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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 68, mars-avril 2010

Editorial

Les étrangleurs

Mis en ligne le 11 avril 2010 Convergences Politique Économie

Partout dans le monde, la crise financière de l’automne 2008 a été le prétexte pour les patrons et les gouvernements à leur solde, au déferlement des vagues de licenciements, au serrage de vis sur les salaires, au pillage des caisses de l’État – qui s’accompagne, dans le public, des mêmes vagues de suppressions de postes et compression des salaires. Les centaines de milliards de dollars ou euros de prêts ou garanties aux banquiers et industriels pour couvrir leurs frasques financières ont creusé encore les déficits des États. Les découverts ont grossi, à commencer par ceux des grands États industriels – il est bien connu qu’on ne prête qu’aux riches ! Au vu des indicateurs statistiques, les dettes publiques dépassent parfois le PIB [1] national (114,6 % du PIB en Italie), ou l’approchent (83,2 % du PIB en France ; 73,1 % en Allemagne). Et les « services de la dette », ou intérêts versés aux organismes prêteurs, représentent des sommes faramineuses (en France, pas loin de 50 milliards d’euros par an soit, grosso modo, ce qui rentre en impôt sur le revenu, ou ce qui sort en budget de l’Éducation nationale). Rien de fondamentalement nouveau, mais une accentuation du phénomène et des organismes financiers qui spéculent désormais en bourse sur les titres de ces dettes – surtout celles d’États qui ne sont pas les plus endettés mais sont réputés les moins solvables, comme ceux de la Grèce, du Portugal ou de l’Espagne.

L’euro serait en péril, nous dit-on. Mais force est de reconnaître que la dramatisation autour du creusement des dettes publiques est savamment orchestrée pour, encore une fois et plus encore, faire payer aux classes populaires les frasques des possédants. D’où cette mise en scène de l’Eurogroupe, ou rencontre des seize chefs d’États de la zone euro à la fin mars, qui ont statué sur le sort d’une Grèce jugée trop dispendieuse. Et abouti au verdict, procureur du FMI à la rescousse, que les travailleurs grecs vivaient au dessus de leurs moyens ! Pensez donc, avec un salaire moyen de quelque 800 euros ! Avec des retraites prises à 65 ans alors qu’ils pourraient travailler jusqu’à 67 ans ! « Plan de sauvetage » donc, pour leur enfoncer un peu plus la tête sous l’eau. Le Portugal et l’Espagne, sont dans le même collimateur – du moins leurs classes populaires. Mais tous les travailleurs du monde aussi, à des degrés divers, même ceux du pays le plus riche, les USA. Les « coupes budgétaires » sont partout au programme. Contre les populations. Tandis que s’étalent les hausses de dividendes des grands trusts, les bonus et stock-options de leurs PDG, les jets privés de leurs ministres. Et, en Grèce, comme au Portugal et en Espagne – comme à la tête du FMI –, ce sont des socialistes, ou prétendus tels, qui trônent ! Et le démocrate Obama aux États-Unis. [Toutes ces attaques sont l’objet des articles du dossier de ce numéro sur la Grèce, le Portugal, l’Espagne et les États-Unis].

À gauche ou même à la gauche de la gauche, certains préconisent « un autre partage des richesses », sans pour autant oser envisager la révolution. Comme si le « partage » existait dans une société précisément basée sur son contraire, l’exploitation et l’accaparement. Certes, en fonction des luttes et résistances du monde du travail, le capital peut hésiter, reculer quelque peu. Aujourd’hui en tout cas, face à la crise et l’étranglement des classes populaires de la planète, il serait urgent que les travailleurs fassent bloc. Derrière un programme radical de sauvegarde de leur classe, d’expropriation des industriels et des banquiers, par une mobilisation générale qui ferait enfin passer le pouvoir d’État des mains des exploiteurs aux mains des travailleurs.

Le 4 avril 2010


[1Évaluation approximative de la richesse totale produite.

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