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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 127, juin-juillet-août 2019 > Urgences hospitalières

Le 25 mai à Paris : les grévistes venus de toute la France s’organisent et se coordonnent

Le 25 mai, répondant à l’appel du collectif inter-urgences lancé dix jours plus tôt, 150 à 200 agents hospitaliers venus de toute la France, essentiellement des soignants, se sont réunis en une première coordination nationale à la Bourse du Travail de Paris pour organiser la mobilisation : faire l’état des lieux, établir les revendications, les dates de mobilisation et le rôle du collectif inter-urgences. Une trentaine de villes a pu ainsi être représentée, l’essentiel des participants venant des urgences en grève, quelques-uns de services pas encore rentrés dans la mobilisation mais déterminés à ce que cela le devienne. Des représentants d’organisations syndicales Sud, CGT et FO étaient également conviés et présents.

Partout, un constat : les urgences craquent

Place dans un premier temps à un état des lieux. Partout, le constat est le même : les urgences craquent. Les conditions d’accueil sont déplorables et dangereuses pour les patients comme pour les soignants. Si l’activité dans les services d’urgences a fortement augmenté, les effectifs stagnent, le turn-over dans les équipes explose. Les locaux sont devenus inadaptés et, fermeture de lits oblige, il est de plus en plus difficile de trouver un lit pour les patients ayant besoin d’une hospitalisation. Ces derniers peuvent se retrouver alors « hospitalisés » sur un brancard des heures voire des jours, s’entassant dans les services d’urgences.

Les témoignages de toutes les régions de France l’illustrent. À Aix-en-Provence, les locaux, prévus pour environs 90 passages par jour, en accueillent aujourd’hui 140 avec des pics à 200. Les box prévus pour accueillir un patient sont utilisés pour deux et les patients s’entassent dans les couloirs. À Angers, comme ailleurs, « on joue à tétris » pour faire tenir tout le monde. Lors d’une journée particulièrement chargée, les couloirs du service saturés de brancards ne suffisaient plus, des couloirs plus lointains ont dû être utilisés, les patients étant laissés sans surveillance.

Une insécurité ressentie et exprimée par les patients eux-mêmes. Partout la situation est catastrophique et des drames, des morts évitables surviennent. Quelques situations révoltantes ont été médiatisées par la presse : la partie émergée d’un iceberg qui ne cesse de grossir, le gouvernement et la ministre de la Santé continuant sans sourciller leur politique de casse du service public de santé et de son accès pour tous.

L’heure est à l’organisation… et à l’extension

Mais l’heure n’est pas aux lamentations. La colère est là et s’exprime. Il s’agit de la structurer.

L’assemblée décide de revendications communes pour contribuer à donner au mouvement sa dimension nationale : augmentation des effectifs dans les services d’urgences et stagiairisation des contrats précaires, arrêt des fermetures de lits et création de lits d’aval pour stopper les « hospitalisation brancard », arrêt des fermetures de service d’urgences et de lignes de SMUR, et augmentation du salaire mensuel de 300 euros net. Longtemps présent dans le discours des grévistes au début du mouvement, l’argument de la spécificité des urgences pour réclamer une prime s’est transformé en une revendication salariale plus générale.

Ces revendications ouvrent donc la porte à une extension du mouvement à d’autres services que les seules urgences. Une possibilité qu’il reste à exploiter.

Une manifestation nationale en direction du ministère de la Santé a été décidée pour le 6 juin. Le pari est de continuer à construire la mobilisation et d’augmenter le rapport de forces face à un gouvernement qui fait la sourde oreille.

Une coordination à élargir et structurer

La volonté de créer une « véritable coordination nationale des services d’urgences en grève » s’est aussi concrétisée par le vote du principe d’un « comité national de grève », reprenant à l’échelle nationale l’exemple de l’organisation de la grève des urgences d’Angers. Ce comité serait constitué de huit représentants du collectif et huit suppléants (de la région parisienne mais aussi de province) ainsi que d’un représentant et de son suppléant pour chaque organisation syndicale (CGT, Sud, FO). Il serait mandaté pour négocier avec le ministère. De quoi défriser quelque peu les directions syndicales habituées à mener les négociations dans leur coin avec les directions hospitalières ; et de quoi encourager les grévistes à organiser aussi, à la base et de manière coordonnée, des comités qui leur permettraient de diriger leur lutte et de la contrôler de façon démocratique. 

Aldino Battaglia et Lisa Hagen


Les grévistes des urgences d’Angers racontent

En grève depuis le 2 mai, les grévistes ont décidé d’élire un « comité de grève » dès leur première assemblée générale afin d’organiser la lutte, composé de huit grévistes (paramédicaux et administratifs) et de deux représentants de chaque organisation syndicale impliquée dans le mouvement (FO, CGT et Sud). Première action avec l’opération self gratuit. Il n’aura fallu que dix minutes pour que la direction décide de fermer le self, empêchant les collègues d’aller manger. Mardi 21 mai, les grévistes, après avoir déployé une banderole géante depuis le pont du tramway situé en face de l’hôpital, ont bloqué ce dernier pendant une heure et demie avant de se faire déloger par la police.

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