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Le Covid et la crise sanitaire en Russie

20 octobre 2021 Article Monde

Il y a quelques jours, Poutine appelait ses députés au secours : « Vous savez que dans de nombreuses régions il y a en ce moment une hausse de l’épidémie. Je vous demande de participer activement à ce travail, d’en parler dans les médias. Les gens vous font confiance et écoutent vos conseils et recommandations. » Avec cette assemblée nouvellement élue par moins de la moitié des électeurs et remplie majoritairement de godillots du régime (fraude électorale et empêchement de se présenter pour certains opposants aidant) [1], les gens ne doivent pas faire plus confiance à ces députés qu’à Poutine lui-même. Mais soit.

D’où viennent l’inquiétude et l’appel à l’aide du président ?

La Russie a atteint ces derniers jours des chiffres records : 33 208 personnes contaminées le 15 octobre, 34 303 le lendemain, 7 992 687 depuis le début de la pandémie. Quant au nombre de décès, le gouvernement l’évalue à 223 312 (chiffre du 16 octobre), une fourchette basse puisque que l’institut étatique des statistiques, Rosstat, avance plutôt le chiffre de 400 000 morts.

Les zones les plus frappées sont : Moscou, avec 6 740 cas de contamination et 70 décès pour la journée du 16 octobre (et 1 719 414 de contaminations depuis le début de la pandémie), suivi de près par la ville de Saint-Pétersbourg, et, en ce qui concerne les régions, celle de Moscou, suivie de celles de Samara et de Nijni-Novgorod dans la vallée de la Volga.

Il faut dire qu’en Russie, un tiers seulement de la population a reçu au moins une dose du vaccin « Spoutnik » (contre 70 % aux USA ou 76 % en France) et que dans ce pays c’est le variant « Delta » qui domine.

Pour l’Académie des sciences, le nombre de décès est lié au fait que les personnes contaminées s’adressent tardivement aux médecins, mais aussi au fait que le virus n’a pas été suffisamment étudié. Mais si en Russie une bonne partie de la population a une certaine méfiance vis-à-vis du système de santé, c’est bien que les moyens ne sont pas au rendez-vous. En 1960, la part réservée à la santé dans le PIB de l’URSS était de 1,6 %, contre 1,3 % aux USA ; aujourd’hui, elle représente en Russie 3,8 % du PIB contre 16,8 % aux USA. Certes, le nombre de médecins est passé en Russie même de 468 900 en 1975 à plus de 565 000 en 2019, mais il n’y a plus gratuité des soins (même si, avec la corruption dans les années 1970, il était parfois bon de verser une enveloppe ou rendre un service pour être bien soigné). Quant au nombre de lits d’hôpitaux disponibles pour 10 000 habitants, il a chuté de 137,4 en 1990 à 79,9 en 2018. Et l’État ne prend aucune mesure centralement pour contribuer à améliorer la situation d’une façon ou d’une autre, business oblige. Seules certaines régions ont commencé à introduire l’exigence de la vaccination et à limiter le travail dans les lieux de restauration collective et dans les institutions récréatives et culturelles.

La situation de la Russie d’aujourd’hui et celle du début du siècle dernier sont fort peu comparables, ne serait-ce que du point de vue des capacités économiques et du développement de la science. Mais tout de même, dans une situation bien plus difficile, avec une économie bien plus pauvre et en pleine guerre civile, dans l’URSS de la révolution un décret de 1919 avait imposé la vaccination contre la variole, qui a fini par porter ses fruits, puisque dans les années 1930 cette maladie était éradiquée.

Dans la Russie de Poutine, comme dans le reste du monde capitaliste, le nombre de milliardaires a augmenté : il est passé de 102 en 2020 à 123 en 2021 selon le magazine Forbes et le premier d’entre eux a vu sa fortune croître en un an de 12,3 milliards de dollars à 29,1. Mais pas d’argent pour le système de santé. On connait cette même chanson en Europe, aux USA ou ailleurs. Mais elle est poussée chez Poutine jusqu’à la caricature.

Pierre Mattei


[1Voir sur ces élections notre article « Élections législatives en Russie : devinez qui l’emporte… » du 21 septembre 2021.

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