Les adversaires de l’IVG : les mouvements « provie » en France
Mis en ligne le 2 octobre 2008 Convergences Société
Les mouvements « provie » (ou pro-vie, sur le modèle des « pro-life » aux États-Unis), comme s’intitulent les militants anti-avortement, regroupent une myriade d’associations dont la plus connue est bien sûr la tristement célèbre « Laissez-les vivre ». Proches de l’extrême droite et des milieux catholiques les plus intégristes, ils partagent la même haine viscérale des femmes et de la sexualité en général puisqu’ils condamnent pêle-mêle avortement, contraception, homosexualité et de manière générale tout ce qui arrache l’humanité à ce qui leur semble un ordre « naturel » ou divin : sexualité non reproductrice, mais aussi euthanasie ou procréation médicalement assistée.
À partir du milieu des années 1980, leur mode d’action privilégié a été l’organisation d’actions commandos contre les centres d’interruption volontaire de grossesse dans lesquels ils débarquent, s’enchaînent parfois, et prennent à partie les femmes qui viennent avorter et le personnel médical. Depuis 1993 et la création d’un « délit d’entrave à l’IVG » ces actions violentes sont en perte de vitesse et ont même quasiment cessé. Mais l’activisme des provie n’a pas disparu pour autant.
Les successeurs de « Laissez-les vivre »
Repassés à l’action légale, ils interviennent en faisant de la propagande et du lobbying. Ils animent ainsi de nombreuses associations d’aide, d’accueil et d’information soi-disant sur l’IVG qui sont autant d’officines de propagande provie déguisées. Ils interviennent auprès des médecins pour les convaincre d’utiliser la « clause de conscience » pour refuser de pratiquer des avortements. Enfin, ils constituent des réseaux d’influence et de pressions efficaces par leurs liens nombreux et la sympathie dont ils bénéficient dans une bonne partie de la bourgeoisie et son personnel politique de droite.
Le bottin mondain des « provie »
On connaît bien sûr Christine Boutin, actuelle ministre du logement, catholique fervente, liée aux principales associations anti-IVG, fondatrice de la « marche pour la vie » et coprésidente dans les années 1980 du « Groupe d’études parlementaire pour favoriser l’accueil de la vie ». Hervé Gaymard, ancien ministre de l’économie du gouvernement Raffarin et député UMP, est le gendre du professeur Lejeune, fondateur de Laissez-les vivre, et est lui même adversaire déclaré de l’avortement. Mais la liste des mouvements provie et des personnalités qui leur ont à un moment ou à un autre apporté leur soutien est un vrai bottin mondain. On y trouve des députés et sénateurs de droite surtout mais aussi Bruno Durieux, ex ministre délégué à la santé du gouvernement Rocard, des PDG de grands groupes comme Rémy Montagne, fondateur du groupe Ampère, devenu Media Participation, premier groupe européen de la bande dessinée, décédé en 1991 et proche de la famille Michelin ou de Claude Bébéar (AXA). On y croise la famille Mulliez (Auchan), les laboratoires pharmaceutiques Pierre Fabre, des médecins, des chercheurs... Dans le comité d’honneur de « l’Association des amis du professeur Lejeune », on ne trouve pas moins de neuf membres de l’institut ou de l’académie de médecine, des archevêques bien sûr, des femmes et hommes politiques dont évidemment le Vicomte de Villiers, Christine Boutin mais aussi Jacques Chirac. Le but de l’association est de faire vivre la mémoire du professeur Jérôme Lejeune, généticien et découvreur de la trisomie 21... et inlassable lutteur contre l’avortement et l’euthanasie. Elle semble aujourd’hui se consacrer notamment au procès en béatification de son héros.
V. B.
sos-arnaque
Sos-ivg.com est un site dont on croise souvent la publicité sur internet. C’est elle qui s’affiche par exemple quand on tape le mot « avorter » dans Google, ou quand on consulte un contenu lié à l’avortement sur le site du quotidien Le Monde, grâce aux contrats publicitaires du moteur de recherche.
Sos-ivg.com se présente comme une association d’information pour aider les femmes confrontées à une grossesse non désirée. Le slogan est soft : « IVG : vous hésitez ? Parlez-en librement avec des femmes. Une écoute, des aides de bénévoles ». Le site internet propose un numéro d’écoute et affiche un discours neutre et plutôt rassurant. En cherchant un peu cependant, une petite phrase met la puce à l’oreille : sos-ivg propose « un accompagnement : soutien matériel, démarches administratives..... pour poursuivre votre grossesse dans la sérénité ».
Pour aller plus loin, il suffit de trouver le nom et le mail du dépositaire du nom de domaine (facile, c’est une information publique) et de retourner sur Google. Et là, tout devient plus clair. Ce responsable de sos-ivg.com est aussi animateur d’un groupe de « Jeunes Témoins de la Vie Humaine », association catholique qui met ouvertement la lutte contre le droit à l’IVG au premier rang de ses priorités.
Mots-clés : IVG