé le maintien des 5 100 soldats de l’opération Barkhane. Le président du Tchad, Idriss Déby qui prend la présidence tournante du G5, a décidé d’envoyer 1 200 militaires tchadiens de plus dans la zone dite des « trois frontières » aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

Ce serait, nous dit-on, pour protéger la population du terrorisme, qui a fait encore la semaine dernière de nouvelles victimes, huit passagers abattus par un groupe armé qui avait intercepté leur bus près de la frontière du Burkina et du Niger. À moins qu’au contraire ce soit le pillage économique de l’Afrique, ainsi que toutes ces opérations militaires, aux multiples bavures (celles des troupes françaises, comme celles des armées nationales africaines), qui contribuent à fournir sans cesse de nouvelles recrues aux bandes armées, qu’elles soient djihadistes ou qu’elles recrutent sur des bases communautaires des jeunes délaissés pour qui elles sont, finalement, un gagne-pain.

Car le but premier de ces guerres sans fin de la France en Afrique (quatre bases militaires permanentes avec plus de 3 000 militaires auxquelles s’ajoutent les multiples opérations ciblées (en Côte d’Ivoire, en Centrafrique pour ne citer que des plus récentes en plus de l’actuelle Barkhane au Mali) n’est que le maintien des intérêts français dans la région, ainsi que le moyen de choisir et de soutenir les gouvernements que la France espère avoir à sa solde.

Un vieux chef de guerre impopulaire pour présider le G5

De ce point de vue, un petit portrait du nouveau président tchadien du G5 est éloquent. Il était lui-même, au début des années 1980, aux côtés d’Hissène Habré, dans un groupe armé rebelle au régime tchadien d’alors soutenu par la France. Mais il devint chef des armées officielles tchadiennes, lorsque son mentor Hissène Habré prit le pouvoir avec, à son tour, la bénédiction de Paris. Puis il renversa celui-ci en 1990 par un coup d’État militaire, encore soutenu par la France qui commençait à voir d’un mauvais œil Hissène Habré se détourner un peu pour chercher soutien auprès des USA. Un des beaux micmacs de la Françafrique. Mais la découverte, puis la mise en exploitation, du pétrole au Tchad au début des années 2000, s’il n’a pas profité au peuple tchadien, a permis au régime d’Idriss Déby de disposer de l’armée la plus nombreuse de la région. Ce qui lui vaut depuis quelques années d’avoir été élevé par la France au rang de premier gendarme régional.

C’est ainsi qu’Idriss Déby, au pouvoir donc depuis 30 ans, en est aujourd’hui à solliciter un sixième mandat pour l’élection présidentielle qui devrait se dérouler en avril prochain. Mal lui en prend peut-être. Samedi 13 février, deux jours avant le sommet, une nouvelle manifestation avait lieu, malgré son interdiction, dans les rues de N’Djamena « contre le 6e mandat ». Certes, celui qui apparaît comme la tête d’affiche de l’opposition au sixième mandat présidentiel de Déby, le chef des Transformateurs, Succès Masra, ancien cadre de la Banque africaine de développement, n’est qu’un politicien aux dents longues auquel la France elle-même pourrait se rallier demain. Mais c’est un profond mécontentement social qu’expriment ceux qui sont descendus dans la rue lors des récentes manifestations. Comme sont caractéristiques aussi de ce mécontentement social les grèves qui ont eu lieu en ce début d’année dans le secteur public, nouvel épisode de la grève contre les retards et salaires impayés qui avait paralysé pendant plusieurs mois les services publics il y a deux ans.

Mais même si on n’en est pas au soulèvement qu’avait valu à Bouteflika l’annonce de sa candidature à un cinquième mandat, un petit Hirak version tchadienne contre le sixième mandat d’Idriss Déby, c’est ce qu’on pourrait souhaiter de mieux au nouveau président du G5.

Que fait l’armée française en Afrique ? Pour quels intérêts ? Nous en donnons un tableau dans les articles suivants de ce dossier (tirés des exposés de la réunion publique par Zoom que nous avions organisée le dimanche 7 février dernier sur le sujet).

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