Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 115, novembre 2017 > DOSSIER : Catalogne

DOSSIER : Catalogne

La répression qui touche la Catalogne n’est pas une exception

Mis en ligne le 7 novembre 2017 Convergences Monde

Il n’y a pas qu’avec les Catalans que l’État espagnol a la main lourde. Ces dernières années, les nombreux mouvements de contestation dans la foulée du mouvement des Indignés de 2011 ont fait face à une répression croissante. Au-delà des charges policières devenues la norme à la fin de chaque manifestation, on a vu des condamnations spectaculaires contre des manifestants : quatre ans de prison pour le jeune madrilène Alfon, accusé par la police de posséder du matériel explosif lors de la grève générale du 14 novembre 2012.

L’État espagnol a mis en place un véritable arsenal juridique avec la loi dite « du bâillon » adoptée en 2015, qui renforce les pouvoirs des policiers, transforme un certain nombre de « fautes » en « délits » et relève le montant des amendes, introduisant même des amendes de 600 à 30 000 euros pour les infractions graves, comme le refus de dissoudre une manifestation, la participation à une manifestation non autorisée, le fait d’empêcher une expulsion locative, etc. Dans un contexte de multiplication des grèves et des mobilisations sociales, il fallait étouffer la contestation sous les amendes et les balles de gomme.

Mais l’État espagnol ne réprime pas que les manifestations. Il y a certains sujets avec lesquels on ne rigole pas en Espagne. En 2016, deux marionnettistes ont été arrêtés et envoyés en préventive pour avoir fait apparaître dans leur spectacle une pancarte, qu’une marionnette de policier plaçait dans la main d’un autre personnage, où on pouvait lire « Gora alka-ETA » (vive Al Qa-ETA, en basque). Peu importe le contexte, la critique et le second degré, il n’en fallait pas moins pour les accuser « d’exaltation du terrorisme ». Quelques mois plus tard, une internaute était condamnée à un an de prison pour le même motif, pour 13 tweets publiés entre 2013 et 2016 osant moquer la mort de l’ancien président du gouvernement franquiste, l’amiral Carrero Blanco, qui fut assassiné de façon spectaculaire par l’ETA en 1973. En 2016, pendant une fête de village en Navarre, une bagarre dans un bar impliquant des jeunes proches de la gauche indépendantiste basque et deux policiers en civil a immédiatement été qualifiée d’acte terroriste. Les huit prévenus encourent 375 ans de prison au total.

Plus que les Catalans, ce sont les indépendantistes basques (déclarés ou assimilés) qui ont cristallisé une bonne partie de la répression ces dernières années, et ce même après l’arrêt définitif de la lutte armée par l’ETA en 2011. Des journaux ont été fermés (Egin en 1998, Euskaldunon Egunkaria en 2003), accusés d’association illégale avec l’ETA… avant que les membres accusés ne soient tous acquittés, plusieurs années plus tard. Le parti politique Batasuna a été interdit en 2003 et ses dirigeants poursuivis, comme Arnaldo Otegi, incarcéré plus tard pour tentative de reconstitution de groupe dissous. Aujourd’hui encore, après que l’ETA a rendu les armes, il y a, dans les prisons espagnoles et françaises principalement, 314 prisonniers pour des faits liés au mouvement séparatiste basque. L’État espagnol mène toujours une politique de dispersion vis-à-vis de ces prisonniers : selon l’association de familles Etxerat, 69,3 % des prisonniers sont incarcérés entre 600 et 1 100 kilomètres du Pays basque, 21,8 % entre 400 et 590 kilomètres.

S.B.

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article