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CHU Nantes

La lutte des femmes, toujours d’actualité
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8 Mars 2021

La lutte des femmes, toujours d’actualité

Ces dernières semaines, des centaines de témoignages ont afflué sur les réseaux sociaux pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles subies par les étudiantes de Sciences Po. Un ancien étudiant mis en examen pour viol à Toulouse, des manifestations aux quatre coins de la France, une multitude de témoignages sous le hashtag #SciencesPorcs et la démission du directeur de Sciences Po Paris, une vague de colère qui déferle contre cette institution du pouvoir. La parole des femmes continue de se libérer, tant mieux ! Si essentielles et si méprisées, ce 8 mars une occasion de faire entendre nos colères et nos revendications.

En première ligne face à la pandémie

Les statistiques des secteurs mobilisés dans la lutte contre la pandémie sont sans équivoque, les femmes sont en première ligne. En France, 91 % des aides-soignants et 87 % des infirmiers sont des femmes, et dans le monde, 70 % des travailleurs de la santé sont des travailleuses. Les femmes ont été parmi les « premiers de cordée » pendant le confinement du printemps dernier à assurer un ensemble de tâches nécessaires au bon fonctionnement de la société : 73 % des agents d’entretiens, 90 % des caissiers, 97 % des travailleurs de l’aide à domicile et de l’aide-ménagère et 93 % des AESH (accompagnant d’élèves en situation de handicap) sont des femmes. La « guerre » contre le virus a donc ses « héroïnes », mais aussi ses martyrs : toutes ces travailleuses mortes du Covid 19, comme cette caissière travaillant à Carrefour en Seine-St-Denis décédée l’an dernier ou cette AESH morte du virus en octobre, obligée de continuer à travailler bien que porteuse d’une maladie auto-immune la rendant cas à risque. Pour d’autres, c’est le licenciement et la misère au bout du chemin. Les secteurs durement impactés comme le tourisme, la restauration, l’économie informelle sont des secteurs majoritairement féminins et sacrifiés. Drôle de manière pour le gouvernement et les grandes entreprises de récompenser leurs « héros ».

Exploitées et opprimées

Toutefois, la pandémie agit comme un révélateur : les femmes sont les grandes perdantes du système capitaliste. Pourquoi les femmes sont-elles les moins bien payées ? occupent-elles les moins bons postes ? sont-elles assignées aux tâches domestiques ? Pourquoi tuées parce que simplement femmes ? Pour les capitalistes, les femmes sont une main-d’œuvre jugée plus docile, et moins chère, c’est-à-dire surexploitée. Elles sont bien souvent contraintes aux temps partiels et à la précarité. En moyenne, elles sont toujours payées 25 % de moins que les hommes, et leurs pensions sont de 40 % inférieures. Encouragée par la culture du viol, le machisme et l’emprise patriarcale, cette société fait connaître en moyenne à une femme sur quatre le harcèlement sexuel au travail, et 100 % d’entre elles subissent le harcèlement de rue. Et qui a eu surtout la charge des enfants dans les périodes sans école, quand la cantine y était fermée ?

Luttons pour nos droits

Le 8 mars n’est pas la « Journée de la femme » mais la « Journée internationale des luttes des femmes ». C’est en 1910 que des militantes de l’Internationale décidèrent d’organiser chaque année au mois de mars une journée pour défendre les droits et les revendications des femmes. Et c’est en 1920 que cette journée fut fixée au 8 mars, en rappel au 8 mars 1917, où les ouvrières de Petrograd organisèrent une manifestation pour la paix et le retour des soldats face à la barbarie de la Grande guerre, mais aussi pour le pain menacé par la vie chère. Parce que les acquis des luttes, et les droits peuvent être constamment remis en cause par les gouvernements successifs, le combat reste d’une cruelle actualité un siècle après. La mobilisation de toutes et de tous pour défendre l’égalité et de nouveaux droits est nécessaire, le 8 mars et au-delà, car elle fait partie d’un mouvement d’ensemble pour une société plus juste et égalitaire, débarrassé du capitalisme et du patriarcat.


En route vers 2021, victoire des Argentines

Il y a à peine quelques mois, les Argentines clôturaient l’année victorieuses après une lutte massive de longue haleine, réussissant à imposer à leur gouvernement le droit à l’avortement. Si la légalisation de l’IVG était une promesse de campagne de l’actuel Président argentin, la victoire n’a été obtenue que parce que des centaines de milliers d’Argentines et d’Argentins se sont battus pour l’obtenir. Sans cette lutte et sous la pression de l’Eglise, aucune loi n’aurait été votée en ce sens, ou bien sous tellement de conditions que la mise en place de l’IVG en aurait été largement limitée. En manifestant devant le Sénat pendant les longues heures de débat ce 29 décembre, les Argentines ont montré qu’elles ne comptaient que sur leurs luttes pour imposer leur choix. Cette victoire en appelle d’autres, pour les droits des femmes à disposer de leur corps, pour la séparation de l’Église et de l’État, et contre toutes les mesures anti-ouvrières imposées par le gouvernement et le patronat. Espé-rons que cette victoire, au travers les nombreuses manifestations, mais également par quelques appels à la grève, pourrait également redonner force et confiance aux luttes des pays alentour.


« PIS, hors de nos chattes »

Début février en Pologne, après sa suspension en raison des manifestations massives de l’automne, le gouvernement entérinait l’interdiction d’avorter, sauf en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Depuis, chaque jour ou presque, les manifestants ont repris la rue avec un cri au cœur : « c’est la guerre ! ». Et ils auraient tort de désespérer : « Aujourd’hui l’Argentine, demain la Pologne ! », dit un autre slogan très scandé. Surtout que depuis le début des mobilisations début novembre, les revendications se sont largement étendues (droit de toutes et tous à la santé, à l’éducation, séparation de l’Eglise et de l’Etat, indépendance du Tribunal constitutionnel, démission du gouvernement). La lutte contre ces idées réactionnaires est rude mais déterminée : « C’est une révolution, le gouvernement ne semble pas le comprendre » disait l’une des organisatrices du mou-vement. Que le combat continue !


En première ligne des privations

Si l’année passée a été marquée pour tous par les restrictions de nos libertés de déplacement, couvre-feux ou confinements, ces privations ont d’abord affecté les femmes. Quand la cantine était fermée, c’est trop souvent sur elles que repose la charge des enfants dans les périodes sans école. Surtout, les statistiques pointent à quel point ces mesures ont vu une hausse considérable des violences faites aux femmes. Les signalements ont augmenté de 36 % au printemps 2020, puis de 60 % lors du deuxième confinement, par rapport à 2019. Des hausses similaires ont été enregistrées ailleurs comme en Es-pagne ou au Brésil.


Nous sommes tous Farida

On se souvient des images en juin dernier d’une infirmière menottée et traînée par les cheveux par des policiers avant d’être placée en garde à vue. Son crime ? Suspectée d’avoir lancé un caillou en direction des forces de l’ordre pendant une manifestation à Paris, qui réunissait des milliers de soi-gnants pour revendiquer les embauches et les moyens nécessaires au fonctionnement des hôpitaux. Après deux années de mobilisations et de grèves massives dans la santé, et des mois de combat sans armes contre le Covid, la manifestation était réprimée violemment. Pour un geste de colère pendant une charge policière, Farida risque trois ans de prison et 45 000 euros d’amende ! Un rassemblement était organisé lundi 22 février pour la soutenir à son procès. Leur violence sans égale, notre détermination non plus.

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