Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 8, mars-avril 2000 > DOSSIER : Croissance et mondialisation : des raisons pour une reprise de (...)

DOSSIER : Croissance et mondialisation : des raisons pour une reprise de l’offensive ouvrière

Le zèle du gouvernement Jospin

Mis en ligne le 1er avril 2000 Convergences Politique

Le gouvernement Jospin n’a certes pas inventé les nouvelles règles du capitalisme, mais il s’active de toutes ses forces à aider le capitalisme français à se « mondialiser ».

Premier privatiseur de France

A peine installé à Matignon, Jospin a annoncé la couleur en laissant Renault fermer son usine de Vilvorde. Puis il a gagné le titre de « premier privatiseur de France », décerné par Le Figaro. La déclaration commune PS-PC du 29 avril 1997 proposait pourtant « pour France Telecom, Thomson et Air France l’arrêt des privatisations ». Il n’y aura pas privatisation… mais « respiration du service public » et « ouverture du capital » : France Telecom, Thomson, le GAN, le CIC, les AGF, Air France, le Crédit Lyonnais… Au total plus d’argent encaissé que par Balladur et Juppé réunis, de 1993 à 1997.

Jospin prolonge la politique entamée en 1983 sous gouvernement socialiste, avec la déréglementation de la circulation des capitaux, la promotion de la Bourse, puis les privatisations afin de permettre aux trusts nationaux de mobiliser sur les marchés financiers d’énormes masses de capitaux, de se donner davantage de moyens d’investir, d’acheter d’autres groupes, de nouer des alliances internationales.

Le gouvernement actuel est allé plus loin en levant le « tabou » sur d’autres « services publics ». Cela ouvre la voie à la privatisation d’EDF-GDF voire à des segments rentables de la SNCF. Le marché de l’électricité a déjà été ouvert, en février 1999. Les plus gros clients pourront faire jouer la concurrence et en contrepartie EDF espère s’internationaliser et faire passer la part du chiffre d’affaires réalisé à l’étranger de 15 à 50 % d’ici 2003.

Sous perfusion étatique

Le gouvernement a aussi offert au patronat de 300 à 400 milliards de francs chaque année (sur un budget de l’Etat de 1600 milliards de F). Cadeaux fiscaux, réforme de la taxe professionnelle en 1999 (40 milliards de F), baisses ou exemptions de charges sociales, zones franches, commandes publiques plus ou moins surfacturées, subventions municipales, régionales, étatiques… Contribution spéciale du gouvernement Jospin : une centaine de milliards de francs d’aides, au titre de la loi Aubry, laquelle généralise la flexibilité et bien souvent le gel des salaires.

La pompe à carburant

La bourgeoisie n’en réclame pas moins des réformes de structure. Un journaliste du Monde s’en fait l’écho : « La France n’a pas de capital (…). Elle s’est dotée, en quinze ans, d’un moteur qui la rapproche du capitalisme anglo-saxon : une économie à marchés financiers. Mais elle a oublié d’installer chez elle les pompes à carburant, les machines à fabriquer du capital. »(Erik Izraelewicz, « Le Capitalisme zinzin »).

Le gouvernement veut donc mettre à la disposition de la bourgeoisie une part plus importante de l’épargne et des retraites des travailleurs pour les utiliser sur les marchés financiers. C’est l’objet des deux projets que Jospin vient de reporter : la « réforme des retraites » et « l’épargne salariale ». En relevant la durée des cotisations ou en remettant en cause le taux plein de la retraite, le gouvernement poussera les salariés à souscrire à une retraite par capitalisation. Des fonds de pension rebaptisés « fonds de réserve ». D’autre part, Bercy propose un « plan d’épargne entreprise à long terme »(PEELT), une rémunération non salariale bloquée sur 15 ans, ce qui en fait presque un fonds de pension.

De même que la gauche a privatisé pour « sauver les services publics », elle prétend ainsi créer des fonds de pension pour sauver les retraites, et développer l’actionnariat salarié (en fait au détriment des salaires) pour donner un « contre-pouvoir » aux salariés (François Hollande). Tout cela, paraît-il, contre le libéralisme sauvage ! C’est le charme de la gauche quand elle aide le capitalisme français à se faire les crocs et se tailler sa place sur l’arène internationale.

Bernard RUDELLI

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 8, mars-avril 2000