Le canon Fraternité, de Jean-Pierre Chabrol
Gallimard, 1970, 864 p.
Mis en ligne le 18 mars 2021 Culture
On entre dans Belleville au milieu du mois d’août 1870 à bord d’une carriole de paysans qui fuient leur ferme devant l’arrivée des casques à pointe prussiens. On en repart à la fin du mois de mai – ou au début du mois de juin, tout se mélange –, en cachette, pour échapper aux baïonnettes de Versailles. Entre les deux, on suit à la trace le jeune Florent et les habitants de l’impasse du Guet, concentré du Paris révolutionnaire.
Rédigé au jour le jour, on vit à hauteur d’homme – et de femme – tous les évènements qui s’enchaînent et leurs effets sur la conscience des Parisiens. On croise Ranvier et Flourens, les héros de Belleville, Vallès et Frankel… On suit les bronziers, les fondeurs, les menuisiers, les imprimeurs qui constituent le prolétariat de la capitale. On suit les femmes dans les files d’attente aux portes des magasins vides et dans l’ambiance bouillante des clubs politiques. Et on se laisse emporter par les enfants de Belleville, qui collectent pièce par pièce les petits sous de bronze grâce auxquels ils couleront le canon Fraternité dont le bruit, plus que le feu, suscite la confiance des uns et le trouble des autres. Un vrai roman politique qui fait une histoire totale de la Commune de Paris.
Mots-clés : Commune de 1871 | Livre