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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 116, décembre 2017

La ruée des trusts automobiles sur l’électrique

Les dévastations de la course au lithium, au cobalt et au nickel

Mis en ligne le 13 décembre 2017 Convergences Société

Vous avez aimé la ruée vers le pétrole ? Vous allez adorer la course au lithium, au cobalt et au nickel. Les différents scandales autour des émissions polluantes des véhicules à moteur thermique ont conduit à une augmentation des coûts des systèmes de dépollution. Dans le même temps, le début d’une production en masse de batteries adaptées aux véhicules automobiles électriques commence à en faire baisser le coût. Quand une source de profit menace de se tarir et qu’une autre peut jaillir, c’est l’effervescence parmi les trusts. Et avec une industrie qui produit aujourd’hui 100 millions de véhicules par an sur le globe, les conséquences de telles mutations peuvent avoir des répercussions générales.

Au programme de cette mutation : une potentielle réorganisation du système de production qui risque de se faire sur le dos du personnel ; c’est déjà ce qui menace certaines usines à l’occasion du retour des constructeurs français du diesel, qui était devenu majoritaire, vers l’essence. Mais de plus, le développement de l’électrique est l’occasion pour des constructeurs à l’image écologique bien ternie de se refaire la cerise à bon compte. Lisez les pubs : la Nissan « zéro émission » ; la Tesla « aucune émission, aucun compromis » ; Peugeot nous fait « rentrer dans un nouvel air » ; la nouvelle BMW « née électrique, donc “naturellement” intelligente ». Et Renault qui ose même « pour lutter contre la pollution, roulez en voiture ». Question de vendre sa Zoé !

Pourtant, même le bilan global des rejets de gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère n’est pour l’instant pas très favorable aux véhicules électriques. Contrairement aux véhicules thermiques, le véhicule électrique n’émet pas directement de CO2, mais sa fabrication nécessite deux fois plus de rejets de gaz carbonique qu’un véhicule « traditionnel ». Et bien sûr, produire l’électricité qui alimente ces véhicules, cela conduit à émettre du CO2 (même si, en France, la part du nucléaire réduit ces émissions… mais à quel prix ?).

Et surtout, il n’a pas fallu longtemps pour que les premiers scandales écologiques éclaboussent l’idylle naissante de l’automobile et de l’environnement. Les batteries automobiles étant pour la plupart des batteries lithium-ion, elles nécessitent l’extraction massive de minerais. L’extraction du lithium a déjà conduit à des pollutions importantes en Chine : en 2013 et en 2016, une région tibétaine a été empoisonnée par des rejets de produits toxiques, tuant des poissons de rivières contaminées et des animaux s’y abreuvant. Deux hommes du village proche de la mine ont été condamnés à deux et trois ans de prison pour avoir protesté lors du premier cas de pollution de 2013. Au Chili, c’est la destruction du Salar (désert de sel) d’Atacama que la population craint, du fait de l’exploitation du lithium et de la consommation d’eau qu’elle exige.

Car la Chine, le Chili et le Congo sont les nouveaux eldorados.

Cette soif de profit n’est pas seulement lourde de dangers pour l’environnement. Elle s’alimente avant tout de sang et de sueur. Et le véhicule « propre » fait fort dès son essor. Plusieurs constructeurs, dont Renault et Daimler, viennent de se faire épingler par Amnesty International : l’association leur reproche l’utilisation de batteries alimentées par du cobalt extrait par des enfants en République démocratique du Congo. La défense de ces entreprises qui ont fait respectivement 3,5 et 8,7 milliards d’euros de bénéfices en 2016 ? Renault dit se fournir auprès d’équipementiers qui sous-traitent eux-mêmes à d’autres entreprises qui… Et de promettre de s’impliquer dans une « plate-forme d’industriels pour des matières premières responsables ».

Pas de miracle technique, donc. Et ne discutons pas sur les mérites ou défauts de telle ou telle technologie, car tout dépend comment on l’emploie. Mais ce qui prime aujourd’hui est que chacun fait son petit pari sur les technologies du futur pour le profit et rien d’autre !

L’écologie est « à la mode ». Le respect de la nature est enseigné en France dès l’école maternelle, en prônant des comportements individuels vertueux. Comme c’est beau ! Les gosses du Congo sont à une autre école, sans fard : celle imposée par la course aux profits.

28 novembre 2017, Lucien MASSA

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