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Le souffle d’Octobre 17

Le souffle d’Octobre 17

Mis en ligne le 7 novembre 2017 Convergences Politique

Que le monde de la bourgeoisie, de droite ou de gauche, ne commémore pas Octobre 1917, et ressasse qu’il se serait agi d’un vulgaire putsch, n’a rien d’étonnant. Cette prise du pouvoir sonnait le glas de son règne sur la planète. C’était un basculement jamais vu, le passage de tout le pouvoir entre les mains d’ouvriers, de paysans et de soldats, au terme d’une révolution sociale venue d’en bas, dans un vaste empire où les exploiteurs et oppresseurs avaient imposé des conditions de vie féroces, encore aggravées par la guerre impérialiste mondiale. Pas de doute que le deuxième congrès panrusse des soviets qui décida d’assumer tout le pouvoir et « dégagea » définitivement le gouvernement provisoire, dans la nuit du 24 au 25 octobre 17 (ou début novembre selon le calendrier occidental), était un pouvoir de classe. Abolition de la propriété foncière, contrôle ouvrier, paix immédiate sans annexions, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes y compris jusqu’à la séparation... De grands décrets et une multitude de plus petits mais non moins révolutionnaires, sur les conditions de travail, sur l’éducation retirée aux popes, sur l’égalité des sexes... qui seront sanctionnés quelques mois plus tard, en 1918, dans une « Déclaration des droits du peuple travailleur et exploité ».

De cette révolution allait sortir une chose inédite : une « Union des républiques socialistes soviétiques », un État qui pour la première fois dans l’Histoire ne renvoyait à aucune entité territoriale, à aucun intérêt national : un État ni « russe » ni « ukrainien », et ajouterions-nous aujourd’hui, ni... « catalan », ni non plus république « française » à la Mélenchon. Une union de républiques « soviétiques », par référence à ce nouveau pouvoir de classe qui s’était imposé d’en bas, et qui prenait pour hymne L’Internationale, programme de la classe ouvrière mondiale. Le nouveau pouvoir et les bolcheviks qui en étaient les principaux accoucheurs allaient consacrer d’immenses efforts, dans des conditions extrêmement difficiles, pour étendre leur révolution, en rompant avec l’Internationale socialiste qui avait conduit les peuples à la guerre et en jetant les bases d’une nouvelle Internationale communiste : face à la globalisation impérialiste, la globalisation prolétarienne !

Ce qu’il en est advenu est une autre histoire. L’isolement de la révolution russe n’a pas conduit à sa mort mais à sa bureaucratisation et à son étouffement dont Staline a assumé la conduite, à partir de la fin des années 1920, ce qui passait par la liquidation physique de toute une génération de révolutionnaires. Grands procès. Totalitarisme. Goulag. Ce qui n’a pas empêché la belle entente contre-révolutionnaire entre Staline et les grands – pas bégueules – du monde occidental, Roosevelt, Churchill et le plus petit de Gaulle, pour éviter que la seconde guerre mondiale ne tourne à nouveau à la révolution. Mais le stalinisme n’était pas la continuation du bolchevisme, il en était la négation.

Nous avons choisi, dans ce numéro, de commémorer le centenaire d’Octobre 1917 par une présentation – non exhaustive – d’ouvrages, publiés ou republiés récemment, qui célèbrent la portée de l’événement, la prouesse passée des prolétaires. Et militent à leur façon pour sa réédition.

Car les prolétaires ne sont pas loin de représenter aujourd’hui les 99 % de la planète. Ils sont largement plus cultivés que ceux de la Russie tsariste, ont la conscience et la rage d’être exploités et opprimés, mais pas la conviction qu’ils pourraient imposer leur pouvoir et un autre ordre. Pourquoi pas, pourtant ? Et pour mieux comprendre l’acharnement de la bourgeoisie mondiale à cracher encore son venin (à droite) ou son fiel (à gauche) contre Octobre 17, on peut tenter de visualiser un peu. D’imaginer situation similaire en France par exemple. On peut imaginer une grève générale massive et quasi-insurrectionnelle que patrons et gouvernement n’auraient pas réussi à endiguer malgré les appels à la reprise des directions syndicales. Imaginer une floraison de comités ou soviets d’usines, de bureaux, de chantiers, de quartiers et banlieues, dans le pays entier. On peut les imaginer très organisés et en armes. Imaginer leur fédération dans un congrès qui aurait investi le palais Bourbon (débaptisé !), faisant fuir leurs locataires habituels, et où désormais siégerait la foule bigarrée et multicolore d’hommes et femmes délégués des prolétaires mobilisés. On peut imaginer les premiers grands décrets de ce nouveau pouvoir...

Pareils spectres continuent à hanter le monde. Si les puissants et leurs soutiens ne commémorent pas Octobre 17, c’est probablement que quelque part, ils en ont encore le souffle coupé.

Michelle VERDIER

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Numéro 115, novembre 2017